La Chine plus forte que Phelps ?

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Laurent DUYCK Br De Sports.fr, à Shanghai , modifié à
Troisième nation mondiale en 2009 à Rome, la Chine espère faire aussi bien cette année, pour ne pas dire mieux, lors de ses Mondiaux de Shanghai qui débutent dans la nuit de samedi à dimanche. Dans ce concert mondial, les Etats-Unis, avec un Michael Phelps sur la voie du retour, veulent rester le chef d'orchestre, quand bien même l'Australie ou encore la France espèrent jouer leur propre musique.

Troisième nation mondiale en 2009 à Rome, la Chine espère faire aussi bien cette année, pour ne pas dire mieux, lors de ses Mondiaux de Shanghai qui débutent dans la nuit de samedi à dimanche. Dans ce concert mondial, les Etats-Unis, avec un Michael Phelps sur la voie du retour, veulent rester le chef d'orchestre, quand bien même l'Australie ou encore la France espèrent jouer leur propre musique. "Je peux vous dire que la natation mondiale le regarde beaucoup encore. Il hypnotise le plateau alors qu'on sait qu'il n'est pas forcément dans une année énorme. J'ai vu tous les entraîneurs prendre des photos lorsqu'il faisait ses 25 mètres. Ça reste la personnalité de la natation mondiale et restera sûrement dans l'histoire comme l'homme de la natation mondiale quoiqu'il arrive. Donc on a bien de la chance de pouvoir le côtoyer." Lui, c'est bien sûr Michael Phelps. Et à écouter Lionel Horter, l'entraîneur en chef de l'équipe de France, le Kid de Baltimore n'a rien perdu de son aura. Pour s'en convaincre, il suffisait de voir le nombre de journalistes venus en salle de presse samedi matin pour l'écouter. C'est qu'on n'efface pas comme ça d'un coup de jet d'eau 14 titres olympiques et 22 titres mondiaux quoique le héros de Pékin ait pu montrer (ou au contraire ne pas montrer) depuis ses exploits olympiques en 2008. N'empêche, et même si Romain Barnier l'épie avec gourmandise depuis deux jours pour tenter de "déceler le mystère" de sa rapidité sur 100m papillon, Phelps, qui relance tout juste la machine en vue des JO de Londres l'été prochain, pourrait bien être éclipsé par un autre soleil à Shanghai. Pas celui qui, malgré un épais nuage de pollution, écrase la ville de ses 30°C de bon matin et pousse les journalistes du monde entier à trouver refuge sous la climatisation de l'Oriental Sports Center de Shanghai, immense salle de 18 000 places construite de toutes pièces pour les Mondiaux 2011 de natation (pour un coût de 220 millions d'euros) qui n'a rien à envier au Water Cube de Pékin. Non, si ce soleil est bien chinois, il a pour nom Sun Yang. Un match USA-Chine arbitré par la France Yannick Agnel, qui ne l'a jamais vu nager et ne sait pas même à quoi il ressemble, pourrait fort se souvenir longtemps de son visage au terme de ces 14e Championnats du monde de natation, disputés pour la première fois depuis leur création en 1973 sur le sol chinois et qui débutent dans la nuit de samedi à dimanche (à partir de 3 heures en France, 9 heures à Shanghai). Car le gamin de 19 ans est tout simplement le meilleur performeur mondial de l'année sur 200, 400, 800 et 1500 mètres nage libre, excusez du peu ! Un talent brut, poli par le très expérimenté Denis Cotterell en Australie où il s'entraîne depuis un an comme plusieurs autres nageurs chinois désireux de profiter des meilleures pratiques d'entraînement étrangères (comme quoi tout change en Chine !), à qui l'on promet déjà le record du monde du 1500m détenu depuis 2001 par Grant Hackett (l'un des rares à avoir résisté à la folie des combinaisons). Un phénomène dont la Chine, qui se reposait jusqu'alors sur la densité de ses nageuses, espère bien profiter pour venir concurrencer les Etats-Unis. "On s'attend à une grosse équipe de Chine. Dans le sport, comme dans le monde actuel, la Chine est un rouleau compresseur", n'en doute pas Horter. Et ce, même si, fidèle à sa réputation, la Chine, qui a déjà écrasé les épreuves de plongeon (neuf titres sur neuf avant la dernière épreuve dimanche), fait profil bas à la veille du coup d'envoi de la natation course - "Les championnats du monde de Shanghai sont la plus grande compétition avant les Jeux de 2012 à Londres. C'est donc une bonne occasion de préparer nos nageurs", a déclaré récemment l'entraîneur national Yao Zhengjie au Quotidien du Peuple. "Je ne pense pas qu'elle dominera de la même manière que sur le plongeon mais lorsqu'on organise une compétition, on est survolté. Les Chinois seront sans doute dans les trois premières nations au classement des médailles", prophétise Christian Donzé, le DTN de la natation française. A Rome en 2009, la Chine avait pris la troisième place de ce classement avec dix récompenses dont quatre titres. Forte d'une délégation de 52 nageurs, contre 56 aux Etats-Unis, peut-elle venir sur les plates-bandes américaines ? Ryan Lochte, Natalie Coughlin, Katie Hoff, Rebecca Soni ou encore Nathan Adrian, les autres stars de la natation made in USA derrière Phelps, lequel aura peu de rival sur 100m papillon, défendront les chances américaines face au pays hôte, un match arbitré par l'Australie, le Brésil de Cesar Cielo, ou encore la France bien décidée elle aussi tirer son épingle du jeu à un an des Jeux Olympiques de Londres. Car que ce soit Phelps ou Yang, "on n'est pas plus impressionnés que cela par les Chinois ou les Américains. On va faire le boulot", promet Donzé. A vos bonnets, l'heure est venue de plonger !