La Juve a mauvaise mine

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Olivier CORTINOVIS , modifié à
Crucifiée samedi dernier par Bologne et Marco Di Vaio (0-2), la Juventus Turin a concédé sa huitième défaite de la saison en Serie A, pointant ainsi à la septième place d'un classement dominé par son prochain hôte, samedi, l'AC Milan. Un rendez-vous à ne pas manquer pour les Bianconeri sous peine de perdre toute chance d'accrocher l'Europe et de vivre une saison noire sur tous les tableaux.

Crucifiée samedi dernier par Bologne et Marco Di Vaio (0-2), la Juventus Turin a concédé sa huitième défaite de la saison en Serie A, pointant ainsi à la septième place d'un classement dominé par son prochain hôte, samedi, l'AC Milan. Un rendez-vous à ne pas manquer pour les Bianconeri sous peine de perdre toute chance d'accrocher l'Europe et de vivre une saison noire sur tous les tableaux. A quoi reconnait-on une Vieille Dame en souffrance ? Luciano Moggi connait la fable du cerf malade sur le bout des doigts et n'a pas hésité à tirer sur l'ambulance sitôt l'état d'urgence décrété à Turin. "Je l'avais déjà dit l'été dernier, ceux qui sont arrivés pour reconstruire ont fini par détruire la Juve", a ainsi lâché l'ancien directeur de la Juventus lors d'une émission télévisée. Un constat un peu curieux venant de la part du principal accusé du Calciopoli, mais qui a le mérite de livrer une vision aussi pertinente que sans concession sur le potentiel actuel de l'équipe bianconera. "Ce serait moi, je revendrai toutes les recrues sauf Krasic. Ils ont fait de la Juve une équipe provinciale capable de se sublimer contre les grands et de perdre contre n'importe quelle équipe sans aucune classe." Face au laborieux Bologne, samedi dernier, les protégés de Luigi Del Neri ont donné raison à l'ancien dirigeant de la Vecchia Signora, en pliant sous les coups de boutoirs de Marco Di Vaio (0-2). Une huitième défaite cette saison, la cinquième lors des neuf derniers matches de championnat, en apéritif d'une semaine bien indigeste pour les Bianconeri. Car, au lendemain de cette déconvenue, le conseil d'administration du club turinois a définitivement coupé l'appétit des dirigeants en annonçant que les bilans financiers étaient au moins aussi lourds que les résultats sportifs. Une farandole de chiffres négatifs (-39,5 millions d'euros contre +14,2 en 2010) qui trouve son explication dans une participation à la Ligue Europa, moins lucrative que la Ligue des champions, mais aussi dans le changement de gestion des droits télévisés, désormais mutualisés entre les clubs italiens. Vers une révolution de jasmin ? Beaucoup moins rationnels, les tifosi turinois ont une toute autre vision de cette soudaine érosion en dénonçant la politique sportive menée par l'ancien duo de la Sampdoria: Luigi Del Neri, entraîneur, et Giuseppe Marotta, directeur sportif. En accordant les pleins pouvoirs à ces deux hommes expérimentés de la Seria A, qui ont notamment permis aux Blucerchiati de retrouver la Ligue des champions en mai dernier, la Juve espérait faire table rase de son passé. Un nouveau virage qui a entraîné un véritable branle-bas de combat sur le marché des transferts avec l'arrivée d'une douzaine de joueurs (Krasic, Aquilani, Quagliarella, Matri,...) et un investissement d'une centaine de millions d'euros. Ce placement risqué est aujourd'hui jugé inopportun par les ultras, qui réclament leurs têtes à travers une pétition. "Vu que Del Neri ne démissionne pas, nous serons les premiers à lui faire savoir officiellement que les tifosi n'ont plus confiance en lui et que le moment de partir est venu. Nous avons manqué tous nos objectifs et nous risquons même de ne pas aller en Ligue Europa", justifie ainsi Alberto Bonifazi, porte-parole d'un groupe de supporters. Cette "révolution de jasmin" à l'italienne pourrait, en cas de revers contre l'AC Milan, samedi, propulser au pouvoir une ancienne mais bien-aimée connaissance en la personne de Pavel Nedved. L'appel au retour du génial tchèque répondrait ainsi à la nouvelle mode transalpine, qui est de promouvoir de jeunes retraités, encore populaires dans leurs contrées (Leonardo à Milan, Montella à la Roma), en haut de la hiérarchie pour reconstruire un football italien clairement en perte de vitesse. De quoi peut-être masquer les plaies d'une Vieille Dame avec autre chose que du fond de teint.