Inter, le monde ou la crise

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Thomas SINIECKI , modifié à
Humilié à Brême (0-3) en Ligue des champions et défait chez la Lazio Rome pour son dernier match de Serie A (1-3), l'Inter Milan reste plus globalement sur une seule victoire lors de ses six derniers matches de championnat. Pas la meilleure préparation qui soit au moment d'affronter le champion d'Asie, Seongnam Ilhwa, en demi-finales du Mondial des clubs à Abu Dhabi mercredi. Rafael Benitez est clairement menacé en cas de contre-performance.

Humilié à Brême (0-3) en Ligue des champions et défait chez la Lazio Rome pour son dernier match de Serie A (1-3), l'Inter Milan reste plus globalement sur une seule victoire lors de ses six derniers matches de championnat. Pas la meilleure préparation qui soit au moment d'affronter le champion d'Asie, Seongnam Ilhwa, en demi-finales du Mondial des clubs à Abu Dhabi mercredi. Rafael Benitez est clairement menacé en cas de contre-performance. S'il y a un club qui ne sous-estime pas l'intérêt du Mondial des clubs, c'est bien l'Inter Milan. Opposé mercredi aux Sud-Coréens de Seongnam Ilhwa en demi-finales de la compétition "suprême", le champion d'Europe est au bord de la crise. Et d'après Massimo Moratti, le destin de son entraîneur Rafael Benitez est lié au parcours qui sera réalisé à Abu Dhabi. "Je ne veux pas créer de problème avant ou pendant la Coupe du Monde des clubs mais nous verrons après, a clairement indiqué le boss intériste dans une vidéo sur le site du Corrierre dello Sport. "Benitez devra faire preuve de caractère, autrement nous ne remporterons pas une compétition comme celle-là". Le message est clair, directement adressé à son technicien, sans un seul mot contre les joueurs. Pour dédramatiser, Moratti s'est seulement astreint à évoquer "une bonne ambiance" (en marge d'une réunion de la Ligue italienne), précisant que "Benitez a finalement tout le monde à disposition". Ce qui peut également sous-entendre qu'avec un effectif au complet, le coach ibérique n'a pas le choix: il faudra gagner le Mondial des clubs pour sauver sa peau. Pour en arriver là, l'Inter n'y est pas passé par quatre chemins. Après un début de saison très correct, les Nerrazurri n'ont remporté qu'un match sur les six dernières rencontres, pour trois défaites et deux nuls. Un rendement bien indigne d'un tenant de la Ligue des champions, également quintuple champion d'Italie en titre et vainqueur de la Coupe. Hormis un sursaut d'orgueil face à Parme au terme d'un match un peu fou (5-2 lors de la 14e journée), marqué par trois passes décisives du Français Biabiany, les hommes de Benitez ont surtout flanché lors du derby face à l'AC Milan (0-1, 12e j.) et ont manqué l'occasion de revenir chatouiller les équipes de tête lors de leur dernier match de Serie A, il y a maintenant près de quinze jours sur la pelouse de la Lazio Rome (1-3). L'Inter pointe déjà à 13 longueurs de l'AC Milan, certes avec un match de moins. Sans parler de la déroute encaissée à Brême (0-3) la semaine passée en Ligue des champions, alors que la première place du groupe A était promise en cas de victoire. Benitez sûr de lui, Moratti beaucoup moins Pour ne rien arranger à cette période noire, Samuel Eto'o s'est offert un psychodrame le 21 novembre, en assénant un coup de tête au défenseur slovène du Chievo Vérone Bostjan Cesar, lors d'une autre défaite de l'Inter à Bentegodi (1-2, 13e j.) qui a valu trois matches de suspension au Camerounais en championnat. Pour l'instant, il n'en a purgé que deux. Cet arrêt forcé pourrait toutefois représenter un mal pour un bien, tant l'ancien Barcelonais aura soif de revanche et voudra montrer à la face du monde que le véritable Eto'o est toujours là, lui qui a porté l'Inter en début de saison avec 7 buts inscrits lors des 8 premiers matches de Serie A. Avant Seongnam, l'arme fatale des Intéristes s'est voulue prudente, interrogé sur le site de la Fifa: "Nous savons que ce ne sera pas facile, surtout quand on est dans la peau du favori. On respecte leurs qualités et leur parcours. Jusqu'ici, on apprend à les connaître. Mais en général, quel que soit l'adversaire, on se concentre d'abords sur nous-mêmes. Si nous montrons notre meilleur visage, ce sera dur de nous battre." Problème, l'Inter est justement bien loin de sa forme optimale, très loin même. Massimo Moratti, toujours dans une vidéo pour le Corrierre dello Sport, n'affichait pas la même détermination, ni surtout le même optimisme que son attaquant star: "Dans la tête, je me suis senti mal après la défaite à Brême, mais je n'en ai pas parlé aux joueurs. Les blessures ne sont pas une excuse. Je pense qu'on n'a pas assez de caractère pour passer au-dessus des obstacles." Du caractère, Moratti en a, lui, et Rafael Benitez serait bien inspiré de ne pas trop le titiller s'il souhaite poursuivre son aventure à Milan, entamée il y a six mois à peine. De 1995, date de son intronisation officielle, à 2004 (année de l'arrivée de Mancini sur le banc), Massimo Moratti avait utilisé douze entraîneurs en neuf ans. Rien ne l'empêche d'enclencher à nouveau la moulinette. "Pour gagner, il faut être sérieux, moi je consacre douze à quatorze heures par jour à l'Inter, a rétorqué Benitez lors d'une conférence de presse, samedi dernier à Abu Dhabi. Je lis souvent le nom de mes successeurs dans les journaux, mais l'entraîneur de l'Inter, c'est moi. Je vaux gagner le Mondial et si nous y arrivons, je resterai pour longtemps." On n'en mettrait pas non plus notre main à couper.