Coup de frein pour Banque Pop

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Par Axel Capron , modifié à
Après avoir avalé l'océan Indien à très grande vitesse, Banque Populaire V a été considérablement ralenti dans le Pacifique, d'abord parce qu'il lui a fallu contourner une vaste zone de glaces, ensuite, en raison de vents moins forts. Du coup, sa marge sur le tableau de marche de Groupama 3 a chuté de moitié en une semaine et n'est plus que de 1150 milles samedi. Reste que Loïck Peyron et ses hommes seront en avance au Cap Horn...

Après avoir avalé l'océan Indien à très grande vitesse, Banque Populaire V a été considérablement ralenti dans le Pacifique, d'abord parce qu'il lui a fallu contourner une vaste zone de glaces, ensuite, en raison de vents moins forts. Du coup, sa marge sur le tableau de marche de Groupama 3 a chuté de moitié en une semaine et n'est plus que de 1150 milles samedi. Reste que Loïck Peyron et ses hommes seront en avance au Cap Horn... Les océans se suivent et ne se ressemblent pas pour Banque Populaire V ! Après une démonstration sur l'Atlantique et l'océan Indien, nouveaux temps de référence absolus à la clé, le maxi-trimaran est tombé sur un gros os, en l'occurrence un océan Pacifique qui lui aura proposé tout ce qu'un équipage chasseur de records redoute: d'abord une impressionnante dépression qu'il lui a fallu traverser, quitte à tirer sur une machine qui a déjà un demi-tour du monde dans les pattes, ensuite un immense champ de glaces qui l'a obligé à un vaste détour par le nord coûteux en milles sur la route directe (les images des énormes icebergs envoyées du bord sont à voir...), enfin une zone de «pétole», synonyme de progression au ralenti et donc d'avance sur le tableau de marche de Groupama 3 en chute libre. En un peu plus d'une semaine, le matelas s'est ainsi considérablement dégonflé, passant de 2300 milles le samedi 10 décembre au matin, au moment où Banque Populaire V passait la longitude du cap Leeuwin, à 1140 milles dimanche. Forcément, l'ambiance s'en ressent à bord, même si l'accalmie a été mise à profit par l'équipage pour faire le tour du propriétaire et soigner les organismes, très sollicités dans le grand Sud. "On a un peu souffert ces dernières heures, racontait samedi Loïck Peyron. On s'est franchement arrêtés une douzaine d'heures et c'est reparti. Mais nous en avons profité pour faire un grand nettoyage et un check complet. Tout a été inspecté de fond en comble. Normalement, le vent devrait se renforcer progressivement et on va naviguer sur une mer relativement plate, ce qui va faire du bien à tout le monde parce que nous n'avons pas eu ça depuis quelques semaines. C'est quand même beaucoup plus confortable pour dormir et à bord tout le monde apprécie.""Nous devrions passer le cap Horn le 23 décembre" Reste que l'avenir proche ne s'annonce pas forcément meilleur, puisqu'une nouvelle zone de glaces se présente sur la route de Banque Populaire V qui va encore l'obliger s'écarter de la route vers le Cap Horn: "Plus ça va et plus on se rend compte qu'il y a beaucoup d'icebergs devant nous. Hier (vendredi), il y en avait partout et malheureusement, il y en a encore dans notre Est. C'est pour ça qu'on est obligés de se rallonger la route. Les glaces qui nous sont signalées sont les plus grosses, mais on ne voit pas les petites. Les grosses génèrent les petites, surtout dans les mers relativement chaudes comme c'est le cas en ce moment avec 8° C. C'est vraiment ce phénomène qui est dangereux." Le passage du cap Horn ? "Nous devrions passer le cap Horn le 23 décembre, ce qui nous laisse une petite marge d'avance. Il faut surtout espérer avoir des conditions dans l'Atlantique relativement bonnes. Certaines tendances le laissent espérer, d'autres non. Mais pour l'instant, c'est d'abord le Cap Horn qui nous intéresse et ça n'est pas simple." Le 23 décembre, cela voudrait dire un temps d'environ 31 jours au Cap Horn, soit une grosse journée d'avance sur Groupama 3, détenteur du Trophée Jules-Verne. Une sorte de lot de consolation en guise de cadeau de Noël pour un équipage qui comptait presque quatre jours d'avance à Leeuwin. Comme quoi, rien n'est encore joué...