Embouteillage à New York

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
C'est la saison des records sur l'Atlantique ! Comme chaque année à pareille époque, les chasseurs de records se sont regroupés à New York pour s'attaquer aux temps de référence sur la traversée de l'Atlantique Nord d'ouest en est. En une semaine, «Big Apple» a ainsi vu accoster trois trimarans, Banque Populaire V et Groupama 3, qui visent le record en équipage détenu par le second, et Sodeb'O de Thomas Coville qui s'attaque à son propre record.

C'est la saison des records sur l'Atlantique ! Comme chaque année à pareille époque, les chasseurs de records se sont regroupés à New York pour s'attaquer aux temps de référence sur la traversée de l'Atlantique Nord d'ouest en est. En une semaine, «Big Apple» a ainsi vu accoster trois trimarans, Banque Populaire V et Groupama 3, qui visent le record en équipage détenu par le second, et Sodeb'O de Thomas Coville qui s'attaque à son propre record.New York a depuis cette semaine des faux airs de Port-la-Forêt, Lorient ou La Trinité-sur-Mer ! En quelques jours, la Marina de Gateway dans le sud de Brooklyn a en effet vu débarquer trois libellules des mers menées par des équipages majoritairement composés de Bretons, issus pour la plupart des trois pôles de la course au large sur le littoral Ouest. Tour à tour, sont ainsi venus s'amarrer Sodeb'O de Thomas Coville, puis le plus grand trimaran de course du monde, l'impressionnant Banque Populaire V (40 mètres), et, dernier arrivé dans la nuit de mercredi à jeudi, le Groupama 3 de Franck Cammas. Mais qu'on ne s'y trompe pas, tout ce petit monde n'a pas traversé l'Atlantique pour faire du tourisme à Brooklyn ou Manhattan, mais bien pour tenter d'établir entre le Phare d'Ambrose, situé au large de «Big Apple», et le Cap Lizard, au sud-ouest de l'Angleterre, un nouveau temps de référence sur l'Atlantique Nord.Deux d'entre eux, Banque Populaire V et Groupama 3, visent le record en équipage, détenu par le second depuis juillet 2007 en 4 jours 3 heures 57 minutes et 44 secondes, tandis que Sodeb'O s'attaque à son propre record, qui n'a même pas un an, de 5 jours 19 heures 29 minutes et 20 secondes. Arrivé le 26 juin sous les tours de Manhattan, Thomas Coville, reparti pour une campagne de records avec dans le viseur celui du tour du monde de Francis Joyon, ne reste pas insensible au prestige de l'endroit, lui qui confie: "On a tous ce rêve de partir de New York qui rajoute une connotation fantastique à une transat." Reste que, une fois son bateau remis en configuration record par son équipe technique, le Breton sait que l'heure n'est déjà plus aux rêveries, mais bien à l'étude minutieuse des fichiers météo, en compagnie de ses routeurs, le fidèle Christian Dumard et Richard Silvani, de Météo France.Car vu que la barre a été mise très haut par l'intéressé lui-même, la marge de manoeuvre devient de plus en plus étroite, même si Thomas Coville, qui avait aligné une moyenne de 20,97 noeuds l'an dernier, estime qu'on peut aller plus vite: "L'Atlantique Nord en moins de six jours, ce n'est pas surhumain. On peut même descendre en solitaire sous les cinq jours avec une bonne météo, il faut pour cela accrocher un système et ne pas le lâcher." Et le skipper de Sodeb'o, fort de son statut de «tenant du titre», de promettre, si les conditions le permettent, de se lâcher encore davantage qu'en 2008: "Avec le bateau qu'on a aujourd'hui, on peut faire mieux que l'an dernier. En 2008, sur les dernières heures, on avait été conservateur sur la météo. On savait qu'on allait le battre si on ne cassait pas. On pense qu'on va prendre plus de risques cette année."Bidégorry: "Un tableau était d'un film de Steven Spielberg !"Des risques, Banque Populaire V et Groupama 3 devront également en prendre, eux qui pourraient très bien partir de concert, même si d'un côté comme de l'autre, on n'est guère séduit par l'idée, la confrontation directe ajoutant du stress à une course contre le temps qui apporte déjà son lot d'adrénaline. Mais même si Pascal Bidégorry et Franck Cammas ne le souhaitent pas forcément, il y a de bonnes chances que leurs analyses météo seront à peu près similaire au moment de choisir leur fenêtre de départ, ce qui ne manquera pas de donner davantage de piment à leurs tentatives et peut préfigurer un duel similaire en fin d'année lorsqu'il s'agira de s'attaquer au Trophée Jules-Verne autour du monde.On n'en est pas encore là, et pour l'heure, tout ce petit monde se prépare pour les uns, se remet du convoyage pour les autres, comme à bord de Groupama 3 où Frédéric Le Peutrec, tout juste débarqué, confie: "Nous sommes super contents d'être arrivés à bord d'un bateau en parfait état. Pourtant, la dernière journée a été difficile. Après la brume, nous avons eu droit à de gros grains orageux accompagnés d'éclairs, de foudre et de tonnerre. Le vent est monté jusqu'à 40 noeuds en tournant dans tous les sens. Toute la voilure y est passée pour finir sous grand voile seule avec deux ris."Quasiment les mêmes conditions qui ont accueilli cinq jours plus tôt Pascal Bidégorry et ses hommes (dont Yann Eliès) qui, eux aussi, ont eu le droit à un gros orage la veille de s'amarrer à New York. "Nous avons terminé notre navigation sous un orage incroyable avec la tempête et 40 noeuds de vent à 25 milles de l'arrivée. Des nuages aux couleurs, en passant par l'atmosphère qui régnait à bord... le tableau était digne d'un film de Steven Spielberg !", commentait ainsi le Basque qui attend avec impatience de s'élancer pour sa première tentative de record, lui qui, au printemps dernier, a été contraint de ronger son frein pendant plusieurs semaines à Cadix avant de renoncer à sa tentative sur la Route de la Découverte, faute de fenêtre météo. Espérons pour lui et ses comparses, mais également pour Thomas Coville et l'équipage de Groupama 3, que l'attente new-yorkaise ne sera pas aussi longue, faute de quoi ils pourront cette fois s'adonner aux joies du tourisme...