Evans coiffe Contador

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Régis AUMONT , modifié à
Les favoris du Tour de France ont pu s'expliquer, mardi, dans les deux derniers kilomètres de la quatrième étape, dans le raidillon de Mûr-de-Bretagne. Et le plus costaud d'entre eux s'est révélé être Cadel Evans qui, d'un souffle, a coiffé Alberto Contador. L'Espagnol, grand perdant du premier week-end, a grignoté huit secondes sur Andy Schleck. Le maillot jaune demeure lui sur les épaules de Thor Hushovd.

Les favoris du Tour de France ont pu s'expliquer, mardi, dans les deux derniers kilomètres de la quatrième étape, dans le raidillon de Mûr-de-Bretagne. Et le plus costaud d'entre eux s'est révélé être Cadel Evans qui, d'un souffle, a coiffé Alberto Contador. L'Espagnol, grand perdant du premier week-end, a grignoté huit secondes sur Andy Schleck. Le maillot jaune demeure lui sur les épaules de Thor Hushovd. L'Alpe d'Huez bretonne a livré son verdict. La montée de Mûr-de-Bretagne, et ses deux kilomètres à 6.9% de moyenne, n'a pas déçu puisque les favoris du Tour de France, accompagnés de quelques-uns des meilleurs puncheurs, se sont livrés une belle bataille. On attendait beaucoup de Philippe Gilbert, très fort dans ce style d'arrivée en bosse, mais le Belge, qui fêtait ses 29 ans, n'a pas réussi à faire le doublé trois jours après avoir ouvert le Tour en fanfare. Cinquième, le premier maillot jaune de cette 98 édition s'est incliné face aux vrais grimpeurs, en premier lieu Cadel Evans qui, pour un boyau, a raflé la mise devant Alberto Contador. L'Espagnol, grand perdant du premier week-end, a montré qu'il ne lâcherait rien en reprenant, par exemple, huit secondes à son plus grand rival Andy Schleck. Pour son intrusion en Bretagne, avec la traversée des départements du Morbihan, des Côtes-d'Armor et du Finistère, le peloton a connu ses premiers tours de roue sous la pluie. Pour le reste, cette quatrième étape ne fut qu'un "copier-coller" des autres étapes en ligne déjà courues, avec un petit groupe d'échappés de la première heure contrôlé de manière mathématique puis repris au moment de l'emballage final. Les cinq courageux avaient aujourd'hui pour noms Roy (encore !), Kadri, Hoogerland, Erviti et Izagirre. Fuyards depuis le neuvième kilomètre, ils ont été avalés par le peloton à un peu plus de trois bornes du but, juste avant le pied de la bosse. Au moment où les cadors sont entrés en action. Evans: "Ça continue de sourire" Et le premier à vraiment flinguer n'était autre que Contador, le double vainqueur sortant déjà relégué à plus d'une minute trente des autres favoris au général - la faute essentiellement à la grosse chute survenue à dix kilomètres de l'arrivée de la première étape. Dans les plus forts pourcentages, allant jusqu'à 15% dans les premières rampes, l'Espagnol a placé une attaque sèche et efficace à laquelle neuf coureurs seulement ont répondu. Parmi eux, Cadel Evans bien sûr, mais aussi Frank Schleck, Samuel Sanchez, Alexandre Vinokourov, Jürgen Van den Broeck, Andreas Klöden, Philippe Gilbert et le maillot jaune Thor Hushovd. Andy Schleck ? Visiblement pas encore au top de sa forme, le leader de Leopard-Trek a un peu coincé, et donc perdu quelques secondes sur les dix meilleurs. "Quand ça a accéléré d'un coup, j'ai eu des difficultés à suivre, j'ai tenté de gérer mon effort, mais je ne suis pas arrivé au bout, a-t-il confié. Mais sept secondes (en fait huit, ndlr) de retard, ce n'est pas non plus une catastrophe." Certes, mais le rival annoncé comme le plus sérieux de Contador n'a pas rassuré ses supporters. Au contraire d'Evans qui, au fil des jours, confirme qu'il faudra sans doute compter sur lui, au moins dans la course au podium. Un temps maillot jaune virtuel, quand Hushovd peinait à suivre, l'Australien a pourtant semblé se désintéresser de cette tunique de leader qui reste finalement sur les épaules du Norvégien. "La situation actuelle est parfaite, avouait son directeur sportif chez BMC John Lelangue, il ne fallait pas prendre le maillot jaune trop tôt." L'intéressé, moins direct, voulait surtout savourer sa victoire, la première sur la Grande Boucle. "C'est évidemment incroyable, jubilait le deuxième du Tour 2007 et 2008. J'ai du mal à me rendre compte. Mais ça continue de sourire pour moi après un bon début de Tour de France." Alors que les grands favoris vont désormais pouvoir passer quelques jours cachés au sein du peloton, la forme des uns et des autres commence à se dévoiler. Et bien qu'il demeure neuvième du général avec pile 1 minute et 30 secondes d'avance sur Contador, Andy Schleck n'a toujours pas apporté de véritables réponses aux questions nées de son Tour de Suisse en dents de scie. La haute montagne, qui arrivera en fin de semaine prochaine dans les Pyrénées, sera néanmoins le vrai révélateur des forces en présence sur cette édition bien lancée.