"L'Europe, c'est du passé"

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Par Yannick Sagorin , modifié à
A 81 ans et bon nombre de scandales derrière lui, Bernie Ecclestone n'est plus à une polémique près. La dernière sortie en date de l'intéressé est à l'image des précédentes, teintée de provocation et de mépris. Selon le grand argentier de la F1, l'Europe a vécu, et souffre de la comparaison avec les puissances économiques émergentes. Sa prédiction pour les années à venir: cinq Grands Prix, au plus, sur le Vieux continent.

A 81 ans et bon nombre de scandales derrière lui, Bernie Ecclestone n'est plus à une polémique près. La dernière sortie en date de l'intéressé est à l'image des précédentes, teintée de provocation et de mépris. Selon le grand argentier de la F1, l'Europe a vécu, et souffre de la comparaison avec les puissances économiques émergentes. Sa prédiction pour les années à venir: cinq Grands Prix, au plus, sur le Vieux continent. C'était au siècle passé, quand la F1 gravitait autour du Vieux continent. A l'époque, les deux tiers d'une saison se couraient en Europe. Les horizons lointains, c'était les Etats-Unis, le Brésil ou le Canada à l'Ouest, le Japon, la Malaisie ou l'Australie à l'Est. Depuis, Bernie Ecclestone a fait son oeuvre. En l'espace de 10 ans, le paysage a considérablement évolué. "Le monde change, et nous devons changer aussi. La F1 a grandi et a beaucoup changé, argumente le personnage. Evidemment, il faut être flexible et donner du temps au temps, mais je suis très content des nouvelles destinations: Singapour, la Corée, l'Inde, se félicite-t-il dans un entretien accordé au journal espagnol Marca. Notre championnat est vraiment mondial." Avec le nouveau millénaire, la mondialisation s'est accélérée, et les businessmen avertis sont allés chercher les capitaux frais à la source. En Orient, pour l'essentiel. La Chine et Bahreïn ont été les premiers à s'engouffrer dans la brèche, dès 2004, bientôt suivis par Singapour (2008), Abu Dhabi (2009), la Corée du Sud (2010) et désormais l'Inde (2011). De fait, si le calendrier s'est sensiblement étendu, nombre de courses européennes ont été sacrifiées sur l'autel du rendement économique. Ce fut le cas des Grands Prix d'Autriche, de Saint-Marin ou de France, et c'est le sort réservé à la Turquie, encore au programme cette année. Désormais, les rendez-vous britannique, belge et espagnols (Valence et Barcelone) sont directement menacés. A tel point que l'alternance semble la seule option offerte à ces places historiques, pour demeurer en sursis... "Je crois que l'Europe n'a plus d'avenir, lance tout de go Ecclestone, estimant à "cinq, pas plus" le nombre de Grands Prix qui se courront sur le Vieux continent dans un futur proche. C'est bien pour le tourisme mais rien d'autre. L'Europe appartient au passé dorénavant." Et le grand argentier de la F1 d'annoncer la couleur: "Le chiffre parfait, à mon avis, c'est 20 courses dans la saison. De mars à novembre, c'est très bien. Nous avons déjà un contrat avec New York pour 2013, et un avec Sotchi en Russie pour l'année suivante. Je pense aussi à des retours en Afrique du Sud et à Mexico..." Ces deux pays sont désertés par la F1 depuis le début des années 90. En 2012, seuls huit Grands Prix sur 20 seront disputés en Europe, contre neuf cette saison. "J'ai ma façon de faire les choses, conclut Ecclestone. Après moi, ce sera forcément différent. Reste à savoir si ce sera mieux ou moins bien, je ne sais pas." Le débat est ouvert...