L'Australie humilie la France

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LAURENT DUYCK , modifié à
A un peu plus de neuf mois de la Coupe du monde, l'équipe de France n'est manifestement pas prête. Les hommes de Marc Lièvremont ont conclu leur tournée automnale par une défaite record (16-59), samedi au Stade de France, face à des Australiens que les Anglais avaient pourtant nettement dominés voilà deux semaines. Un revers alarmant, guère nuancé par les deux succès précédemment signés face aux Fidji et à l'Argentine.

A un peu plus de neuf mois de la Coupe du monde, l'équipe de France n'est manifestement pas prête. Les hommes de Marc Lièvremont ont conclu leur tournée automnale par une défaite record (16-59), samedi au Stade de France, face à des Australiens que les Anglais avaient pourtant nettement dominés voilà deux semaines. Un revers alarmant, guère nuancé par les deux succès précédemment signés face aux Fidji et à l'Argentine. Que Marc Lièvremont se rassure, le XV de France ne devrait pas retrouver, au mieux, l'Australie, sa bête noire dont il voudrait tant s'inspirer, non pas pour sa mêlée mais pour la qualité de ses lancements de jeu, avant la demi-finale de la Coupe du monde. D'ici là, les plus optimistes (en reste-t-il ?) osent encore espérer que le sélectionneur national aura trouvé la recette contre la dernière équipe qui lui résiste et que les Bleus n'ont plus battue depuis le 5 novembre 2005 à Marseille (26-16). Une époque où l'équipe d'un certain Bernard Laporte, futur ministre peut-être moins romantique mais guidé par une seule et même ligne directrice, la défense, avait réussi un sans-faute en novembre. Ce grand chelem, son successeur ne le réussira pas, lui qui ne sortira pas totalement indemne de la plus lourde défaite de l'histoire des Bleus face aux Wallabies, concédée par Thierry Dusautoir et ses coéquipiers samedi au Stade de France (16-59). Il faut croire que la pluie, venue gâcher les intentions tricolores à Nantes et à Montpellier face aux Fidji puis contre l'Argentine, réussit mieux à ce XV de France que le froid de Saint-Denis où la neige, annoncée, ne s'est finalement pas invitée. Et pourtant, c'était promis, la continuité enfin adoptée par le staff tricolore devait permettre aux arrières français, et à son milieu de terrain de fort tonnage, d'enfin se libérer pour, à moins d'un an de la Coupe du monde, donner le change à son pack, érigé comme une référence mondiale. On attend toujours... et on rappellera que si les arrières ne sont rien sans les avants, l'inverse est aussi vrai. Un essai de pénalité sans lendemain... On voulait voir du jeu, c'est l'Australie qui, d'entrée, offre une leçon de jeu en première main, avec un retour à l'intérieur pour O'Connor qui déchire le rideau bleu pour lancer Ashley-Cooper sous les poteaux (4e, 0-7). Ambiance glaciale au Stade de France que les avants tricolores tentent de réchauffer en gagnant la première mêlée sur introduction australienne (8e, 3-7). Pas de quoi ébranler ces Wallabies, bien campés dans le camp français où la ligne bleue est signalée à trois reprises en position de hors-jeu, pour deux pénalités réussies par O'Connor (13e, 24e), mieux que Parra qui met la première sur le poteau (18e) avant de se rattraper (20e). A défaut de génie, on se console comme on peut... Et puisqu'il y a un match à gagner, le troisième en trois matches lors de ce mois de novembre, un sans-faute qui n'a plus été réussi depuis 2005, le XV de France revient aux fondamentaux et, pour faire plaisir à William Servat, qui espérait bien que lui et ses gros allaient en pousser quelques-unes, prend un malin plaisir à enfoncer la mêlée australienne, le talon d'Achille des Wallabies, jusqu'à forcer l'arbitre à lui offrir un essai de pénalité (30e, 13-13). Double peine pour l'équipe de Robbie Deans, Alexander écope d'un carton jaune dont les Bleus, incapables de s'installer dans le camp adverse, ne profite pas avant la pause. Une remise en question annoncée Sans surprise, le cocon du vestiaire ne libère pas les neurones bleus, gelés moins par le froid que par le manque de repères des arrières tricolores, mais pour la première fois du match, le XV de France passe devant sur une pénalité à 40 mètres de Parra (43e, 16-13). Une réussite au pied qui avait manqué aux Bleus, particulièrement à David Skrela, en 2008 à Marseille (défaite 13-18), mais qui n'est pas source de succès garanti face à des Wallabies capables, eux, d'enchaîner les temps de jeu pour inscrire un deuxième essai par Robinson (50e, 16-20). De l'inspiration, des passes et des cannes, tout ce qui manque à l'équipe de Marc Lièvremont, lequel saluait avant le match "les lancements de jeu aboutis" et "la recherche" de cette équipe, punie dans la foulée par un troisième essai signé Genia après deux percées d'Ashley-Cooper dans une ligne bleue bien molle (52e, 16-27). Le début de la fin pour une équipe de France qui encaisse... quatre autres essais australiens dans les 20 dernières minutes, par Mitchell (66e, 74e), Elsom (77e) et O'Connor (80e) sous les yeux d'un public du Stade de France aussi admiratif de la prestation australienne que médusé par la faiblesse du XV de France. Triste, comme de voir ces Bleus, en manque total d'inspiration, venir buter sur le rideau australien sans jamais trouver la faille. Et de se souvenir de ces mots de Thomas Domingo: "Si on craque sur ce match, ça va tout nous foutre en l'air. On va beaucoup se remettre en question." N'est-il pas trop tard à moins d'un an de la Coupe du monde...