Gelabale: "J'ai pris mon temps"

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Propos recueillis par Thomas PISSELET , modifié à
A l'image de l'Asvel, Mickäel Gelabale est monté en puissance au fil de la saison, si bien qu'il ferait un MVP légitime. Un objectif qui ne l'obsède pas. "Je préfère avoir un titre de championnat de France", assure l'ailier français, qui s'attend à un match "très dur" contre Le Mans, vendredi soir à l'Astroballe, en ouverture de la 24e journée de Pro A.

A l'image de l'Asvel, Mickäel Gelabale est monté en puissance au fil de la saison, si bien qu'il ferait un MVP légitime. Un objectif qui ne l'obsède pas. "Je préfère avoir un titre de championnat de France", assure l'ailier français, qui s'attend à un match "très dur" contre Le Mans, vendredi soir à l'Astroballe, en ouverture de la 24e journée de Pro A. Mickaël, Villeurbanne a eu deux semaines pour préparer son match contre Le Mans (*). N'y a-t-il pas un risque que vous manquiez de rythme vendredi soir ? On verra. On s'est entraîné beaucoup plus pour rester dans le rythme. La semaine dernière, on a fait pas mal de matches et on a aussi disputé une rencontre amicale. J'espère que ça ne va pas nous gêner et qu'on va retrouver la cadence du championnat assez vite. A quel genre de match vous attendez-vous contre le MSB, une équipe assez irrégulière depuis le début de saison ? Ça va être très dur. On sait qu'ils ne sont pas très loin derrière nous au classement donc on va tout faire pour mettre le plus de distance possible entre eux et nous. Vu qu'on n'a pas joué le week-end dernier, j'espère qu'on aura suffisamment d'envie et d'énergie pour faire la différence. L'Asvel a connu un début de saison poussif mais est désormais bien revenue dans la course aux play-offs. Qu'est-ce qui a changé ? A la base, l'équipe s'est construite avec beaucoup de jeunes. Vincent (Collet), Edwin (Jackson) et moi, nous n'avions pas effectué la préparation avec le groupe (ils étaient au Mondial 2010 en Turquie, ndlr). Il y a eu un temps d'adaptation. Même A.D. Vassallo n'était pas là au début, puisqu'il était au Championnat du monde avec Porto Rico. Il a fallu du temps pour que la mayonnaise prenne. Y a-t-il eu un déclic ? Non. Le déclic, c'est qu'on a commencé à se connaître un peu mieux. Quand je suis arrivé, je ne connaissais qu'Edwin et Andrija Zizic de nom, je ne l'avais jamais vu. Et quand tout le monde s'est senti bien ici, c'est là que l'équipe s'est vraiment formée. Le remplacement de Vincent Collet par Nordine Ghrib, en novembre, a-t-il responsabilisé davantage les joueurs ? Quand les dirigeants ont décidé de virer Vincent, on venait d'affronter Vichy et Poitiers. Je ne peux pas vraiment vous dire ça a été un déclic, mais on s'est mis peu à peu à jouer ensemble, on s'est fait plus confiance et on a vraiment commencé à travailler les uns avec les autres. "Le jeu qu'on pratiquait ne me donnait pas envie" Personnellement aussi, vous avez mis du temps à vous affirmer dans le collectif villeurbannais. Comment l'expliquez vous ? Quand je suis arrivé, il y avait les Américains et Vassallo qui prenaient tous les shoots. Je ne savais pas trop où me situer. J'ai pris mon temps mais je savais que j'allais m'adapter très vite. Je suis comme ça: au début, je vois comment ça se passe et après, c'est un peu chacun pour soi. On est dans un sport collectif mais ce sont les stats individuelles qui passent avant tout... Je n'allais pas finir la saison comme je l'ai commencée. Vous êtes devenu un peu plus égoïste, c'est ça ? Voilà. C'est ce que j'aurais dû faire dès le début, je suis le capitaine et un "ancien". Avant, quand je jouais en France, j'étais surtout dans un rôle où je devais faire jouer l'équipe, où j'étais pas mal entouré. Là, on m'a pris pour que je sois un leader. Au début, on jouait vraiment personnel. Je ne trouvais pas qu'on jouait ensemble et moi, ce jeu-là, je n'avais jamais connu ça. Même en NBA, la balle circulait. Ce rôle de leader, vous semblez l'assumer pleinement désormais. Avez-vous changé quelque chose dans votre jeu ? Non, je n'ai rien changé. Juste l'état d'esprit. Moi, j'étais en forme dès le début. J'étais peut-être un peu émoussé au début, un coup de pompe normal je dirais. Mais quand je courais, je n'étais pas essoufflé. C'est juste que le jeu qu'on pratiquait, ça ne me donnait pas envie. Maintenant, c'est réglé. On se connaît mieux, je sais comment untel va réagir sur telle ou telle action. Ça nous permet d'avancer. Votre nom revient souvent pour le titre de MVP français de la saison en Pro A. Est-ce un objectif pour vous ? Ma priorité, c'est déjà d'atteindre les play-offs. On est septième, il y a des équipes qui sont juste derrière nous. Moi, je préfère avoir un titre de champion de France qu'un titre de MVP français. Chaque sportif devrait faire passer ses objectifs collectifs avant ses ambitions personnelles. "Pops, ça change tout !" L'Asvel est installée dans le bon wagon pour les play-offs. Que visez-vous d'ici la fin de saison régulière ? Le mois d'avril sera décisif pour nous et j'espère qu'on sera prêt pour le mois de mai. Vu comment on joue en ce moment, on va essayer d'aller le plus haut possible. Il n'y a pas de fossé entre les cinq premiers et les autres. On l'a vu quand Vichy a battu Roanne de près de trente points. C'est juste une différence de joueurs et de jeu. Si on continue à gagner, on peut aller loin. On ne va rien lâcher. Le championnat est fini dans trois mois et s'il fallait du lest, c'était au début. C'est qu'on a fait. Maintenant la fin, c'est pour nous ! Et puis, on va essayer de profiter des quelques matches qui viennent pour mieux connaître Pops (Mensah-Bonsu). Ça ne fait qu'un mois qu'il est là. En quoi l'arrivée de Pops Mensah-Bonsu a changé la donne ? Avant qu'il soit là, on jouait sans poste cinq, tout simplement. A part quand Bangaly (Fofana) était là, on a joué toute l'année sans pivot. Quand les équipes nous affrontaient, elles n'avaient qu'à arrêter Matt (Walsh), Davon, qui joue plus comme un quatre, ou moi. On n'arrivait jamais à avoir de post-up dos au panier pour attirer les défenseurs. Donc on a vraiment eu du mal quand Bangaly s'est blessé parce que, même si c'est un jeune joueur, il a beaucoup apporté sur les cinq premiers mois. Avec Andrija (Zizic), ça ne prenait pas. Il est parti, Pops est arrivé et maintenant, on peut jouer à l'intérieur. Et d'avoir un point de fixation dans la raquette, ça change tout ! Le mélange entre les jeunes joueurs qui sortent du banc et les joueurs majeurs commence aussi à prendre... Oui. Quand les jeunes entrent, ils n'hésitent pas prendre des shoots et nous, on ne tire pas spécialement la couverture à nous. On fait tout pour que ça profite à l'équipe. L'Asvel a le plus gros budget mais a tenu à ce qu'il y ait des joueurs formés ici dans l'équipe. On se retrouve avec cinq joueurs importants et cinq jeunes. Pour le moment, on est septième et c'est déjà pas mal. Un dernier mot sur l'équipe de France, qui va disputer l'Euro 2011 en Lituanie cet été. Avez-vous eu des contacts avec Vincent Collet récemment ? Pour le moment, non. L'équipe de France est tombée dans une poule assez dure. Mais si tous les joueurs majeurs viennent, j'espère qu'on peut pourra faire quelque chose. Quand je vois leur saison en NBA, je me dis que c'est possible. Si Joakim Noah vient, ça nous fera un intérieur solide. Avec Ronny Turiaf, ce sont des joueurs qui ont beaucoup de coeur. Ça devrait être pas mal.... ---------------------------------------------------- (*) Le match entre Villeurbanne et Gravelines-Dunkerque comptant pour la 23e journée de Pro A, qui devait se jouer samedi dernier, a été décalé à mardi prochain car le BCM avait disputé son quart de finale retour en Eurochallenge deux jours plus tôt.