Domenech ne laisse pas froid

  • Copié
LAURENT DUYCK , modifié à
Sorti de son silence dans un entretien accordé à L'Express, dans les kiosques ce mercredi, pour rétablir "sa vérité" sur le fiasco de l'équipe de France en Afrique du Sud, Raymond Domenech aura au moins réussi à refaire parler de lui. Attaqués par l'ancien sélectionneur des Bleus, Roselyne Bachelot, William Gallas mais aussi les champions du monde 1998 lui répondent.

Sorti de son silence dans un entretien accordé à L'Express, dans les kiosques ce mercredi, pour rétablir "sa vérité" sur le fiasco de l'équipe de France en Afrique du Sud, Raymond Domenech aura au moins réussi à refaire parler de lui. Attaqués par l'ancien sélectionneur des Bleus, Roselyne Bachelot, William Gallas mais aussi les champions du monde 1998 lui répondent. Le timing était bien choisi. Au coeur d'une période creuse pour l'équipe de France qui ne rejouera pas avant fin mars. Et suffisamment loin de la fin de la saison pour se rappeler au bon souvenir du monde du football. La ligne de défense double de Raymond Domenech : avouer d'un côté une part de responsabilités dans la faillite de Knysna - "Soyons clair ; je me suis planté, je n'ai pas dû choisir les bons joueurs ni trouver les mots qu'il fallait", déclare-t-il - tout en n'exonérant pas les joueurs qu'ils qualifient de "sales gosses inconscients", et attaquer de l'autre les politiques et les "anciens joueurs reconvertis dans le journalisme" dont il n'accepte pas la critique. Une sortie dans les colonnes de L'Express, la première depuis la Coupe du monde 2010, qui, il fallait sans douter, n'est pas restée sans réponse. Tout sourire à l'issue de la victoire de Tottenham à Milan en huitième de finale aller de la Ligue des champions, William Gallas a évoqué le sujet du bout des lèvres. "Je ne répondrai pas à ses critiques, je dirai simplement qu'avant de parler, il faudrait qu'il se regarde un peu, c'est tout", a déclaré l'ancien défenseur central des Bleus, rapporte RMC. "C'est trop facile de juger les joueurs. Vu l'encadrement qu'il y avait, je peux vous dire que c'était très difficile pour nous. Voilà ce que je peux dire. On nous a jugés trop facilement, on a reposé la faute sur tous les joueurs. C'est vrai que c'est nous qui avons pris la décision de faire grève, mais pourquoi ? Posez-vous les bonnes questions! Pourquoi a-t-on fait la grève ? Moi je n'ai pas à répondre, ce que je peux dire, c'est qu'on n'est pas des gamins immatures, loin de là." Lizarazu: "C'est un manipulateur" Montrés du doigt par l'ancien sélectionneur de l'équipe de France pour avoir osé "parler de morale et donner des leçons", Christophe Dugarry et Bixente Lizarazu, aujourd'hui bien installés dans les médias, se sont montrés plus directs dans leur défense. "Raymond Domenech restera pour moi une éternelle énigme", a réagi le premier au micro d'Infosport. "J'ai lu que nous, les anciens de 98, nous nous étions attaqué à la morale de Raymond Domenech alors que ce n'est absolument pas le cas, cela ne l'a jamais été, nous avons toujours essayé de nous concentrer sur le sportif". Et là, le champion du monde 98 reste sur sa faim. "J'aurais aimé savoir pourquoi depuis 2008 l'équipe de France n'arrivait pas à faire trois passes d'affilée, pourquoi les joueurs venaient en équipe de France en reculant". Une critique partagée par l'ancien latéral gauche du Bayern Munich. "J'ai passé mon temps à parler foot avec lui sans jamais obtenir de réponses. Dans cette interview, il n'y a pas du tout de choses sur le foot. J'aurais été intéressé d'avoir, par exemple, son avis sur Anelka et son rôle sur le terrain", a-t-il expliqué au micro de RTL où il tient une émission. "Je pense que le fond du problème, c'est que [Domenech] est un manipulateur. A un moment donné, quand tu passes ton temps à manipuler, ça se retourne contre toi, et surtout ton discours n'est plus crédible", a-t-il ajouté. Et Dugarry de s'interroger sur le timing de cette sortie : "Il suffit que l'équipe de France commence à retrouver des sensations, des couleurs, et du vrai football pour que lui sorte son article". Tenu par son devoir de réserve, la Fédération française de football (FFF) étant en conflit avec l'intéressé (une audience de conciliation est prévue le 14 avril prochain), Fernand Duchaussoy s'est contenté d'une réponse lapidaire. Ancienne ministre des Sports, aujourd'hui en charge des Solidarités et de la Cohésion sociale, Roselyne Bachelot, qui était venue parler aux joueurs avant le dernier match contre l'Afrique du Sud, n'a elle pas apprécié la pique de Domenech. "Ce qui est sûr, c'est que la prestation de Raymond Domenech durant cette Coupe du monde n'a fait rire personne, a-t-elle fait savoir dans un communiqué. Elle a même fait pleurer des millions de supporters de l'équipe de France. Je me bornerai à rappeler qu'il n'était pas dans la salle où je me trouvais avec les joueurs. Quand on a une telle responsabilité, la décence impose de garder le silence." Pas facile alors que chacun a son avis à donner sur le sujet.