Federer: "Une occasion spéciale"

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Jean-Baptiste BARETTA , modifié à
Vainqueur de David Ferrer ce samedi en demi-finales (7-5, 6-3), Roger Federer jouera dimanche la septième finale du Masters de sa carrière. En conférence de presse, le Suisse est revenu sur les moments cruciaux de son match, évoque sa progression depuis ces derniers mois et reste très heureux de maintenir son niveau de jeu élevé malgré les années qui passent.

Vainqueur de David Ferrer ce samedi en demi-finales (7-5, 6-3), Roger Federer jouera dimanche la septième finale du Masters de sa carrière. En conférence de presse, le Suisse est revenu sur les moments cruciaux de son match, évoque sa progression depuis ces derniers mois et reste très heureux de maintenir son niveau de jeu élevé malgré les années qui passent. Roger, quel est votre sentiment après ce match contre David Ferrer ? C'était un match compliqué. On peut facilement comprendre pourquoi il a battu Murray et Djokovic en poule. Il prend la balle très tôt, il joue dans les angles et il est très constant. Il sert mieux que dans le passé même si je pense que ce n'était pas son meilleur jour au service contre moi aujourd'hui, ce qui m'a permis de prendre l'avantage du fond du court. Ce jeu à 5-4 est la clé du match, j'ai pu le gagner puis breaker pour remporter la première manche et ensuite refaire le break d'entrée au début du second set. Cela a été 15-20 minutes cruciales dans le match pour moi. Je suis content d'avoir pu prendre les devants car, ensuite, j'ai mieux servi, bien varié mes coups et été dangereux. J'ai dû puiser dans mes réserves pour le battre. Pouvez-vous nous parler de ce jeu clé à 5-4 au premier set sur votre service ? A 5-4, j'étais un peu frustré, je crois que j'aurais dû gagner ce jeu plus rapidement. Devoir servir plusieurs fois à 40-A contre Ferrer, qui est très fort en retour, c'est très piégeux. Mais je suis content de ne pas avoir fait de double-faute, de ne pas lui avoir donné de points faciles. J'ai essayé de prendre les bonnes décisions, de penser point après point. Il y a beaucoup de choses qui se passent dans la tête dans ces moments-là. Je suis content de m'en être sorti. Vous êtes un joueur très émotionnel et pourtant vous avez battu tant de records. Est-ce surprenant pour vous ? Non. Je ne suis pas surpris par mon côté émotionnel, j'ai toujours été un joueur émotionnel surtout au début de ma carrière quand je perdais mais ensuite aussi quand je gagnais. Mais j'essaie de garder ça en moi pendant le tournoi car je sais que je dois préserver mon énergie en vue d'événements plus importants. Cela me fait un choc à chaque fois que j'atteins de nouvelles finales ou que je bats plusieurs fois le même joueur. Mais je suis très heureux et très fier d'avoir accompli tout cela et d'être resté à ce niveau pendant toutes ces années. C'est votre 12e victoire en douze matches contre Ferrer. Pourquoi est-ce si facile pour vous face à lui ? Ce n'est pas si facile que cela en a l'air. Aujourd'hui, cela n'a pas été un match évident. J'ai déjà eu des matches plus faciles contre lui. Ces derniers temps, nos affrontements ont été très physiques, très durs. Il s'est beaucoup amélioré. Il est bien ancré dans le top 10 et même dans le top 5. Je pense qu'il fera encore une grande saison l'an prochain. Il est l'un des meilleurs relanceurs du circuit. Il est très bon mentalement et physiquement. Il est un joueur très difficile à jouer. Qu'est-ce que cela représente pour vous d'être en finale et de tenter de remporter votre 6e victoire au Masters ? C'est une occasion spéciale. Jouer une 100e finale, remporter une 70e victoire en tournoi ainsi que mon 6e Masters, ce qui serait un record. Tout ce qui me reste à faire, c'est jouer demain un bon match contre un joueur dangereux. Si c'est Tsonga, j'aurai en face de moi un joueur très en confiance, qui joue bien en indoor et qui sera extrêmement dangereux, il croira en ses chances. Pareil pour Berdych. J'ai joué contre lui à Bercy. Il avait joué un énorme match contre Murray la veille de notre rencontre et n'avait pas eu beaucoup de chance de me rencontrer dès le lendemain car j'avais pu prendre avantage de cela. Avec la puissance que ces deux-là génèrent, je ne pourrais pas tout contrôler. Je dois les faire déjouer. Mais je les ai battus il n'y a pas longtemps donc je suis confiant, c'est un avantage pour moi. Mais le contexte sera différent. Ce serait drôle de rencontrer Tsonga une troisième fois en trois semaines. Je pense que le match sera serré entre eux et j'essaierai de le suivre. Vous n'avez pas gagné de Grand Chelem depuis près de deux ans et pourtant vous semblez être un bien meilleur joueur qu'auparavant. C'est un constat étrange. C'est normal de s'améliorer avec le temps. Pourquoi devrais-je être moins bon ? La confiance est importante mais elle peut partir et revenir. Tous les joueurs ont une base sur laquelle ils peuvent travailler. Avec le temps, plus l'on s'entraîne et plus l'on joue de matches et plus on s'améliore. J'étais faible avant sur mon revers mais tout le monde s'est mis à jouer dessus, ce qui m'a permis de l'améliorer. C'est pareil pour les autres joueurs. Je ne pense pas qu'au départ, le revers de Novak était un atout pour lui. Aujourd'hui, c'est devenu l'une de ses armes. Pareil pour Rafa qui avait du mal lorsqu'on frappait fort sur son coup droit. Aujourd'hui, ce n'est plus un problème pour lui. C'est intéressant de voir comment chaque joueur évolue. Mais il faut aussi s'approprier l'éthique du joueur, être professionnel: dormir, manger comme un joueur de tennis car il nous faut nous autogérer. Personne d'autre ne peut faire cela pour nous et c'est ce qui est difficile mentalement. Moi-même, je suis étonné d'être parvenu à rester à ce niveau aussi longtemps. Je suis content que mon niveau soit toujours aussi élevé et que mon corps réponde bien. En remportant votre 806e victoire, vous égalez Edberg. Qu'est-ce que cela représente pour vous ? Stefan était mon idole. J'ai eu la chance de pouvoir jouer avec lui l'année dernière et c'était comme un rêve pour moi. Pouvoir l'égaler, c'est super. Pour atteindre ce nombre de victoires en tournois, il faut rester en bonne santé sinon rien ne serait possible. Je suis très chanceux de pouvoir l'être. Vous rappelez-vous de votre première finale ? C'était contre Marc Rosset à Marseille en 2000. Marc est comme mon grand frère, j'étais donc nerveux de le rencontrer en finale. Ce match, je l'ai perdu de très peu et j'étais très triste car je me disais que je n'aurais peut-être pas la possibilité de gagner de nouveau un tournoi. C'était très fort émotionnellement, j'avais pleuré sur le terrain. J'ai joué plusieurs finales avant de gagner mon premier tournoi en 2001 à Milan, ce fut un grand soulagement.