Guillemot, la patience récompensée

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VOILE - Marc Guillemot et Charles Caudrelier (Safran) se sont adjugés la neuvième édition de la Transat Jacques-Vabre.

Le tandem Marc Guillemot-Charles Caudrelier (Safran) a remporté mardi matin, à 9h52, la neuvième édition de la Transat Jacques-Vabre en 15 jours 19 heures et 22 minutes. En multicoques, le duo Franck-Yves Escoffier-Erwan Leroux a remporté sa troisième victoire consécutive sur la course transatlantique.Marc Guillemot n'est plus le Poulidor de la voile française! Après avoir accumulé les places d'honneur en une vingtaine d'années de course au large sur toutes sortes de supports, du Figaro (2e de la Transat AG2R en 1994) au monocoque Imoca (3e du dernier Vendée Globe) en passant par le multicoque Orma (2e de la Route du Rhum 2002), le skipper de Safran a signé mardi matin sa première grande victoire en remportant haut la main une neuvième édition de la Transat Jacques-Vabre taillée pour des costauds, tant la flotte aura essuyé, notamment lors des huit premiers jours de course, une succession de coups de vent qui en aura d'ailleurs laissé plusieurs au tapis. Nul doute que ce succès ne sera pas loin de faire l'unanimité au sein du petit monde de la course au large, tant «Marco», 50 ans, suscite si ce n'est l'admiration, au moins la sympathie de ses pairs, par sa simplicité, son éternel sourire aux lèvres qui semble sa marque de fabrique, mais aussi son talent, enfin et justement récompensé. Il y a deux ans, pour la première course de son nouveau Safran, avec le même co-skipper, Charles Caudrelier, celui qui a fait ses classes comme beaucoup (Le Cam, Jourdain, Nélias, Desjoyeaux...) au fond de la vasière qu'était alors le futur Port-la-Forêt, avait frôlé la victoire, ne cédant que dans les derniers milles face à Michel Desjoyeaux et Emmanuel Le Borgne (Foncia), pour signer finalement une belle et prometteuse deuxième place. Cette fois-ci, les derniers milles, s'ils auront été beaucoup plus longs que prévu à cause d'un net affaiblissement du vent à l'apprroche du Costa Rica, auront été un petit moins tendus qu'en 2007, Safran ayant réussi dimanche à créer un écart définitif sur Groupe Bel et le tandem Kito de Pavant-François Gabart à qui il aura livré un duel de toute beauté pendant cette quinzaine en mer.Une Jacques-Vabre chahutée par la météoPour la première fois, les deux seuls plans VPLP-Verdier de la flotte Imoca finissent aux deux premières places d'une course majeure du calendrier de la classe, et ce n'est finalement pas une surprise. D'abord, parce que, depuis leur mise à l'eau pendant l'été 2007, ils n'ont cessé d'impressionner la concurrence par leur vitesse (les architectes ont fait le choix de la légèreté), au point que tous les bateaux pour l'instant en chantier pour le Vendée Globe 2012-13 (ceux de Jean-Pierre Dick et de Vincent Riou, plus tard de Jean Le Cam) en sont des extrapolations, dessinés par les mêmes architectes, ensuite parce qu'ils sont arrivés à maturité en termes de fiabilité et de maîtrise par leurs skippers, après avoir essuyé les plâtres du Vendée Globe.Changement de décor complet un an plus tard avec une Jacques-Vabre qui aura été au contraire une vraie course au large comme on les aime, avec du gros temps (une succession de dépressions lors de la première semaine et des pics de vent au-delà de 60 noeuds), de la stratégie dès la sortie de Manche avec une scission de la flotte en deux groupes entre partisans de la route directe, dont Safran et Groupe Bel, quitte à se coltiner le «gros» des dépressions, et ceux qui ont joué la prudence (Foncia, Akena Vérandas, DCNS, Artemis...) tout en sachant pertinemment que cette stratégie risquait d'être perdante à long terme, des fortunes de mer, qui se seront toutes heureusement bien finies malgré la grosse frayeur vécue par le tandem Josse-Cuzon sur BT, de la vitesse (des pointes à plus de 20 noeuds en Mer des Caraïbes dans l'alizé), bref les ingrédients nécessaires pour donner toute sa valeur sportive à la victoire du tandem Guillemot-Caudrelier. La ligne d'arrivée aura finalement été franchie à 9h52'10" (2h52 à Puerto Limon) après 15 jours 19 heures, 22 minutes et 10 secondes à la vitesse moyenne de 12,46 noeuds, un grand moment de bonheur pour un tandem qui figurait clairement au rang des favoris au moment de s'élancer du Havre.