Diniz: "Faire plaisir"

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propos recueillis par Mathieu Jahan pour sports.fr , modifié à
Sacré champion d'Europe du 50km marche à Barcelone, Yohann Diniz tente samedi de battre le record du monde du 50 km marche détenu depuis 1996 par un autre Français, Thierry Toutain, en 3h40'57. L'événement baptisé "un record du monde en danger" se déroulera à partir de 8h30 sur la piste de son club à Reims où il aura à coeur d'offrir, aux siens, une nouvelle référence mondiale.

Sacré champion d'Europe du 50km marche à Barcelone, Yohann Diniz tente samedi de battre le record du monde du 50 km marche détenu depuis 1996 par un autre Français, Thierry Toutain, en 3h40'57. L'événement baptisé "un record du monde en danger" se déroulera à partir de 8h30 sur la piste de son club à Reims où il aura à coeur d'offrir, aux siens, une nouvelle référence mondiale. Comment vous est venue l'idée de vous attaquer au record du monde du 50km marche ? Cela s'est joué le lendemain de mon titre de champion d'Europe à Barcelone avec mon entraîneur Pascal Chirat et Olivier Guy. On se projetait déjà sur l'année 2011 et on avait décidé de laisser tomber le 30 kilomètres pour se consacrer uniquement aux 50 bornes. On s'est alors aperçu qu'entre celui de Barcelone et celui de Daegu (la ville de Corée du Sud accueillera les prochains championnats du Monde d'athlétisme du 27 août au 4 septembre 2011, ndlr), il y avait 13 mois. Dès lors, il fallait absolument combler ce vide en programmant un 50 kilomètres. En fait, cette course sert aussi de répétition générale pour Daegu puisque je suis rentré depuis deux semaines d'une préparation aux Etats-Unis (à Alburquerque, Nouveau Mexique, ndlr). Je vais donc pouvoir tester mes réactions au décalage horaire et au travail en altitude. Comment s'organise ce défi ? Cela se passera samedi dans mon fief, au stade Georges-Hébert à Reims. C'est le siège de mon club, l'EFSRA (Entente Family Stade de Reims Athlétisme, ndlr) où je m'entraîne tous les jours. Différentes animations seront proposées autour de l'événement comme l'initiation à la marche nordique ou athlétique, des ateliers pour enfants et une boucle d'un kilomètre a également été construite afin que les gens puissent se tester, en marchant ou en courant, à l'allure que je soutiendrai pendant ma course (13,50 km/h). Avez-vous pris toutes les précautions nécessaires pour faire valider votre performance en cas de nouveau record ? Bien sûr! On a vraiment tout fait dans les règles de l'art. L'épreuve a reçu le label IAAF et est qualificative pour les Championnats du monde de Daegu et les Jeux olympiques de Londres. On a même fait remesurer la piste par des juges internationaux de l'IAAF. D'autres juges officiant lors des plus grandes compétitions mondiales seront, d'ailleurs, aussi présents samedi. Quelle stratégie de course allez-vous adopter ? Déjà dans un premier temps, je vais pouvoir bénéficier de trois lièvres. Le premier, Johan Augeron, est un jeune membre de l'équipe de France et il s'occupera des cinq premiers kilomètres. Ensuite, le Tunisien Hatem Goula (troisième aux Championnats du monde d'Osaka 2007 sur 20 kilmètres) se chargera de m'emmener jusqu'au 20e kilomètre avant de laisser place à mon dauphin des Championnats d'Europe, le Polonais Grzegorz Sudol, qui réglera l'allure jusqu'au 35e kilomètre. Ce sont tous des amis. "L'idée, c'est de partager" Quelle a été votre préparation pour cette épreuve ? J'ai réalisé une préparation de "50" classique avec des semaines d'entraînement variant entre 180 et 220 kilomètres de marche depuis le mois de novembre. Avez-vous déjà pris part à un 50 kilomètres marche sur piste ? Mon premier 50 kilomètres, en 2004 à Villemonble (93), était effectivement sur piste. Vous avez la chance d'effectuer cette tentative de record du monde chez vous...Que cela représente-t-il à vos yeux ? C'était le but recherché en fait. L'idée, derrière cette épreuve, c'est de faire plaisir, de partager quelque chose avec mes proches, d'offrir un événement à ma ville, à mon club et à tous les gens qui me soutiennent avec la perspective d'une performance sportive à l'arrivée. La course s'inscrit donc dans un calendrier réfléchi avec comme objectifs les Mondiaux et les JO ? La course de ce week-end s'inscrit plus dans un cadre de partage, par la présence de mes amis, et d'idées, avec le fait de courir avec des lièvres et de travailler spécifiquement la fin de course. C'est plus un entraînement cadré, guidé, qu'une véritable compétition malgré la présence d'un réel enjeu. Cette course constitue la première étape de ma préparation pour les Championnats du monde et les JO de Londres qui restent les compétitions majeures de la saison. Car pour moi, les JO c'est demain! Y a-t-il également une volonté de médiatiser la marche derrière votre initiative ? Evidemment! Les bons résultats obtenus par l'équipe de France aux Championnats d'Europe de Barcelone étaient l'occasion de surfer sur la vague. D'autant que la marche ne bénéficie pas de la médiatisation des Championnats d'Europe en salle puisqu'elle n'y figure plus depuis 1994. On sait que notre discipline ne bénéficiera de la couverture médiatique qu'une seule fois par an. A partir de là, c'est toujours important pour nous d'organiser de telles manifestations. Quels rapports entretenez-vous avec l'actuel détenteur du record, Thierry Toutain ? Il a été mon entraîneur et je lui porte un profond respect. C'est quelqu'un que j'ai admiré. Il représentait pour moi en tant que jeune marcheur la marche française et ses résultats. C'est pour cela que je prends ce record à coeur et il ne sera pas si facile que ça à aller chercher. Il faudra que je sois en pleine possession de mes moyens pour réaliser ce qui constituerait une grosse performance. Au-delà du record du monde (3h40"57"90), vous êtes-vous fixé des objectifs chronométriques particuliers ? On va partir sur des bases de 3h40' soit à peu près une minute en-deçà du record. L'objectif serait d'atteindre les 40 km avait une certaine fraîcheur pour pouvoir accélérer assez fortement à partir de là.