Le basket bleu au rebond ?

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Benoît CONTA , modifié à
Vice-championne d'Europe et qualifiée pour les prochains Jeux Olympiques, l'équipe de France vient de sortir le basket français de sa torpeur. Et si la Fédération avait manqué le coche en 2000, après la médaille d'argent olympique, elle compte bien cette fois sauter sur l'occasion. Etat des lieux.

Vice-championne d'Europe et qualifiée pour les prochains Jeux Olympiques, l'équipe de France vient de sortir le basket français de sa torpeur. Et si la Fédération avait manqué le coche en 2000, après la médaille d'argent olympique, elle compte bien cette fois sauter sur l'occasion. Etat des lieux. "Il ne faut pas que ça soit un one shot." A l'heure où l'équipe de France vient de signer sa plus belle performance depuis plus de dix ans, avec sa médaille d'argent européenne, le basket français aborde un virage décisif dans son développement. Un virage raté en 2000, après l'argent olympique de la génération Rigaudeau. Jean-Pierre Siutat, le nouveau président de la Fédération française (FFBB), est cette fois prêt à capitaliser sur cette réussite. "C'est une aubaine, explique le dirigeant. C'est une génération de jeunes. Je ne vois pas qui partirait pour une limite d'âge. Ça veut dire qu'on peut capitaliser avec eux sur quelques années". Et pour accompagner cette génération argentée, les échéances semblent alléchantes. "On est qualifié pour les JO, on a devant nous pratiquement un an pour préparer tout ça, en terme de marketing, de communication, de préparation, confie le patron de la FFBB. On est également qualifié pour l'Euro 2013. On veut organiser en France l'Euro 2015. On a une grande assurance sur au moins quatre ans." Entre chaque été, et ces compétitions qui attirent les regards, il y a cependant cet éloignement des stars - Parker, Noah, Diaw en tête - qui évoluent presque toutes à l'étranger, et notamment en NBA. La Pro A attend ses Arenas "On le sait, dans tous les pays c'est comme ça. Les Gasol ils ne jouent pas en Espagne, mais l'Espagne est un grand pays de basket, martèle Siutat. A nous d'être assez astucieux pour continuer à les faire s'investir, malgré leur éloignement. Moi j'ai discuté longuement avec Tony. Il est prêt à s'investir sur des projets fédéraux." Pour cette saison, le lock-out NBA viendra filer un coup de main aux communicants. "Nicolas Batum va jouer à Nancy, TP sera peut-être visible à Villeurbanne, Diaw à Bordeaux. Ça va contribuer à faire parler du basket, à entretenir ce qu'il s'est passé", sourit Vincent Collet. Reste que le produit "Pro A" semble encore en chantier. "On a un climat très favorable avec la Ligue nationale de basket (LNB) qui veut travailler avec nous pour développer le basket avec nous de façon différente, explique Siutat. Avec un lien avec tous les licenciés, tous nos « likers », les gens qui aiment le basket." Le tout en attendant l'inévitable problème des salles, le véritable talon d'Achille du sport français. "Ils font du bon boulot la Pro A, mais ils manquent de salles. On a besoin des Arenas qui vont arriver. Il faut préparer le produit pour quand elles seront là." En froid avec Canal+ ? Pour finir, il y a le chantier médiatique. Et impossible d'évoquer le sujet, sans parler du malaise qui peut régner entre la FFBB et Canal+. En cause, le refus de la Fédération de laisser les caméras de la chaîne cryptée filmer les coulisses de cet Euro. Des images que Benoît Dujardin, membre du club de Poitiers, a de son côté eu le droit de filmer, et diffuser. Une pilule difficile à avaler, selon Bertrand-Régis Louvet, du Parisien. "Si elle souhaitait s'attirer les foudres de son diffuseur historique, également seul bailleur de fond du basket professionnel de clubs via le contrat liant Canal+ à la Ligue Nationale de Basket, la FFBB ne s'y prendrait pas autrement", explique le journaliste sur son blog. De son côté, le président de la FFBB nie tout problème. "J'ai vu Cyril Linette il y a quelques jours, il n'y a aucun problème." Reste que pour le directeur des sports, le basket n'est peut-être plus une priorité. "Je cherche à faire du handball notre troisième sport collectif sur nos antennes", lâchait-il il y a un mois, sur le blog de BRL. Une concurrence avec le handball, placé sur une pente plus ascendante encore, que Siutat préfère déplacer. "S'il y a une concurrence déjà, c'est sur le nombre de gosses qu'il y a en France. Ce n'est pas illimité le nombre de gosses, et on préfère que les gosses viennent au basket plutôt qu'au hand." Une comparaison avec le handball qui revient également quand France Télévisions place le basket sur France 4, alors que Nikola Karabatic et sa bande ont les honneurs de France 2. A un horaire différent certes. Sans s'opposer aux cousins de la petite balle, Vincent Collet préfère de son côté s'en servir d'exemple. "Il faut perdurer dans les résultats, à l'image des handballeurs, confie le sélectionneur. Je crois que les Français, à partir du moment où les équipes dégagent quelque chose, ils sont prêts à s'enthousiasmer et à suivre. Ce qui intéresse les gens ce sont les valeurs dégagées par les équipes". Sur ce sujet, TP et sa bande ont réussi leur part du contrat.