Evra: "J'ai tourné la page"

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Propos recueillis par Thomas SINIECKI , modifié à
Patrice Evra n'est plus le même. Fini l'ancien capitaine rigolard des Bleus, le latéral gauche de Manchester United a fait comprendre mercredi à la presse qu'il souhaitait uniquement évoquer ses prestations sur le terrain, et rien d'autre. Sur la défensive, Evra estime qu'en n'étant plus capitaine, il n'a pas à s'épancher sur d'éventuels à-côtés.

Patrice Evra n'est plus le même. Fini l'ancien capitaine rigolard des Bleus, le latéral gauche de Manchester United a fait comprendre mercredi à la presse qu'il souhaitait uniquement évoquer ses prestations sur le terrain, et rien d'autre. Sur la défensive, Evra estime qu'en n'étant plus capitaine, il n'a pas à s'épancher sur d'éventuels à-côtés. Patrice, les choses sérieuses reprennent. Où en êtes-vous personnellement, vous sentez que la pression monte ? A vous de juger. Je suis content de mes deux dernières sorties, et en effet, ça passe aux choses sérieuses après les amicaux, avec ces deux matches de qualification. Quant à la pression, j'ai l'habitude, qu'il s'agisse de mon club ou de mon pays. Mais c'est vrai qu'on joue un peu notre avenir sur ces matches. Ce sera solide. L'Albanie là-bas, ce n'est pas facile. Mais on a des joueurs capables de faire avec cette pression. Ça va être un gros combat. Il faudra répondre physiquement et surtout jouer notre jeu, à terre. Et puis l'enjeu, il y en a toujours eu. Vous vous sentez plus léger désormais dans ce groupe ? Il y a moins de pression ? De la pression, il y en a toujours eu. Sinon, j'ai tourné la page et c'est une nouvelle aventure désormais. Je ne répondrai plus à ce genre de questions sur le passé, pas dans les médias. S'il faut, je le ferai seulement dans le vestiaire. Après, c'est toi qui prend tout sinon. La défense sera un peu particulière en Albanie, avec Abidal dans l'axe et l'absence de Sagna ? Ça peut être un problème ? Non, je ne pense pas. En Pologne, "Abi" et Kaboul étaient dans l'axe et moi à gauche, il me semble. Là, ce sera la même chose, il n'y a pas de souci. On a des joueurs de haut niveau et il faut s'adapter, ce sera un gros match. Il faudra faire avec l'atmosphère, la grosse pression du public... Si on commence à rater des passes, avec le public adverse, tu peux passer une bonne partie du match à avoir la pression. Il faudra tuer le match d'entrée, marquer rapidement. Vous connaissez cette équipe d'Albanie ? Est-ce que c'est encore plus dur d'être archi-favori sur un match de sélections, alors qu'en club la hiérarchie est globalement toujours respectée ? Je ne connais pas du tout l'Albanie, non. Mais il faut savoir qu'en sélection, il n'y a plus de petit match. La seule vérité, ce sera sur le terrain. Moi, j'ai envie de gagner toutes les rencontres, tout simplement. Avec la titularisation attendue d'Abidal dans l'axe, avez-vous le sentiment de jouer gros en Albanie pour récupérer peut-être définitivement votre place à gauche ? Ça, c'est à voir avec le sélectionneur. Je ne parlerai pas à ce sujet. Personnellement, je suis content de mes deux dernières sorties et je veux toujours faire plus. C'est tout ce que j'ai à dire à ce propos. Je ne parlerai pas non plus de Manchester, ici on est en équipe de France. "J'ai envie de parler de mes prestations, point barre" Le fait de ne plus avoir le brassard de capitaine de l'équipe de France, ça simplifie les choses pour vous au sein du groupe ? Vous êtes quand même un leader de cette équipe ? Ça ne simplifie rien du tout. Quand je dois aller vers les autres, je l'ai toujours fait, brassard ou pas. Et je continuerai à le faire. Quant à savoir si je suis un leader ou pas, je n'ai pas envie de parler de ça. J'ai envie de parler de mes prestations, point barre. Ribéry se sent des responsabilités envers les plus jeunes ? Tant mieux pour lui, moi je ne me sens rien du tout. Vous parliez de vos deux dernières prestations en bleu, qui vous avaient plutôt satisfait. Avez-vous évoqué ces matches avec Laurent Blanc ? Non, je n'ai pas besoin de parler au sélectionneur pour savoir si j'ai été bon ou pas. Je m'en rends compte moi-même. J'ai fonctionné de cette manière durant toute ma carrière, donc je ne vais pas changer maintenant. Revenons sur les deux matches à l'extérieur qui se profilent, alors. Le fait d'évoluer à l'extérieur, justement, changera-t-il votre style de jeu ? Non, ça ne changera rien du tout. Il faut aller vers l'offensive comme d'habitude, tout en étant efficace dans ses centres et dans ses passes. Je resterai le même sur ces matches-là, il n'y a pas de raison de modifier quoi que ce soit. La relation dans le jeu avec Ribéry est-elle plus compliquée qu'avec d'autres sur le côté gauche ? Malouda défend peut-être un peu plus, ça change quelque chose ? J'ai l'habitude de ne pas toujours être avec le même milieu, que ce soit en club ou en sélection. Ribéry comme Malouda sont de grands joueurs. Et avec Ribéry je dédoublerai quand même, pas de souci. Il fera son boulot et moi aussi, il n'y a pas de problème. Il défend aussi s'il le faut. Je ne me pose pas de question, je veux juste faire mon match et jouer pour mon pays. La France a rétrogradé au classement Fifa, qu'est-ce qui manque aux Bleus pour réintégrer le top 10 de cette hiérarchie internationale ? Ce qu'il manque ? Gagner, déjà, et se qualifier. On peut être bon ou nul dans le jeu, si on ne gagne pas, on restera à la même place, c'est mathématique. Après, l'important c'est de gagner des trophées, naturellement. "Je ne réponds plus à tout parce qu'il ne faut pas s'éparpiller" Est-ce qu'on reverra un jour un Evra déconneur à Clairefontaine ? Bien sûr ! Je sens que tout le monde a peur de moi depuis Knysna, mais je n'ai mangé personne. J'ai simplement envie de faire mon boulot le mieux possible. Je ne réponds plus à tout parce qu'il ne faut pas s'éparpiller. Je ne suis plus le capitaine, donc je n'en ai plus besoin. Mais sur le terrain et dans les vestiaires, je serai le même. Vous me posez des questions sur Marvin Martin, mais demandez au capitaine ! Pareil sur la santé du groupe, ce n'est pas mon boulot de répondre. C'est aussi sympa de jouer à Manchester qu'avec les Bleus ? C'est un privilège. Combien de personnes aimeraient être à ma place ? Comme je le dis toujours, ne pas jouer avec ma sélection, c'est faire mon métier à 50%. Chaque sélection est un privilège, mais il faut se remettre en question à chaque fois. Je l'ai toujours fait, et c'est pour ça que j'ai ce palmarès. Je n'ai pas toujours eu la même régularité en équipe de France qu'en club, mais je commence à la retrouver et c'est pour ça que je suis vraiment confiant. Si on vous proposait à nouveau le brassard de capitaine, vous l'accepteriez tout de suite ou vous y réfléchiriez à deux fois ? C'est une question difficile. Mais a priori, un brassard ça ne se refuse pas. Encore une fois, il faut voir ce genre de choses avec le sélectionneur. Il cherche ? Comme quoi, ça n'a pas l'air pas si facile de remplacer Evra (sourire) ! Dans le jeu, l'équipe a-t-elle encore beaucoup de progrès à faire ? Laurent Blanc vous en parle ? Oui, il nous parle tous les jours de jeu, de mouvement. Contre le Chili, il n'a pas trouvé ça normal que les adversaires aient la possession, et il faut y remédier. En Albanie, ce sera sûrement différent et il faudra bien s'en servir pour attaquer. Mais chaque jour on parle de football, oui. On a vraiment l'impression que les supposées grandes sélections ont plus de mal face aux soi-disant petites équipes, par rapport à la hiérarchie en club qui est souvent respectée. Pourquoi ? C'est différent, on n'a pas autant de temps pour travailler les automatismes. Surtout, beaucoup de joueurs sont transformés en sélection. C'est pour ça qu'on voit ce type de match. En Roumanie, ce n'est pas facile de tout, et en Albanie, on sent que ça pousse, que c'est un match de foot. Et sur un match de foot, ce n'est pas toujours le gros qui va gagner. Il faudra imposer notre rythme, être précis techniquement. VIDEO : Evra et son rôle chez les Bleus