Gabart: "Un super projet"

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Propos recueillis par Guillaume BARDOU , modifié à
Jour J pour François Gabart ce mardi. Le Champion de France de Course au Large 2010 met à l'eau son monocoque de 60 pieds, Macif, destiné au prochain Vendée Globe. A quelques heures du grand moment, le skipper se confie et évoque ses objectifs, entre préparation intensive et première course lors de la Transat Jacques Vabre où il sera associé à Sébastien Col.

Jour J pour François Gabart ce mardi. Le Champion de France de Course au Large 2010 met à l'eau son monocoque de 60 pieds, Macif, destiné au prochain Vendée Globe. A quelques heures du grand moment, le skipper se confie et évoque ses objectifs, entre préparation intensive et première course lors de la Transat Jacques Vabre où il sera associé à Sébastien Col. François, on imagine que vous êtes impatient d'enfin mettre à l'eau ce monocoque Macif destiné à de grandes courses dont le prochain Vendée Globe ? Oui, il y a beaucoup d'excitation évidemment car j'ai vraiment hâte que le bateau soit à l'eau. On a déjà fait une approche de la quille vendredi donc le bateau a déjà fait un petit tour dehors. Cela donnait envie de le mettre à l'eau de manière définitive, plus que ce simple aller-retour. On voulait vraiment valider ce premier point avant mardi. Macif, c'est aussi l'instrument pour balayer la déception de la Barcelona Word Race avec ce rapide abandon aux côtés de Michel Desjoyeaux ? Je n'ai pas eu le choix quelque part. Il fallait tout de suite se reconcentrer sur un nouveau projet et il est évident qu'avec un si beau projet, cela facilitait les choses pour tourner la page. La Barcelona World Race a été pour moi une confirmation que j'avais vraiment envie d'aller naviguer dans les mers du Sud, faire le Vendée Globe. J'ai la chance de pouvoir le faire donc je me suis vite reconcentré. Macif se présente comme le sistership de Foncia 2, comment se sont passées les dernières semaines avec l'équipe de CDK et Michel Desjoyeaux ? C'est vrai que quand on a lancé le projet, on n'est pas parti d'une feuille blanche, on est parti de Foncia 2 ce qui était beaucoup plus facile. On a un travail de fait en amont, il y a eu beaucoup de travaux de faits l'an dernier par l'équipe de Mer Agitée et par les diverses réflexions de Michel en 2010. On a eu la chance de naviguer en plus sur ce bateau là ce qui a un peu mâché le travail. On a ensuite cherché évidemment à améliorer quelque chose, mais en allant dans l'évolution. Il n y a pas de révolution. On a pris chaque petit détail pour essayer de l'améliorer, pleins de petites évolutions qui vont, on l'espère, dans le sens de la performance, de la sécurité. Quand je parle de performance, je pense surtout à l'ergonomie car on a beaucoup bossé dessus pour essayer d'avoir un bateau plus adapté au projet Macif et à l'utilisation que je fais moi du bateau. La Jacques-Vabre ? une épreuve de découverte et d'optimisation du bateau" Travailler sur l'ergonomie, c'est donc avant tout penser aux courses en solitaire, avoir le Vendée Globe dans le viseur ? Le bateau avait été pensé pour le Vendée Globe et c'est sûr qu'il faut faire des choix parfois. On ne peut pas avoir un bateau à la fois adapté à des courses en équipage et en solitaire. Et c'est vrai que les grandes course du projet Macif-Solidarité en mer sont des épreuves en solitaire : le Vendée Globe, la Route du Rhum. On a donc réfléchi là-dessus. Quel est le programme du coup de ces prochaines semaines avant la Transat Jacques Vabre ? Le programme, c'est naviguer ! (rires) L'idée est évidemment de valider tout ça, comme toutes les premières navigations mais encore plus pour ces prototypes. Il s'agit de vérifier que tout fonctionne bien. Ensuite, il y aura une partie d'optimisation pour voir ce qu'on peut améliorer. Enfin, il y aura un partie plus humaine avec de l'entrainement, des exercices de manoeuvre, apprendre à manier un bateau comme ça en double et en solitaire puisque j'aurais la chance en fin d'année de faire une transat retour qui servira de qualification pour le Vendée Globe. On a donc un programme assez chargé et qui se fera de toute façon avec beaucoup de temps sur l'eau. Une fin d'année qui sera marquée aussi par la Transat Jacques-Vabre. Comment abordez-vous cette première course avec Macif, quels seront les objectifs ? Pas d'objectif de victoires. Si on peut, on le fera ! On est des compétiteurs avec Sébastien Col donc on essaiera évidemment d'être devant mais il faut être réaliste. Le bateau sera tout juste mis à l'eau, avec Sébastien, nous n'avons pas une grande expérience du circuit Imoca, en tout cas par rapport à nos concurrents. On ne fera pas partie des favoris. Je pense que cette course sera une épreuve de découverte, d'optimisation du bateau dans la continuité de ce qui va se faire dans les prochaines semaines. Mais la course en large est difficilement prévisible donc si on peut être devant, on ne se privera pas d'aller titiller la tête de course. "Prendre mes responsabilités" Vous évoquiez Sébastien Col, un habitué de la Coupe de l'America. Était-ce un désir personnel de s'attacher les services d'un technicien pour avancer sur la réflexion, la compréhension de ce nouvel outil ? Sébastien a l'avantage d'avoir l'habitude de travailler sur les développements de bateau. Il l'a fait d'ailleurs avec brio avec Kito de Pavant en 2007. Il sait ce qu'est de découvrir un Imoca ou en Coupe de l'America avec une mise au point importante. Je suis donc content de travailler avec lui sur la préparation de Jacques Vabre et ça ne me dérange pas qu'il ait peut-être moins que d'autres une connaissance de l'Imoca car ça me permet aussi de prendre mes responsabilités sur le bateau, ne compter que sur moi et de prendre en main ce bateau. Pas de regrets du coup de ne pas faire la Solitaire du Figaro que vous devez quand même suivre d'un coin de l'oeil après votre deuxième place l'an passé ? Oui, j'aurais bien aimé commencer à naviguer il y a quinze jours comme les Figaristes. On ne peut pas tout faire ! Je n'ai donc aucun regret car je commence un super projet et je vais naviguer sur un super bateau dans quelques jours maintenant et je sais que ça n'aurait pas été réaliste ni opportun de faire la Solitaire du Figaro cette année car je n'aurai pas pu avoir la possibilité de me concentrer à 100% sur ce nouveau projet. Donc pas de regrets et j'ai vraiment hâte de faire du 60 pieds dans quelques jours !