Jusqu'où Nadal peut-il aller ?

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Régis AUMONT , modifié à
En restant le maître sur «sa» terre battue de Roland-Garros, Rafael Nadal a glané dimanche son 10e tournoi du Grand Chelem à seulement 25 ans. L'Espagnol, sixième joueur le plus titré en Majeurs, s'est rapproché à six unités du recordman en la matière, Roger Federer, sa victime préférée à Paris. Peut-il espérer aller chercher le Suisse ?

En restant le maître sur «sa» terre battue de Roland-Garros, Rafael Nadal a glané dimanche son 10e tournoi du Grand Chelem à seulement 25 ans. L'Espagnol, sixième joueur le plus titré en Majeurs, s'est rapproché à six unités du recordman en la matière, Roger Federer, sa victime préférée à Paris. Peut-il espérer aller chercher le Suisse ? "Lorsqu'on parle de statistiques, de comparaisons, évoque Rafael Nadal, cela m'est égal. Je suis très content avec ce que j'ai, de ce que je suis. Je ne souhaite pas être forcément le meilleur joueur de l'histoire." Tout à sa joie, dimanche, quelques minutes après avoir remporté Roland-Garros pour la sixième fois, l'Espagnol n'avait pas très envie d'entrer dans je petit jeu des comparaisons, avec Roger Federer notamment, qu'il venait de battre sur le court en finale des Internationaux de France. Pourtant, les chiffres, s'ils ne disent pas tout, parlent pour lui. Avec désormais dix titres du Grand Chelem à son compteur - ce qui le classe sixième à égalité avec Bill Tilden (voir encadré) -, Nadal se rapproche à grands pas des 16 couronnes du Suisse. D'ailleurs, au même âge, le Majorquin est en avance de presque six mois sur son grand rival au moment de leur dixième sacre (à 25 ans et deux jours pour le premier, à 25 ans et 173 jours pour le second). Certains diront que le jeu de l'Espagnol, beaucoup plus axé sur le physique, ne lui permettra pas de tenir sur la durée. Qu'à 30 ans, l'âge de Federer cette année (il les aura le 1er août), il aura déjà été contraint de ranger ses raquettes. D'autres avanceront que le n°1 mondial actuel est bien moins complet, que six de ses titres en Majeur l'ont été sur terre battue, surface bien moins rapide que celle des trois autres levées du Grand Chelem. Certes, mais Nadal a déjà gagné à Melbourne, à Wimbledon (deux fois) et à l'US Open. Surtout, l'Espagnol est le lauréat de quatre des cinq derniers tournois du Grand Chelem. En un an, son total est passé de six à dix titres. A ce rythme-là, la marque de Federer pourrait vite être dépassée. Federer: "On s'en fout !" Qu'en pense d'ailleurs le recordman en la matière. "On s'en fout !, martèle Federer. C'est à la fin que cela compte. Une fois que ta carrière est terminée, que tu ne peux plus rien faire et que tu es fier de ce que tu as accompli. Je suis content qu'il gagne des Grands Chelems, qu'il prouve aux gens qu'il peut pratiquer un bon tennis (en référence à ses récentes défaites face à Novak Djokovic). Dix Grands Chelems, c'est beaucoup, il le sait, je le sais, tout le monde le sait ! C'est très bien, je suis content pour lui." Rivaux sur le court mais toujours très respectueux l'un envers l'autre, l'Espagnol et le Suisse semblent se désintéresser des chiffres, du moins s'intéresser davantage au moment présent que des traces qu'ils laisseront dans la légende. Nadal l'exprimait bien dimanche soir. "Pour moi, c'est un honneur d'égaler le record de Borg. C'est quelque chose de spécial mais vous savez, le plus important, c'était de gagner Roland-Garros." Un trophée que le n°1 mondial, pour encore 45 points de plus que Djokovic, est allé chercher au plus profond de lui-même, après une première semaine mentalement difficile à gérer. Puis son jeu, sa confiance, sont revenus pour monter en puissance jusqu'à la finale. Un niveau que l'Espagnol, inscrit au Queen's cette semaine, va maintenant devoir conserver pour espérer garder son titre à Wimbledon. Car sa marge sur herbe est moins importante que sur terre battue, même si, en forme, il est également bien difficile à déborder sur le gazon britannique. De là à le voir auréolé d'une onzième couronne du Grand Chelem dans quatre semaines...