Djhone: "De l'or, enfin !"

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Propos recueillis par LAURENT DUYCK , modifié à
A bientôt 30 ans, Leslie Djhone a enfin obtenu samedi la consécration derrière laquelle il courait depuis des années et son premier coup d'éclat lors des Mondiaux en plein de Paris en 2003 en décrochant l'or sur 400m à l'occasion des Championnats d'Europe en salle de Berçy. Un titre dont le protégé de François Pépin veut faire un déclic.

A bientôt 30 ans, Leslie Djhone a enfin obtenu samedi la consécration derrière laquelle il courait depuis des années et son premier coup d'éclat lors des Mondiaux en plein de Paris en 2003, en décrochant l'or sur 400m à l'occasion des Championnats d'Europe en salle de Berçy. Un titre dont le protégé de François Pépin veut faire un déclic. Avez-vous l'impression d'enfin être récompensé ? Oui, enfin ! A la maison, ça fait plaisir. Je me dis que ce n'est pas seulement ma victoire. C'est la victoire de toute une équipe, François (Pépin, son entraîneur) qui me suit depuis le début, Marc, mon kiné, qui me remet sur pieds quand je suis en vrac. Je suis arrivé ici serein, avec une envie de gagner. J'étais un peu passé à côté des France. Ici, je voulais faire de belles courses et montrer à la concurrence que c'était moi le patron. Racontez-nous votre finale. Je ne la vois pas passer. Il fallait que je me rabatte en tête (en salle, les concurrents se rabattent sur un même couloir après 150m, ndlr). J'ai essayé de tenir sur un bon rythme, sachant que j'étais persuadé que mes adversaires ne pouvaient pas tenir. Avez-vous eu peur de ne pas gagner ? Oh oui... J'ai eu peur. Je suis un gars des finales mais je bute toujours sur le podium donc je me suis dit qu'il ne fallait pas passer à côté cette fois-ci. Je suis parti vite pour essayer d'assommer la concurrence. Et j'ai tenu. "J'avais l'impression de passer à côté de ma carrière" Qu'est-ce qui a fait la différence aujourd'hui ? Tout vient de Barcelone. Même si je suis sorti frustré, François (Pépin) m'a dit : « on continue ». Je suis arrivé plus sereinement ici, je ne me suis pas mis de pression inutile, à part peut-être en série. J'avais peut-être confiance en moi. Plus que d'habitude. Qu'est-ce que ce titre représente pour vous dans votre carrière ? Je ne dirai pas que c'est un aboutissement mais ça valide un peu tout ce que j'ai fait depuis des années. Et j'espère que ça va continuer comme ça jusqu'aux Jeux. J'avais une poisse sur les finales des grands championnats. Je pense que ça va débloquer quelque chose. Je ne me dirai plus : « Je vais encore passer à côté d'une finale ». Tout le monde me le rappelait. En sortant de Barcelone, je n'osais plus regarder mon coach, j'avais presque honte d'être encore passé à côté. On a remis les choses dans l'ordre et on savait que ça ne pouvait que payer. En quoi avez-vous mal vécu ces Championnats d'Europe de Barcelone l'été dernier ? C'était dur car j'avais l'impression de passer à côté de ma carrière. C'est pour ça que depuis, je m'étais un peu mis en retrait. J'avais besoin de me concentrer sur moi-même, de savoir où je devais aller. En début de saison, j'ai beaucoup travaillé avec François. "Ça prouve que le travail marche" Que ressentez-vous maintenant que vous avez enfin cette médaille d'or ? Ce n'est pas que je ne réalise pas mais je n'ai pas encore assez de recul. J'ai tellement l'habitude de sortir déçu de mes finales. J'attends de me poser pour savourer, d'autant que c'est tellement plus beau d'avoir réussi ça à Bercy. J'ai connu tellement de déception que jusqu'ici je me refusais de penser à un éventuel tour d'honneur. Je n'avais qu'une idée en tête, c'est de faire course après course. Je savais que j'avais le record de France dans les jambes mais encore fallait-il que je reste concentré. Qu'est-ce titre peut changer ? Je ne sais pas. Tout ce que je sais, c'est que ça valide le travail fait avec François depuis des années. Ça prouve que ça marche. Ce qui est bien, c'est qu'il y a le chrono avec, sachant que j'ai couru deux courses hier et donc que je ne suis pas dans un état de fraîcheur optimal. Vous sentez-vous plus fort ? Plus fort, je ne sais pas. Plus confiant, oui. Il fallait que je m'en persuade. Cette étiquette d'éternel finaliste malheureux était-elle dure à porter ? Je ne sais pas si j'avais vraiment cette étiquette de looser. La presse était surtout blasée après toutes ces finales sans médaille. Le plus dur, ça reste Barcelone. Parce que je suis reparti sans médaille alors que la France en a obtenues 18. Ce n'est pas de la jalousie, j'étais content pour les médaillés, mais c'était surtout dur pour moi et mes proches.