Le Racing sans glissade

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SYLVAIN LABBE , modifié à
Par un froid polaire et sur une pelouse de Yves-du-Manoir rendue forcément difficile par les intempéries, le derby francilien a accouché d'une petite, mais précieuse victoire (15-13) des Racingmen sur leurs voisins du Stade Français. Si l'unique essai de la rencontre est l'oeuvre d'Ollie Phillips pour Paris, la botte de Wisniewski et Steyn, couplée à la puissance des Ciel et blanc leur offrent un retour sur le podium du Top 14.

Par un froid polaire et sur une pelouse de Yves-du-Manoir rendue forcément difficile par les intempéries, le derby francilien a accouché d'une petite, mais précieuse victoire (15-13) des Racingmen sur leurs voisins du Stade Français. Si l'unique essai de la rencontre est l'oeuvre d'Ollie Phillips pour Paris, la botte de Wisniewski et Steyn, couplée à la puissance des Ciel et blanc leur offrent un retour sur le podium du Top 14. Ils étaient venus, ils étaient tous là, ou presque. Invités par le président Jacky Lorenzetti, les grands anciens du Racing, les Champions de France 1959 et 1990, avaient été conviés dans les tribunes de Yves-du-Manoir, pour ce derby francilien. Les Moncla, Crauste, Marquesuzaa, Serrière, Blanc, Mesnel, et autre Lafond, sans doute ravis de cette attention, mais certainement pas comblés par cette purge jouée par un froid polaire et sous les flocons de la dernière averse neigeuse du matin... Comme la saison dernière (victoire 20-18), le Racing est resté souverain sur sa pelouse sur un tout petit score (15-13) et au terme d'une rencontre glacée, figée dans un rugby minimaliste et dépourvue de la moindre étincelle. "On ne pouvait pas gagner, je ne sais pas pourquoi, lâchait dépité Julien Dupuy après ce véritable pensum, qui s'il gratifie le Stade Français d'un bonus défensif, signe un troisième revers de rang pour les joueurs d'un Michel Cheika, qui annonçait une nouvelle évolution du jeu parisien... Elle attendra des jours meilleurs. On a commis pas mal de fautes en conquête, concédé quelques pénalités en mêlée. Ils n'ont pas été très dangereux, nous, non plus." Et de concéder dans un aveu contrit: "Ce ne pouvait pas être un beau match de rugby dans ces conditions-là." Leguizamon, d'un frigo à l'autre De retour de 80 jours au "frigo", Juan Manuel Leguizamon n'est d'ailleurs pas dépaysé dans ce stade Yves-du-Manoir aux allures de véritable glacière, même si l'encadrement technique du Racing a oeuvré jusqu'au coup d'envoi pour déblayer les dernières chutes de neige du matin. L'Argentin, exact sur son premier ballon aérien, mais chargé de manière illicite par Qovu, offre les trois premiers points à son demi de mêlée et buteur Julien Dupuy (0-0, 2e). Mais le Racing met en route, solide à l'impact, puissant, fidèle à ses convictions et ses intentions, pour imposer une domination territoriale que François Steyn concrétise à son tour (3-3, 16e). Le premier feu, forcément bienvenu dans cette atmosphère, est allumé par Ollie Phillips, dont la relance depuis ses propres 22 mètres libère Lionel Beauxis, mais n'est pas convertie par un Leguizamon sans doute affamé, surtout trop gourmand, qui gâche un trois contre un (20e). Mais si le Racing se commet en quelques gestes d'indiscipline, à l'instar de Benjamin Noirot, pénalisé au sol, le réalisme est pourtant bien l'apanage du Stade, qui par Dupuy reprend l'avantage (3-6, 24e), mais perd après Mathieu Bastareaud (voir par ailleurs), forfait de dernière minute, Beauxis, victime d'une lésion musculaire aux ischio-jambiers (25e). La proie parisienne semble de plus en plus exposée. Mais le Racing peine à emballer son match et, après un échec notable de Steyn en-deçà de la ligne médiane, face à un vent, qui a il est vrai forci (40e), il faut attendre la dernière minute de ce premier acte pour assister au premier coup de force des Ciel et Blanc. Un énorme groupé pénétrant qui progresse sur 50 mètres et contraint le Stade à la faute, au carton jaune pour Tom Palmer et à l'égalisation, signée Jonathan Wisniewski à la sirène (6-6, 40e). La température ne risque pas de grimper à la reprise, mais le Racing montre plus d'ardeur. Quatre gestes d'indiscipline coupables des Parisiens, mais seulement deux réussites de Wisniewski (45e, 54e) pour deux échecs au pied de Steyn (48e) et de l'ouvreur francilien (44e), qui ne permet pas à son équipe de prendre le large (12-6, 54e). Et Phillips surgit ! Le Racing joue avec le feu et reste sous la menace d'un mauvais coup. Comme sur cette tentative de pénalité de Dupuy, qui touche du bois et revient pile poil dans les bras d'un Ollie Phillips le plus prompt pour surprendre une bonne demi-douzaine de Racingmen comme pétrifiés par le froid et inscrire le premier essai du match. Dupuy transforme et le Stade passe devant sur ce "bel essai construit", dixit, dans un sourire, Didier Faugeron depuis le banc de touche (12-13, 59e). Un avantage de courte durée, la mêlée écroulée par Rodrigo Roncero vaut à Wisniewski de redonner le score aux joueurs de Berbizier sans gamberger (15-13, 63e). Là où Martin Rodriguez Gurruchaga touche à son tour le poteau avec moins de réussite (65e). Une fin de match marquée du sceau de l'échec, à l'image de cette rencontre de piètre qualité, avec les tentatives ratées de Wisniewski (74e), mais aussi de Juan Martin Hernandez, dont le drop tendu dès son entrée en jeu s'avère trop juste (75e). Paris abdique, réduit à quatorze après ce nouveau carton jaune, pour un savoureux "coup de poing sans violence" de Pascal Papé (79e). La conclusion pour un Sébastien Chabal grelottant au coup de sifflet final, mais plus pragmatique que jamais: "C'était important pour nous d'attaquer ce deuxième cycle par une victoire. Aujourd'hui, les conditions ont fait qu'il n'y a pas eu beaucoup de jeu, beaucoup de ballons tombés, pas de continuité dans le jeu des deux équipes. Mais ce sont quatre points importants." Qui offrent un retour sur la troisième marche du podium aux Racingmen.