Galthié: "C'est une anomalie"

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Propos recueillis par SYLVAIN LABBE , modifié à
Conscient du caractère presque incongru qu'il y a à retrouver Montpellier dans le dernier carré de ce Top 14, Fabien Galthié, à la veille du choc face au Racing samedi, n'en juge pas moins ses joueurs totalement légitimes à ce stade de la compétition. L'entraîneur du MHR aspire surtout à voir ses troupes ne pas céder sous le coup de l'émotion.

Conscient du caractère presque incongru qu'il y a à retrouver Montpellier dans le dernier carré de ce Top 14, Fabien Galthié, à la veille du choc face au Racing samedi, n'en juge pas moins ses joueurs totalement légitimes à ce stade de la compétition. L'entraîneur du MHR aspire surtout à voir ses troupes ne pas céder sous le coup de l'émotion. Fabien, des sourires, des éclats de rire: votre groupe semble très détendu à la veille de ce match pourtant historique pour le club... Ça va... Ça se passe toujours bien avant le match (sourire). Il n'y a pas de grosse incertitude concernant la composition d'équipe. Jim Nagusa ne s'est pas entraîné ce matin en raison d'une petite pointe, mais ça ne semble pas grave. On a pu bien rythmer notre quinzaine. Il faut prendre comme ça vient... Après, c'est toujours pareil, la vérité sortira du terrain. Est-ce que les stratèges ont fait chauffer les cerveaux ? On a beaucoup travaillé, mais il faut faire attention. Il ne faut pas déséquilibrer ce qu'on sait bien faire et dans la réflexion stratégique, il faut trouver des adaptations faciles. C'est ça l'enjeu avec une équipe très jeune, il ne faut pas la tordre dans tous les sens. Tu peux tout perdre. On essaye de trouver le juste équilibre, le bon mix. "On ne devrait pas être là, il y a un problème !" Cette jeunesse, si elle est présentée comme un handicap, peut aussi être un atout...* C'est d'abord un état avant d'être un atout. Après, c'est la vérité, on ne devrait pas être là, il y a un problème ! Donc profitons-en. Je ne sais pas s'il n'y aura pas de pression parce l'évènement et 60 000 spectateurs font que nécessairement, il y aura quelque chose. L'émotion peut se transformer en pression positive ou négative. On essaie de l'appréhender. Mais dire qu'on est content d'être là, non ! Est-ce que votre approche de la demi-finale était différente avec le Stade Français ? Oui, je crois, d'abord parce que sur les quatre que j'ai jouées avec le Stade en quatre années d'entraînement, il s'agissait d'un groupe très différent, avec un tout autre vécu. Et puis moi, j'étais un entraîneur qui se formait. Là, ça va faire ma septième année. Et c'était encore différent en tant que joueur. Quand je vois mes joueurs aujourd'hui, j'essaie de me projeter, je pense à nos premières années avec Colomiers quand on commençait à frapper aux portes des demi-finales et j'essaye de faire attention à ce qu'on en reproduise pas les mêmes erreurs. Quel genre d'erreurs? On n'avait pas bien su gérer l'émotion, je me souviens d'une demi-finale à Nîmes contre l'Usap, avec 35 000 Catalans, on a mené au score et on s'était totalement effondrés. Je ne voudrais pas qu'on perde le match sur ce terrain-là de l'émotion, si tu le perds sur le terrain du rugby, ce n'est pas grave. Même les grands joueurs confirmés, comme François (Trinh-Duc) ou comme Fufu (Ouedraogo), il n'est pas dit qu'ils n'aient pas un truc perturbateur. Justement, en termes de rugby, c'est une vraie opposition de styles qui vous est proposée face au Racing... Comment parler du Racing ? C'est bon partout, costaud partout. Ils ont un banc aussi dans un match, où il risque de faire chaud, en plein après-midi ; quand leur va se lever, il va falloir s'accrocher. Il y a toutes les armes au Racing, ils ont le pied, la vitesse, la puissance, l'expérience... individuelle, pas collective. "Chabal ? Ce sera une arme supplémentaire" Chabal ? Ce sera une arme supplémentaire. A priori, il sera remplaçant, donc il va rentrer, il va faire une grosse demi-heure dans son rôle d'impact-player. Pensez-vous qu'ils vont faire jouer leur puissance ? Oui, bien sûr. Il faut jouer avec ses armes, mais en fait, il vont, je pense, essayer de nous imposer leur vitesse au jeu. Quand ils vont vouloir être puissants, ils seront puissants, quand ils vont vouloir lâcher le ballon, ils seront rapides et puissants à la fois. Quand ils vont vouloir occuper le terrain, ils utiliseront Wisniewski, qui est un bon pied, Steyn, un pied énorme... Vous attendez-vous tout de même à voir votre équipe produire plus de jeu qu'à Castres ? Je ne sais pas... A Castres, il avait plu toute la journée et d'autre part, on avait été privé de ballon. Dans le jeu, il y a des ballons qui sont des faux amis. Ce qu'a très bien fait François (Trinh-Duc) à Castres, il a reconnu les faux amis et s'en est débarrassé de manière intelligente. Si on a de nouveau à faire à des faux amis samedi, il faudra savoir faire la même chose. Si on vous dit qu'il s'agit d'un match très ouvert: vous partagez cet avis ? Pffff... C'est une demi-finale, avant de la jouer, c'est toujours très ouvert. Il peut y avoir un scénario catastrophe et tu peux passer totalement à côté, ça peut être une dramaturgie, il peut y avoir du suspense, tu peux partir en prolongation... Mais ce qui est intéressant dans ces matches-là, c'est qu'un va rester, l'autre va partir. Tout est possible. Mais bon, je le répète, si on est là, et même si c'est une anomalie, c'est qu'on ne l'a pas volé.