Duboscq: "Je suis un vieux nageur"

  • Copié
Propos recueillis par LAURENT DUYCK , modifié à
Déjà présent en 2001, Hugues Duboscq, le nageur le plus capé de l'équipe de France avec deux participations aux Jeux Olympiques et cinq championnats du monde en grand bassin, aborde les Mondiaux de Shanghai comme une étape vers les JO de Londres. Mais avec la ferme intention de donner son maximum. Comme d'habitude.

Déjà présent en 2001, Hugues Duboscq, le nageur le plus capé de l'équipe de France avec deux participations aux Jeux Olympiques et cinq championnats du monde en grand bassin, aborde les Mondiaux de Shanghai comme une étape vers les JO de Londres. Mais avec la ferme intention de donner son maximum. Comme d'habitude. Qu'attendez-vous de ces Mondiaux de Shanghai ? C'est une répétition générale avant les Jeux. Aux championnats du monde, un an avant les Jeux, souvent il n'y a pas de surprise, du moins en brasse. La hiérarchie s'établit un peu comme ça. C'est une base de travail. L'objectif sera de se placer en se qualifiant avant tout pour les finales. Et puis une fois en finale, l'idée sera de sortir une grosse course, comme d'habitude, à ce stade-là, on n'a plus rien à perdre. C'est ma façon de marcher, monter les marches les unes après les autres en évitant l'erreur de passer à la trappe en séries. J'arrive avec de l'envie mais si ça ne passe pas, tant pis, l'important c'est l'année prochaine. Comment vous sentez-vous à la veille de plonger dans la compétition ? Bien, les sensations dans l'eau à l'entraînement sont plutôt bonnes. Les deux entraînements que l'on a fait dans la piscine de compétition se sont bien passés. La vitesse est là, les appuis sont là. Et ça fait du bien d'être arrivé ici à Shanghai, de voir les amis et les adversaires autour du bassin. On sent que la compétition commence. Il ne reste plus qu'à se mettre en configuration compétition avec le rasage, le coupage de cheveux... Ça fait 11 ans que vous êtes en équipe de France. Comment avez-vous géré ces derniers jours avant le début de la compétition ? C'est toujours pareil. A Singapour, on est entré dans la phase d'affutage. Les entraînements ont vraiment été courts, on a retrouvé de la vitesse, les sensations sont revenues petit à petit. Finalement, c'est le meilleur moment de la saison. Un dernier stage de préparation réussi est-il un gage de succès en compétition ? De mémoire... non, parce que ça dépend aussi des forces en présence sur place. Et puis, de comment se déroule la compétition. J'ai souvenir qu'à Budapest, en 2006, au début de ma traversée du désert, à l'entraînement tout allait bien. Et puis ce n'est pas pour autant que ça s'était bien passé en compétition. Même chose en 2007 à Melbourne. La paternité et l'éloignement changent-il quelque chose dans votre préparation ? Non, je m'y étais préparé longtemps à l'avance. Les moyens de communication permettent de faire passer la pilule. Quand je suis dans l'eau, je ne pense pas du tout à ça, j'ai vraiment réussi à bien tout cloisonner dans ma tête. Vous avez décroché l'argent à Rome en 2009 sur 100m brasse. Pouvez-vous rêver mieux cette année ? Je vais déjà essayer de remonter sur le podium. Après l'or, c'est chaud. Il y a deux ans Kozuke (Kitajima) n'était pas là. C'est lui le n°1 mondial de tous les temps en brasse. Il est là aujourd'hui. Il y a lui et d'autres brasseurs qui sont là. Je vais essayer de tirer mon épingle du jeu en essayant d'abord de me qualifier en finale. Y a-t-il quelque chose à faire avec le 4x100m 4 nages ? On pourra être dans la bataille. Au moins pour le podium. Après, le titre, ça reste la propriété des Américains depuis des années. Aller défier cette grosse équipe américaine va être un beau challenge. Mais sait-on jamais. ça sera la dernière course, notre dernier challenge et on aura tous envie d'y aller à fond. Il y a quelque chose dans ce relais. "Montrer l'exemple par mon comportement" Qu'avez-vous retenu de l'Open EDF, votre seule sortie de l'année depuis les Championnats de France de Strasbourg ? Qu'il faut que je me repose pour nager vite. C'est la première leçon. Ça ne s'est pas trop mal déroulé, même si on veut toujours faire mieux, si on peut toujours nager plus vite. Les sensations n'étaient pas là mais tout ça s'explique par le manque de fraîcheur, le manque de repos, parce qu'aujourd'hui, je suis un vieux nageur (sourire). Je dois vraiment orienter ma préparation sur le repos maintenant. On a l'impression que vous vous êtes fait une spécialité d'arriver caché sur les grands rendez-vous... Ce n'est pas une spécialité. Moi, je bosse vraiment très dur tout au long de l'année et je n'arrive vraiment à nager vite que quand je suis préparé, affuté. On est préparé maximum que deux fois dans l'année. J'essaie de répondre présent aux championnats de France, c'est une mini-préparation, pas forcément aussi aboutie que pour des championnats du monde ou des championnats d'Europe. Jusqu'à présent, ça marche plutôt bien comme ça donc je ne vois pas pourquoi je changerais. Et puis, si je ne fais pas énormément de sorties en compétition, c'est que j'ai envie d'être à la maison, envie de me reposer pour bosser dur à l'entraînement. Votre statut d'ancien vous confère-t-il un rôle particulier ? Je n'ai pas de conseil à donner. Je peux simplement montrer l'exemple par mon comportement. Il n'y a que deux jeunes qui découvrent l'équipe. Et ils ne sont pas arrivés ici par hasard, ils savent comment ça se passe. On ne vient pas me voir en tant que grand sage... On discute, on échange tout simplement et il y a peut-être des messages qui passent à ce moment-là. Mais je n'ai pas la parole divine. On est une équipe compétitive et tous avons les clés du succès entre les mains. Il n'y a plus qu'à les utiliser. Avez-vous joué les médiateurs quand certains se sont lancé des piques par presse interposée ? Non, même pas. Je n'ai même pas suivi l'affaire. Ça m'est passé là (il fait un geste au-dessus de sa tête, ndlr). Le but du jeu, c'est de régler ça en interne, de se voir entre quatre yeux et de discuter. C'est la meilleure des façons de régler les choses. Mais ils sont grands, ils savent ce qu'il faut faire. Avec tant d'égos, cet épisode ne doit pas être isolé, non ? Peut-être (rires). Tout ça, je m'en fous, j'ai une mémoire très sélective, tout ce qui m'intéresse pas, c'est zappé dans la minute qui suit. Moi je suis brasseur, c'est un monde à part (sourire).