Débat: Lièvremont joue-t-il sa tête?

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Le soutien du bout des lèvres et pour le moins tardif de la Fédération française (FFR) à Marc Lièvremont laisse à penser que le sélectionneur national pourrait ne pas survivre à un nouveau camouflet ce samedi, au Stade de France, lors du match de clôture du Tournoi face au Pays de Galles. Une semaine après l'humiliation en Italie, Lièvremont est-il vraiment en danger ? Notre site vous invite au débat...

Le soutien du bout des lèvres et pour le moins tardif de la Fédération française (FFR) à Marc Lièvremont laisse à penser que le sélectionneur national pourrait ne pas survivre à un nouveau camouflet ce samedi, au Stade de France, lors du match de clôture du Tournoi face au Pays de Galles. Une semaine après l'humiliation en Italie, Lièvremont est-il vraiment en danger ? Notre site vous invite au débat... OUI - Laurent Duyck - Journaliste - Sports.fr "La tournée d'été en Afrique du Sud et en Argentine, que s'est soldée par deux défaites records, la fessée infligée par l'Australie en novembre (16-59), et aujourd'hui l'humiliation d'une défaite historique en Italie (21-22) ! Ça commence à faire beaucoup. Trop pour que Marc Lièvremont ne soit pas en danger samedi au Stade de France. Le sélectionneur résisterait mal à une nouvelle déconvenue face au Pays de Galles. Pas en terme de jeu - il est difficile d'imaginer une révolution à ce niveau-là alors que le XV de France bafouille son rugby depuis un an - mais en terme d'engagement, d'envie, de détermination, autant de valeurs réclamées aujourd'hui aux joueurs par Yann Delaigue." "Le risque que ces ingrédients ne soient pas au rendez-vous samedi existe. Car, quoiqu'ils en disent, la fracture entre les joueurs et Marc Lièvremont est bien réelle aujourd'hui. Elle n'est ni intellectuelle ni morale, malgré les propos très durs tenus dimanche par le sélectionneur à l'encontre de ses joueurs, accusés à chaud d'avoir fait preuve de "lâcheté". Elle est structurelle, les joueurs, qui avaient obtenu à juste titre l'année dernière un retour aux fondamentaux (conquête, jeu direct...), un rugby validé par le Grand Chelem 2010, ne se reconnaissant pas dans le projet de jeu porté par Marc Lièvremont. La défaite en Italie en est l'illustration. Perdus, les joueurs ont lâché." "Le sentiment de revanche qui les anime aujourd'hui sera-t-il suffisant pour se retrouver face aux Gallois et effacer ces maux ? Les actes succèderont-ils aux belles déclarations d'intention ? Le doute existe. Jusqu'à la tête de la Fédération, pas sourde aux critiques émises sur le management du sélectionneur même si elle se refuse à passer ce grand coup de balai réclamé par certains. "Ce n'est pas la volonté fédérale ni celle du président de la Fédération", a assuré Serge Blanco, le vice-président de la FFR, sur France Bleu. Des bons sentiments qui, en football, se traduisent souvent par un changement d'entraîneur. Malgré le passage au professionnalisme, le rugby (fédéral) s'est toujours préservé de ces dérives. Mais alors que le raccourci, simpliste et malhonnête, est fait aujourd'hui entre le fiasco de l'équipe de France de foot en Afrique du Sud et les difficultés rencontrées actuellement par le XV de France, le meilleur moyen d'y échapper ne serait-il pas de se séparer, tant qu'il en est encore temps, de Marc Lièvremont, chose que la FFF n'avait pas osé faire avec Raymond Domenech ? La question mérite d'être posée." NON - Sylvain LABBE - Responsable rubrique rugby - Sports.fr "La dernière levée de ce Tournoi 2010 samedi, au Stade de France, pourrait bien tourner à un enterrement en première classe. Affronter les feu-follets du Pays de Galles, toujours en course quoi qu'on en dise pour souffler la victoire finale aux Anglais, avouez qu'il y a plus aisé pour se refaire la cerise... Non, les Bleus de Lièvremont ne sont pas à l'abri d'une nouvelle déconvenue, qui les ferait dégringoler d'une année sur l'autre des lauriers du Grand Chelem aux bas-fonds du Tournoi." "Aussi glaçante soit-elle, et sans la souhaiter, on serait pourtant tenté d'opposer à cette perspective funeste un : « Et alors ? » En 1999, le XV de France, futur finaliste de la Coupe du monde, disputée cette même année, avait échoué à la dernière place du Tournoi après une ultime défaite à domicile face à l'Ecosse (22-36). Comme l'équipe de Skrela et Villepreux à l'époque, la formation de Lièvremont aborde la compétition suprême dans la douleur et même le chaos, diront certains. « Et alors ? » Aux mêmes causes, les mêmes effets... Parce qu'il n'a ni le courage, ni la culture pour se réformer, le rugby français se complaît dans ce système qui, à intervalles régulier, brise sa sacro-sainte vitrine que constitue l'équipe de France, toujours capable de recoller les morceaux à temps." "Mais parce que la Fédération a eu le malheur ou l'inspiration d'installer à la tête des Bleus un homme sans fards, ni faux-semblants, doué d'une éthique peu commune, autant dire une anomalie dans ce milieu et à l'époque d'un rugby de plus en plus médiatisé et scruté à la loupe, voilà que l'on réclame le grand chambardement et de couper la tête de ce sélectionneur trop honnête pour être vraiment compétent. Mais au nom de quoi Marc Lièvremont n'aurait-il lui pas le droit de mener jusqu'à son terme la mission qui lui a été assignée il y a de cela trois ans et demi, comme chacun de ces prédécesseurs avant lui ont eu l'assurance de le faire, lestés pour les uns comme pour les autres d'autant de déroutes et de « branlées » retentissantes..." "Ce n'est qu'à l'aulne de la Coupe du monde en Nouvelle-Zélande et de la performance qu'y accompliront les Bleus que l'on pourra juger le bilan de Lièvremont. Que l'équipe de France assume son statut d'abonnée au carré final, comme c'est le cas depuis bientôt vingt ans, ou qu'elle sombre dès le premier tour. « Et alors ? » Alors, oui, il sera temps pour ces messieurs en pardessus de la fédération de prendre leurs responsabilités, bien plus qu'ils ne le font aujourd'hui en laissant Lièvremont se débattre seul, sans lui venir en aide, et de donner au rugby français les véritables moyens de rivaliser au plus haut niveau."