Lavenu: "Un beau Paris-Nice"

  • Copié
Propos recueillis par Romain Beauvais , modifié à
Première grosse échéance de la saison cycliste et premier test pour les coureurs français. Le directeur sportif d'AG2R-La Mondiale, Vincent Lavenu, nous a confié ses ambitions pour Paris-Nice, où il espère voir l'un de ses coureurs remporter au moins une étape et terminer entre la 5e et 8e place au classement général. Mais le manager français a aussi évoqué l'affaire Contador et la polémique autour des oreillettes.

Première grosse échéance de la saison cycliste et premier test pour les coureurs français. Le directeur sportif d'AG2R-La Mondiale, Vincent Lavenu, nous a confié ses ambitions pour Paris-Nice, où il espère voir l'un de ses coureurs remporter au moins une étape et terminer entre la 5e et 8e place au classement général. Mais le manager français a aussi évoqué l'affaire Contador et la polémique autour des oreillettes. Comment avez-préparé ce Paris-Nice 2011 ? Nous avons effectué des stages, des compétitions pour que nos coureurs soient au plus haut niveau pour ce premier rendez-vous de la saison. Pour nous, Paris-Nice reste le premier objectif. Comment vos coureurs appréhendent-ils ce premier rendez-vous de la saison ? Avec de l'ambition mais aussi avec un peu de crainte parce qu'ils ne se sont pas encore frottés à la concurrence internationale. Pour l'instant, nos coureurs ne se sont confrontés qu'à d'autres coureurs français et ont ainsi étalonné leur forme sur les courses nationales. Pour l'heure, les Tricolores ne savent pas si le Slovaque Peter Sagan est en super forme. Paris-Nice sera un test pour eux face aux coureurs étrangers. Est-ce un handicap pour vos hommes de ne pas connaître le niveau de leurs principaux adversaires sur cette épreuve ? Les étrangers ne connaissent pas non plus le niveau des Français qui est très bon au vu des derniers résultats acquis notamment dans les courses françaises avec un Thomas Voeckler excellent. Numéro un sur le circuit européen, je ne suis pas sur que les Italiens ont conscience de son potentiel. On jugera ainsi au fil des étapes de ce Paris-Nice du véritable niveau des Tricolores. "Un tracé piégeux" Dans les colonnes de l'Equipe de mercredi, Frank Schleck assurait que ce tracé n'était pas fait pour un grimpeur. Qu'en pensez-vous ? Je crois que les organisateurs de ce Paris-Nice, Christian Prudhomme et Jean-François Pecheux, ont fait en sorte de concevoir un parcours où l'épreuve se jouerait sur une seule étape (le contre-la-montre de la 6e étape) mais ont aussi proposé aux coureurs un tracé piégeux. Ce Paris-Nice va être difficile à gérer car les coureurs devront être vigilants et faire attention aux coups de bordures durant cette semaine de course. Sylvain Chavanel apparaît comme l'un des favoris pour ce Paris-Nice, un Français pourrait-il remporter cette épreuve ? Tout d'abord, pour moi, le favori c'est Peter Sagan, qui m'a fait une grosse impression. C'est vrai aussi que Sylvain Chavanel arrive toujours en forme sur Paris-Nice avec beaucoup d'ambitions. Chez AG2R la Mondiale, Jean -Christophe Péraud est en forme. Sans Oublier Thomas Voeckler (Europcar) qui est un cycliste malicieux et adroit. On va peut-être découvrir un nouveau coureur français sur ce Paris-Nice. Pour AG2R-la Mondiale, quels sont vos objectifs ? Placer un de nos coureurs entre la 5e et la 8e place au classement général en la personne de Nicolas Roche ou de Jean Christophe Péraud. On espère qu'un Christophe Riblon ou un Biel Kadri puissent remporter une étape. Ce serait un beau Paris-Nice pour notre équipe. "Plus de 80% des coureurs utilisent l'oreillette" L'Agence Française de Lutte contre le Dopage (AFLD) et l'Union Cycliste Internationale (UCI) vont travailler main dans la main sur ce Paris-Nice, est-ce une bonne chose pour le monde du cyclisme ? C'est bien si les instances politiques représentés par l'UCI ont pu rediscuter avec l'AFLD qui sont des techniciens de la lutte anti-dopage. C'est de nature à avancer dans le bon sens et cela va faire peur aux derniers tricheurs récalcitrants. De plus, cette unité entre la fédération internationale et les techniciens du laboratoire de Chatenay-Malabry permet de lutter fermement contre le dopage. C'est bon pour notre sport. Pensez-vous que la Fédération espagnole a tenté de protéger Alberto Contador après son contrôle positif sur le dernier Tour de France? Cette affaire a encore démontré que le cyclisme au plus haut niveau est entaché de problèmes liés au dopage. Aujourd'hui, on ne peut pas affirmer à 100% qu'Alberto Contador soit un tricheur puisque sa fédération l'a absout. Il y a tout de même de fortes présomptions, mais on attend la décision de l'UCI pour savoir si elle va faire appel auprès du Tribunal arbitral du sport (TAS). On peut se rendre compte que, du coté espagnol, il n'y a pas beaucoup d'efforts de cette fédération à lutter contre le dopage. C'est une réalité. Je pense qu'il y a une volonté politique à revoir en Espagne car, chaque année, c'est entre dix à quinze coureurs qui se font prendre pour dopage. Cette semaine, l'UCI a reçu quelques directeurs sportifs à Genève (Suisse) pour discuter du port ou non de l'oreillette. Etes-vous pour ou contre ? C'est une première victoire de savoir que la façon de penser à ce sujet soit entendue. Après, sera-t-elle écoutée ? C'est une toute autre question. C'est la première fois que l'UCI a en face d'elle des directeurs sportifs qui peuvent relater la réalité du terrain. C'est vrai que beaucoup de médias ont pris parti pour supprimer le port de l'oreillette sans connaître l'aspect valorisant de cet outil technologique. Si 90% des directeurs sportifs et plus de 80% des coureurs veulent travailler avec ce dispositif moderne de communication, je ne vois pas pourquoi le reste des acteurs de notre sport ne comprendraient pas cela. Tous les jours, nous sommes obligés à communiquer rapidement avec les coureurs en terme de sécurité, de management, de coaching. Depuis le début de la saison, les cinq arrivées lors du tour de Bessèges se sont faites au sprint et lors du Tour de San Luiz, sur les sept étapes, cinq se sont disputés au sprint et deux en montagne ont été remportées par une échappée. La suppression de l'oreillette n'a rien changé au déroulement de la course. Les équipes et les coureurs qui veulent travailler avec l'oreillette doivent être entendus et compris. S'ils veulent l'avoir, c'est qu'il y a sûrement de nombreuses raisons.