Contador sur les traces de Merckx

  • Copié
François QUIVORON , modifié à
En s'imposant dimanche pour la deuxième fois de sa carrière sur le Giro, Alberto Contador est à la tête d'un palmarès riche de six Grands Tours. L'Espagnol est encore loin des onze victoires d'Eddy Merckx, mais le Belge est admiratif devant sa performance. L'ombre du TAS plane toutefois au-dessus de lui avec une audience prévue après le Tour de France.

En s'imposant dimanche pour la deuxième fois de sa carrière sur le Giro, Alberto Contador est à la tête d'un palmarès riche de six Grands Tours. L'Espagnol est encore loin des onze victoires d'Eddy Merckx, mais le Belge est admiratif devant sa performance. L'ombre du TAS plane toutefois au-dessus de lui avec une audience prévue après le Tour de France. Il n'a pas encore le surnom de "Cannibale", mais il en a tous les attributs. Victorieux dimanche de son deuxième Giro, Alberto Contador compte désormais six Grands Tours à son palmarès et se rapproche encore un peu plus du record en la matière détenu par Eddy Merckx (11), le Cannibale en personne. Sa performance sur les routes italiennes suscite d'ailleurs l'admiration du Belge: "J'ai vu un Contador impressionnant sur ce Giro. Bien sûr qu'il peut devenir le cannibale du troisième millénaire. Son palmarès extraordinaire, avec six Grands Tours, et sa détermination lors de chacun des jours de course auquel il participe le démontrent." Bel hommage de celui qui a remporté à cinq reprises le Tour de France et le Tour d'Italie dans les années 1960-70. Dans sa quête de l'excellence, Contador a franchi un nouveau cap dans cette 93e édition du Giro. Archi-dominateur, il n'a laissé que des miettes à ses concurrents et s'est même payé le luxe de les distribuer, comme lorsqu'il a offert la victoire à Jose Rujano (à Grossglockner), Paolo Tiralongo (Macugnaga) et Vasil Kiryienka (Sestrière). Soucieux de laisser son empreinte, le Castillan a choisi, comme un symbole, les rampes de l'Etna pour s'élever au-dessus des autres puis les Dolomites pour tuer le suspense. Une maîtrise totale qui tranche forcément avec son premier succès décroché en 2008. "Cette victoire est complètement différente. Il y a trois ans, je n'avais pas voulu venir, c'était mon équipe qui y avait tenu. Je pensais faire une semaine et puis, les résultats venant, j'étais resté. J'avais beaucoup souffert, a-t-il raconté dimanche en conférence de presse. Cette fois, j'ai pu préparer la course, mentalement et physiquement, reconnaître des étapes. C'est mon meilleur Giro." Contador: "Le Tour ? Il faut voir..." C'était aussi un Giro taillé pour lui. Avec la multiplication des cols et les nombreuses arrivées au sommet, ce Tour d'Italie, considéré comme l'un des plus durs de l'histoire, ne pouvait échapper au meilleur grimpeur du moment. En valeur intrinsèque, l'Espagnol est sans égal, mais il a aussi parfaitement géré sa course. "C'est une grande victoire pour Alberto. Il a fait preuve d'une régularité incroyable et c'est la principale raison pour laquelle il a si bien réussi ce Tour d'Italie, a souligné Bjarne Riis, son directeur sportif à la Saxo Bank-Sungard. Outre le fait de gagner le général, il remporte le classement par points et finit deuxième dans le classement de la montagne, ce qui souligne une nouvelle fois sa régularité et son endurance. Le parcours du Giro cette année était extrêmement exigeant, ce qui l'avantageait, et à mon avis, il a fait une course sans erreur." Difficile de faire mieux en effet, même si la concurrence ne l'a pas vraiment titillé autant que possible. Derrière ce tableau plein de réjouissances se dresse pourtant le spectre du TAS. Pendant que Contador assommait tout le monde sur le Giro, ses avocats établissaient en coulisses une ligne de défense qui a obligé la cour arbitrale à reporter l'audience de l'Espagnol après le Tour de France. Un flou juridique que n'a pas manqué de souligner Eddy Merckx: "Je ne suis pas médecin, ni spécialiste pour évaluer ce qui s'est passé, bien que ses arguments ne semblent pas trop solides. Maintenant, il peut courir, et l'UCI et l'AMA ont fait appel de son acquittement. J'espère néanmoins que tout sera bientôt éclairci et que le TAS prendre une décision juste." Les chances de voir Contador au départ du Tour 2011 alors qu'on ne sait pas encore s'il a gagné le dernier prennent donc plus d'ampleur chaque jour. Sera-t-il vraiment en Vendée le 2 juillet prochain ? Pour l'heure, la décision n'est pas arrêtée. "Le Tour ? Il faut voir... comment je vais récupérer, évaluer mon degré de récupération. Je dois en parler avec mon directeur sportif, mon équipe, a-t-il précisé sans en dire plus. Pour l'instant, je suis fatigué et j'aimerais profiter de ma victoire." La dernière fois qu'un coureur a réussi le doublé Giro-Tour, c'était en 1998 et un certain Marco Pantani. Contador rêve sans doute plus d'un destin à la Merckx que celui de l'Italien...