Evans, la consécration

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François QUIVORON , modifié à
Après avoir échoué sur la deuxième marche du podium en 2007 et 2008, Cadel Evans a enfin décroché son Graal, remporter le Tour de France. A la faveur d'un bon contre-la-montre à Grenoble, 20e et avant-dernière étape de la Grande Boucle, l'Australien a effacé les 57 secondes de retard qu'il concédait à Andy Schleck pour connaître la consécration, à 34 ans. Mieux vaut tard que jamais.

Après avoir échoué sur la deuxième marche du podium en 2007 et 2008, Cadel Evans a enfin décroché son Graal, remporter le Tour de France. A la faveur d'un bon contre-la-montre à Grenoble, 20e et avant-dernière étape de la Grande Boucle, l'Australien a effacé les 57 secondes de retard qu'il concédait à Andy Schleck pour connaître la consécration, à 34 ans. Mieux vaut tard que jamais. C'est la victoire de la gestion parfaite et des calculs précis. C'est la victoire de la résistance et d'un potentiel exploité à sa pleine mesure. C'était sans doute l'année ou jamais, et Cadel Evans l'a fait: l'Australien a remporté le Tour de France, la course qu'il a toujours rêvée d'accrocher à son palmarès. En 2008, ce devait être aussi son année, mais Carlos Sastre avait été plus opportuniste, laissant Evans à ses regrets que l'on croyait éternels tant il avait pris la mauvaise habitude de buter sur la deuxième marche du podium (2e du Tour en 2007 et 2008, 2e du Critérium du Dauphiné en 2007, 2008, 2009 et 2011). Cette étiquette de "loser", il l'avait en partie décollée en devenant champion du monde à Mendrisio en 2009. Elle s'est définitivement envolée ce samedi, balayée par le souffle de sa performance dans le contre-la-montre de Grenoble, 20e et avant-dernière étape de l'édition 2011 du Tour de France. "Souvent, j'ai eu de la malchance, je ne me suis jamais plains. J'ai toujours cru à mon destin et j'espère que cette victoire fait plaisir à tout le monde", a-t-il déclaré devant la caméra d'Eurosport. Intrinsèquement plus fort qu'Andy Schleck dans l'effort solitaire, le leader de la BMC, distancé de 57 secondes au classement général avant le départ du chrono, n'a eu besoin que d'une demi-heure, sur les 55 minutes de son temps final, pour boucher l'écart avec le Luxembourgeois. Et cette fameuse étiquette de "loser" va peut-être s'accrocher au dossard du cadet des frères Schleck, deuxième de la Grande Boucle pour la troisième année consécutive. Evans: "J'ai travaillé très dur pour cela" Vainqueur d'étape cette année à Mûr-de-Bretagne, devant Alberto Contador, Evans va passer une seule journée avec le maillot jaune sur les épaules, ce sera dimanche sur les Champs-Elysées. Et le dicton "rien ne sert de courir, il faut arriver à point" s'applique parfaitement à la gestion de ses 21 jours de course. A l'abri des écueils et des chutes dans la première semaine, fatale à Contador, dans le tempo et jamais dans le rouge dans la traversée du Massif Central et dans les Pyrénées, le premier Australien en jaune à Paris a marqué ses plus dangereux adversaires dans les Alpes, à l'image de sa longue poursuite derrière Andy Schleck lors de l'étape du Galibier. Le voir attaquer relève du fantasme, lui-même n'est pas capable de le faire. Rouler et boucher les écarts, à l'usure et à la pédale, voilà sa marque de fabrique et la trace qu'il laissera sur le Tour 2011. Evans n'a certes pas l'élégance d'Andy Schleck, le coup de pédale de Contador et le panache de Thomas Voeckler, mais ses qualités, dont l'abnégation tient une bonne place, l'ont porté vers son unique objectif. La précision du travail de reconnaissance effectué avant le Tour, extrêmement minutieux, s'est exprimée sur le tracé du contre-la-montre autour de Grenoble que Schleck n'avait pas jugé bon d'étudier ou seulement à la vidéo. Et le résultat est cinglant: le coureur de l'équipe Leopard-Trek a concédé 2'31" sur Evans, deuxième temps de l'étape, sept secondes derrière l'Allemand de la HTC, Tony Martin (55'33"). Il n'y a pas de secret, le travail paie. Celui entrepris par Andy Schleck n'est pas encore suffisant pour gagner un Grand Tour. Façonné par Aldo Sassi, ancien médecin de l'équipe Mapei qui l'a épaulé lors de ses premières années sur route et l'a aidé dans sa transition avec le VTT, Evans a tenu à rendre hommage à celui qui s'est éteint d'une tumeur au cerveau en décembre dernier: "Je tiens à dédier cette victoire à Aldo Sassi, qui est décédé l'année passée. Un jour il m'a dit: "Tu peux gagner le tour." J'ai travaillé très dur pour cela, je tiens désormais à profiter de ce moment." Dimanche, sur les Champs-Elysées, il montera sur la plus haute marche du podium, là où il a toujours rêvé être.