Emmanuelli: "A la muerte"

  • Copié
Propos recueillis par Krystel Roche , modifié à
Battu par l'Usap il y a deux semaines en quarts de finale de la H-Cup (25-29), Toulon retrouve Perpignan samedi à l'occasion de la 25e journée du Top 14 avec pour obligation de l'emporter afin de rester en course pour les phases finales. Laurent Emmanuelli, le pilier varois, s'est confié à Rugbynews avant la rencontre.

Battu par l'Usap il y a deux semaines en quarts de finale de la H-Cup (25-29), Toulon retrouve Perpignan samedi à l'occasion de la 25e journée du Top 14 avec pour obligation de l'emporter afin de rester en course pour les phases finales. Laurent Emmanuelli, le pilier varois, s'est confié à Rugbynews avant la rencontre. Laurent, la réception de l'USAP est-elle une rencontre que l'on attend avec une impatience particulière, ou, quelque part, un match « comme un autre » ? On l'aborde comme tous les autres, parce que de toute façon, ce sera pour nous l'occasion de nous maintenir en vie et de conserver toutes nos chances de qualification. Il nous reste deux matches pour essayer d'être dans les clous. On veut prendre match après match pour ne pas avoir de désillusion. On ne veut pas gagner les matches avant de les avoir joués... Cette équipe de Perpignan, a un moment donné, a dit qu'elle ne pourrait pas jouer sur les deux tableaux. Mais elle est déjà qualifiée pour la demi-finale, et l'on se rend compte qu'elle s'est bien reprise et qu'elle est capable d'aligner une équipe compétitive pour rester au contact dans les deux compétitions. Même si l'on ne doit pas parler de « revanche », tout le monde est tenté de penser que vous aurez à coeur de laver l'affront de Barcelone. Revanche n'est pas le maître mot. Comptablement, on a besoin de ces points pour continuer à espérer pouvoir se qualifier en championnat. C'est uniquement ça. Ce n'est pas une revanche. Il y a 15 jours, c'était une autre compétition. De toute façon, même si l'on avait eu le bonheur de gagner à Barcelone, on aurait été dans le même état d'esprit, puisque l'objectif prioritaire est le Top 14. Se frotter à la même formation à deux reprises en l'espace de 15 jours est toujours particulier... C'est sûr. C'est une chose dont on a peu l'habitude mais qui peut arriver soit lorsqu'on dispute des phases finales, soit lorsqu'on tombe dans des poules où il y a plusieurs équipes françaises. Là, il s'est avéré que l'on est tombés contre l'USAP en quarts (ça aurait très bien pu être une autre équipe si le classement avait été différent) et que ça a coïncidé avec la réception de Perpignan à Mayol quasiment à la même époque. Mais c'est une autre compétition, un autre débat. Il faudra juste que l'on soit dans les meilleures dispositions pour l'emporter contre l'USAP. "Totu gagner jusqu'à la fin" Même s'il faut bien dissocier ce qui se passe côté européen et côté championnat, dirais-tu que cette victoire face au Stade Toulousain a reglonflé le moral des troupes après la déception de Montjuic ? Oui. Et puis ce sont, chaque fois, des matches « a la muerte ». On sait qu'il faut gagner pour rester en vie, car toutes les équipes de la 1ère à la 8e place sont au coude à coude, et que celle qui va laisser des points en route s'éliminera quasi instantanément. Cette semaine, y a-t-il eu au sein du groupe une application toute particulière ? Le discours du staff a-t-il changé ? Certainement qu'il y a encore plus d'application que d'accoutumée, mais pour nous, de toute façon, la marche à suivre est simple : chaque match nous permet d'espérer entrevoir une qualification. Mais on sait qu'au 1er match perdu, tout s'effondre, tout bascule. Nous sommes vraiment dans une spirale de phase finale depuis un moment, tout en étant toujours en phase régulière: chaque match devient un match couperet ! Nous avons perdu à Agen, derrière a perdu à Castres: ces points nous ont fait défaut. Maintenant, nous sommes tenus de tout gagner jusqu'à la fin. Le week-end dernier, vous et Perpignan avez battu respectivement le leader (le Stade Toulousain) et son dauphin (le Racing Metro 92). Comme tu le disais, de la 1ère à la 8e place, vous vous tenez dans un mouchoir de poche. La qualification va valoir extrêmement cher... Le niveau s'est vraiment resserré ? Oui. C'est la nouvelle formule. C'est ce qui fait l'attraction, le charme de notre championnat : tout le monde est au coude à coude, et jusqu'à la fin, nul ne peut affirmer s'être qualifié assurément (hormis Toulouse, qui l'est d'ores et déjà). Il y a quelques temps, à pareille époque, on savait déjà qui était demi- finaliste ou qui ne l'était pas. Alors que là, ce n'est pas complètement décidé. Bien sûr, c'est excitant pour le spectateur, pour le spectacle qu'il peut y avoir à chaque journée, et motivant pour les joueurs car, maintenant, il n'y a plus d'échappatoire : soit on gagne, soit on reste sur le bord de la route. Cette nouvelle formule du championnat, qui laisse une chance aux 6 premières équipes du classement : est-ce une bonne chose ? Au moins, le suspens est conservé jusqu'au bout. Après, si nous avions su gagner certains matches, ou prendre certains bonus (tant offensifs que défensifs) que l'on a laissés passer, peut-être que l'on serait un peu moins obligés de cravacher dur. Maintenant, c'est comme ça. Les saisons se suivent mais ne se ressemblent pas. Et si l'on veut prouver que l'on est une bonne équipe, il faut que l'on soit capables de se qualifier quelles que soient les circonstances. "Il faut gagner, quoiqu'il arrive" La fin de saison s'annonce haletante, d'autant que vous vous frottez lors de ces deux dernières journées... à deux concurrents directs (l'USAP et le MHR, ndlr). Tout à fait. Ça va être... jusqu'au bout ! Que redoutes-tu le plus de ces Catalans ? Cette capacité à mettre beaucoup de combat, beaucoup d'agressivité dans les rencontres. Perpignan est une équipe qui avance, et difficile à contenir. Notre tâche va se cantonner à essayer d'avoir des bases solides, une bonne conquête, et de laisser le moins possible de munitions en route. Car aussi bien en contre-attaque qu'en possession directe, ils sont redoutables. Je crois qu'ils jouent de manière décomplexée, sont encore en course dans les deux tableaux, ont repris confiance depuis quelques temps. Ça ne va pas être une sinécure de jouer contre eux... Quels enseignements avez-vous tirés de votre confrontation d'il y a 15 jours ? Oui. Et à un moment-donné, on a été en mesure de faire basculer le match en notre faveur, mais nous n'avons pas été capables de le faire. Eux, en revanche, sont restés dans la partie, et lorsqu'ils ont eu l'opportunité d'avoir la mainmise sur le match, ils l'ont fait certainement mieux que nous, ce qui leur a permis de l'emporter. Quels éléments te permettent d'être optimiste en vue de ce match ? On reçoit à la maison. Il faut que l'on soit à la hauteur de l'événement. Et, encore une fois, je me répète, mais c'est comme « le but en or » : on est obligés de gagner pour s'en sortir ! A la fin, il ne peut en rester qu'un... Il faut faire en sorte que ce soit nous, c'est tout. L'équation est simple: il faut gagner, quoi qu'il arrive. La manière est importante, c'est sûr, mais là, c'est le résultat qui prévaut. "Beaucoup d'attente à Mayol" Le dernier match de la saison à Mayol est un match que l'on aborde toujours un peu différemment des autres ? Oui. D'autant plus que des joueurs vont quitter le club, d'autres arrêter leur carrière, je pense notamment à mon ami Pierre Mignoni. Ce sont donc des matches particuliers. Très particulier... C'est sûr. Et il y aura beaucoup d'attente à Mayol, comme chaque fois. Mais encore plus à cette époque, lorsqu'on est proche de la fin. Avoir goûté aux phases finales lors du précédent exercice vous donne forcément envie de revivre ça... voire plus ? Je crois que l'on est tous des compétiteurs dans l'âme. On a tous envie de faire en sorte que la saison dure le plus longtemps possible, envie d'aller au bout des choses. Après, je crois qu'il ne faut pas se projeter là-dessus. Mais on n'en est pas encore là. Voyons d'abord Perpignan. Et si l'on a le bonheur de gagner ce week-end, gagner l'autre match dans 15 jours pour pouvoir espérer plus par la suite. L'USAP réussit à être compétitive aussi bien en H Cup qu'en Top 14. Cependant, ne risquent-ils pas de faire l'impasse sur le championnat en mettant toutes leurs forces dans la bataille européenne ? Ça, c'est l'avenir qui le dira. Mais je crois qu'ils ont tout de même un effectif riche, la possibilité de faire tourner. Certains joueurs ont peut être moins joué que d'autres, envie de prouver. A chaque match suffit sa peine, et chaque match est un match différent. Je crois que l'USAP est une équipe qui a des ressources et il faudra une très bonne équipe de Toulon pour en venir à bout. Physiquement: comment va le groupe ? La saison dure, les organismes sont mis à rude épreuve... Quels que soient les petits pépins des uns des autres, c'est le lot de tout joueur de rugby professionnel, de tout sportif de haut niveau. La suite est tellement exaltante... Tout le monde oublie ses petits malheurs, ses petits tracas, et met toutes ses forces dans la bataille.