Grange, chercheur de cristal

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Guillaume BARDOU , modifié à
Après l'or mondial glané à Garmisch-Partenkirschen, Jean-Baptiste Grange vise la Coupe du monde de slalom. Revenu dans la trace d'Ivica Kostelic avec sa 3e place à Bansko dimanche dernier, le Français a désormais son destin entre ses spatules : s'il gagne à Kranjska Gora ce dimanche puis à Lenzerheide lors des finales du circuit, il sera automatiquement sacré...

Après l'or mondial glané à Garmisch-Partenkirschen, Jean-Baptiste Grange vise la Coupe du monde de slalom. Revenu dans la trace d'Ivica Kostelic avec sa 3e place à Bansko dimanche dernier, le Français a désormais son destin entre ses spatules : s'il gagne à Kranjska Gora ce dimanche puis à Lenzerheide lors des finales du circuit, il sera automatiquement sacré... Kranjska Gora, pente à miracles ? La station slovène a vu s'écrire ce samedi une belle histoire. Opéré d'une arythmie cardiaque il y a dix jours, le Suisse Carlo Janka a remporté le géant. De quoi donner quelques idées à Jean-Baptiste Grange. Car si le délai n'est pas le même, les performances du Français ces dernières semaines restent impressionnantes, effaçant les mois de galère vécu l'an passé après sa rupture du ligament antérieur du genou droit à Beaver Creek. Loin, très loin également les douleurs des abandons à Val d'Isère et Adelboden en début de saison. Un moment où Ivica Kostelic régnait en maitre et empilait les points... La donne a changé et l'espoir aussi. Si le Croate occupe toujours la tête de la Coupe du monde de slalom, il ne possède plus que 36 points d'avance sur Grange après la manche de Bansko. Kostelic, en enfourchant dès la première manche, y a en effet perdu 60 points en voyant le skieur de Valloire monter sur le podium derrière Matt et Herbst. 36 points, une misère puisque l'écart entre une première et une deuxième place est de 20 unités. Le calcul est clair: si Grange remporte les deux derniers slaloms de la saison, le Français empochera son deuxième globe de cristal de slalom après celui de 2009, quel que soit les résultats de son rival. Bansko a donc opéré comme un tournant puisque Myhrer, également dans la course, y a aussi perdu gros. Avec 150 points de retard sur Kostelic pour 200 points encore en jeu, le Suédois a sans doute perdu toute chance de l'emporter. Kostelic-Grange, Grange-Kostelic, la lutte est devenue un duel, un mano à mano que le Français connait parfaitement. Le nouveau champion du monde a déjà appréhendé cette situation à deux reprises. Mais en 2008 comme en 2009, l'égérie de la fameuse génération 1984 (comprenant Théaux, Missilier ou encore Mermillod-Blondin) était dans la peau du chassé, la proie. Une configuration où il avait craqué en 2008 dans l'ultime manche face à Manfred Moelgg... Le tout après avoir porté le dossard rouge de leader une grande partie de la saison. Duel de seigneurs L'expérience porte ses fruits, dit-on et Grange avait pris sa revanche l'année suivante, s'imposant avec 87 points d'avance sur Kostelic. Comme on se retrouve... D'éternelle proie, le premier Français à s'imposer à Schladming (en janvier) est cette fois devenue chasseur avec la cible clairement dans le viseur. Une situation qui ne semble pas lui déplaire alors que le titre mondial lui a sans doute ôté pas mal de pression pour cette fin de saison. Revenu de l'usure mentale dû au tourbillon d'après sacre, Grange s'est habilement dispensé du géant samedi, une semaine pile après une petite frayeur sur le combiné bulgare (avec une faute d'intérieur causant la chute, heureusement sans gravité pour une épaule droite toujours fragile). Aérien ces dernières semaines, récitant la partition de son ski technique et maitrisé, le Français a donc toutes les cartes en main pour se livrer à ce duel épique que les Autrichiens s'apprêtent à arbitrer. Matt l'éternel a effectué son retour dans le gratin tandis que Herbst a rappelé à Bansko qu'il demeure bien celui qui avait éclaboussé la saison 2010. En s'intercalant, les skieurs de la Wunderteam pourraient perturber la donne. A moins que les autres Bleus ne s'en chargent, Missilier affichant une jolie forme (6e à Bansko grâce à une deuxième manche époustouflante), Mermillod-Blondin et Pinturault étant également montés sur leur premier podium de Coupe du monde dernièrement (en combiné pour le premier, sur le géant ce samedi pour le deuxième, grand espoir du ski tricolore à même pas 20 ans). Le décor est planté, à Grange d'y imprimer sa marque en inscrivant pour la première fois Kranjska Gora (aucun podium en cinq slaloms de Coupe du monde) sur un palmarès déjà bien fourni... Une victoire qui le rapprocherait un peu plus d'un deuxième globe de cristal et d'un fabuleux doublé Coupe du monde-championnat du monde.