Diaby, l'espoir du milieu

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ERIC DELTOUR , modifié à
EQUIPE DE FRANCE - Abou Diaby a fait des entrées remarquées sous le maillot tricolore.

EQUIPE DE FRANCE - Abou Diaby a fait des entrées remarquées sous le maillot tricolore.Petite devinette. Quel a été, à l'occasion des trois matches de préparation à la Coupe du monde de l'équipe de France, le joueur tricolore le plus convaincant, selon vous ? Pas d'idées... Allez un petit effort. Il est vrai qu'entre le triste nul (1-1) concédé en Tunisie et la défaite historique face à la Chine (0-1), à peine rehaussée par le succès face au Costa-Rica (2-1), les motifs de satisfaction, voir même d'espérer, sont rares. Et pourtant, bien que cantonné à un rôle de remplaçant à chacune de ces occasions, il est un joueur qui dans le grand flou bleu a marqué son territoire comme aucun autre. Alors, toujours pas d'idée ? Cet oiseau rare, c'est Abou Diaby, l'appelé de la dernière heure avec Mathieu Valbuena.De Lens à Radès, jusqu'à Saint-Pierre de La Réunion vendredi, le Gunner a par trois fois crevé l'écran dans ce style si particulier, fait de puissance et de percussion, qui n'est évidemment pas sans rappeler celui avec lequel la filiation est évidente. Le même poste, le même club et le même physique, tout rapproche Abou Diaby de Patrick Vieira. Accoucheur de ces deux talents en milieu de terrain, Arsène Wenger ne dit pas autre chose, même si l'entraîneur d'Arsenal cerne aussi une différence. "Ils ont la même élégance et le même style de jeu, mais ne sont pas tout à fait comparables. Son habilité à récupérer le ballon est identique à celle de Vieira. Je crois que Diaby est plus offensif, plus dribbleur et réalise plus de courses en pénétration. Il est capable de transitions très rapides de la défense à l'attaque, et il a une puissance fantastique d'une surface à l'autre – il est sans rival dans ce registre." A l'image de cette remontée de balle sur la pelouse de Bollaert, parachevée d'un ballon de but pour Valbuena, celui de la victoire des Bleus.Wenger: "Un joueur fantastique à coacher"Ce soir-là, Diaby, 24 ans, n'honore jamais que sa troisième sélection, trois ans après la première de ses deux apparitions avec les Bleus, en 2007, face à la Lituanie (1-0). Appelé par Raymond Domenech, il n'a alors que vingt ans et l'ancien pensionnaire de l'AJ Auxerre, son club formateur, qu'il a quitté pour Arsenal en janvier 2006, est promis à un brillant avenir, bombardé sans attendre en tant que titulaire en Premier League et en Ligue des champions. Sa voie en équipe de France est, on l'imagine, toute tracée. D'autant plus qu'à cet indéniable talent, Diaby ajoute un sacré mental, qui le fait se relever de trois opérations pour regagner immédiatement sa place dans l'équipe-type des Gunners. Huit mois et neuf jours seulement après l'attentat dont il a été victime sur la pelouse de Sunderland et qui a, pense-t-on, brisé cette trajectoire parfaite en même temps que sa cheville gauche, fracturée et disloquée, au point de laisser craindre un temps une fin de carrière.Et pourtant, il aura fallu attendre cette Coupe du monde pour revoir Diaby chez les Bleus prendre le bon wagon de cette préparation, marquée par le forfait de son ami, Lassana Diarra, qui d'emblée lui promet de grignoter quelques minutes de temps de jeu supplémentaires dans l'entrejeu. "Quand la liste des 30 est sortie, ça m'a fait cogiter. Je n'étais pas sûr, mais, aujourd'hui, je suis simplement content d'être là, confiait depuis Tignes ce grand timide, aussi avare de ses mots qu'il multiplie les chevauchées de ses grands compas sur le pré. Réservé, mais bosseur. "Je dois dire que c'est un joueur fantastique à coacher. Chaque jour, vous pouvez lui dire de faire ça, ça et ça, et vous pouvez rentrer à la maison. Il le fera et même plus encore..., souligne encore Wenger, sous le charme. Un charme qui a opéré à plein face au Costa-Rica, puis encore face aux Tunisiens. Diaby, qui avoue avoir débarqué "sur la pointe des pieds" dans cette équipe de France, a encore mis à profit, comme aucun autre Tricolore, son faible temps de jeu, pour servir un caviar à destination de Thierry Henry face à la Chine et placer la plus belle frappe de la rencontre. Un rapport temps de jeu/efficacité, qui plaidait en faveur d'une titularisation lors de cette dernière levée avant l'entrée dans la compétition face à l'Uruguay. Domenech, dans sa tentative infructueuse de roder son système, en a décidé autrement. Le sélectionneur restera-t-il toujours aussi insensible dans une semaine au Cap ? Si Toulalan, indispensable dans son rôle de libéro devant la défense, et Malouda, fort de son exceptionnelle saison avec Chelsea, semblent indéboulonnables, Gourcuff fait, lui, figure de maillon faible. Et Diaby, qu'un retour au 4-2-3-1 servirait également, aujourd'hui rayonne... Un cas quasi unique dans cette équipe de France.