Estebanez, au nom du XIII

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Thomas SINIECKI , modifié à
La suite de notre série de portraits des 30 Bleus sélectionnés pour la Coupe du monde conduit désormais à Fabrice Estebanez. Révélé à Brive, le centre portera les couleurs du Racing à son retour de Nouvelle-Zélande. Une échéance qu'il espère repousser le plus tard possible, lui qui a une vraie carte à jouer au côté de Rougerie. Gros plan sur le parcours atypique d'un ancien treiziste, encore plombier il y a peu.

La suite de notre série de portraits des 30 Bleus sélectionnés pour la Coupe du monde conduit désormais à Fabrice Estebanez. Révélé à Brive, le centre portera les couleurs du Racing à son retour de Nouvelle-Zélande. Une échéance qu'il espère repousser le plus tard possible, lui qui a une vraie carte à jouer au côté de Rougerie. Gros plan sur le parcours atypique d'un ancien treiziste, encore plombier il y a peu. Du XIII, il passe au 12. Décryptage: Fabrice Estebanez, ancien treiziste, a toutes ses chances de disputer en n°12 la Coupe du monde de rugby... à XV. Le raccourci est un peu compliqué pour résumer la situation du néo-Racingman. Mais c'est à l'image de sa carrière, jalonnée d'embûches. Pour en arriver au rêve de sa vie, il lui a fallu multiplier les aventures, au sein d'un parcours de sportif - et d'homme - déjà bien rempli. Encore plombier il y a six ans, le natif de Carcassonne n'a jamais semblé aussi près de conquérir ses galons de titulaire chez les Bleus, tant par la grâce de ses performances lors des deux tests contre l'Irlande, que de la fragilité de son principal concurrent, Maxime Mermoz. Force est de constater que le moment est bien venu... A Pamiers, sa ville d'adoption, tout le prédestinait pourtant au XV. Son départ vers Colomiers, où il joue en Reichel puis en Espoirs, semblait être la rampe de lancement traditionnelle d'un jeune joueur prometteur. Pas de chance, les Columérins ne lui proposeront pas de contrat en 2000, au moment où Estebanez aurait pu passer professionnel. Ils s'en mordront les doigts longtemps après, mais auraient pu ne jamais s'en rendre compte. Ce sentiment d'être délaissé par le rugby le pousse en effet vers le jeu, celui à XIII. Limoux va en profiter, mais ce sera donnant-donnant: dans l'Aude, Estebanez devient international à XIII et inscrit notamment la bagatelle de dix essais lors d'un match face à la Serbie ! Le tout en réparant des tuyaux, toujours... "Je suis fier de ce que j'ai fait" Parti à Toulouse - encore à XIII, bien sûr - en 2004, le futur Briviste est pisté par les Dragons catalans l'année d'après. Mais le transfert capote... De retour au XV à Gaillac, en Fédérale 1 en 2005 puis en Pro D2 en 2006, Estebanez doit se voir maudit, puisque le club du Tarn met la clé sous la porte deux ans après son arrivée. Retour à la case plomberie, avant l'apparition divine: celle du CAB, qui va voler à son secours lors de l'été 2007 pour le faire jouer en Top 14. En Corrèze, Estebanez est lancé. Et cette fois, plus grand-chose ne l'arrêtera. Mais même au haut niveau, le centre a encore fait dans l'originalité sous les couleurs brivistes. En 2009-2010, il se révèle ainsi à l'arrière, ou même à l'ouverture. C'est d'ailleurs à ce poste qu'il tape dans l'oeil de Marc Lièvremont, qui le convoque pour le Tournoi 2010. Il ne disputera pas une minute du Grand Chelem, mais fêtera sa première sélection, au centre, à la fin de l'année face aux Fidji, à Nantes (34-12), avec le droit de disputer le match en entier. Pas de doute toutefois, c'est bien au centre qu'il a réussi la performance d'éjecter de la liste des 30 des mastodontes du rugby français, tels que Jauzion ou Poitrenaud. "J'ai un parcours qui n'est pas commun, confirmait-il récemment à RMC. Je suis fier de ce que j'ai fait. Je le serai encore plus si, dans deux mois, on arrive à notre objectif d'être champion du monde. Ce serait quelque chose de formidable." Sa performance lors du dernier test-match remporté en Irlande (26-22) lui autorise désormais l'espoir fou de vivre un Mondial dans la peau d'un titulaire au côté de Rougerie. En revenant, il reprendra le fil de ses plaisirs simples, comme il l'indiquait samedi sur son compte Twitter: "J'ai enfin commandé mon Harley pour mon retour sur Paris, le plus tard possible bien sûr..." Bien sûr.