Cobo vole sur l'Angliru

  • Copié
Régis AUMONT , modifié à
Juan José Cobo Acebo a fait son numéro, dimanche, sur l'étape reine de la Vuelta, la 15e, qui menait les coureurs sur les hauteurs du terrible Angliru. L'Espagnol, quatrième ce matin au général, a escaladé l'ogre des Asturies tout seul pour aller chercher le maillot rouge de leader qu'il a chipé à Bradley Wiggins, cinquième à l'arrivée à 1 minute et 21 secondes. Vincenzo Nibali, vainqueur sortant, a lui perdu tout espoir de garder sa couronne.

Juan José Cobo Acebo a fait son numéro, dimanche, sur l'étape reine de la Vuelta, la 15e, qui menait les coureurs sur les hauteurs du terrible Angliru. L'Espagnol, quatrième ce matin au général, a escaladé l'ogre des Asturies tout seul pour aller chercher le maillot rouge de leader qu'il a chipé à Bradley Wiggins, cinquième à l'arrivée à 1 minute et 21 secondes. Vincenzo Nibali, vainqueur sortant, a lui perdu tout espoir de garder sa couronne. L'Angliru, col classé parmi les quatre ou cinq plus difficiles au monde, a peut-être bien livré le nom du vainqueur du Tour d'Espagne à une semaine de l'arrivée du peloton à Madrid. Juan José Cobo Acebo a dompté l'ogre des Asturies et ses passages à plus de 20% (dont un à 23.5 !) avec une aisance presque déconcertante. L'ancien équipier de Riccardo Ricco au sein de la sulfureuse équipe Saunier Duval s'est adjugé l'étape reine de la Vuelta et a réussi à faire coup double en devenant le nouveau leader d'une course qui, en deux jours, est devenue beaucoup plus limpide. Dimanche, de nombreux coureurs ont perdu l'espoir d'inscrire leur nom au palmarès, à commencer par le vainqueur sortant, Vincenzo Nibali qui, 15e de l'étape à 2 minutes et 37 secondes, a une nouvelle fois montré ses limites dans les hauts pourcentages. Joaquin Rodriguez, motivé à l'idée de pouvoir décrocher un nouveau succès de prestige, s'est lui longtemps accroché dans les roues des meilleurs mais a fini par manquer de force quand il restait encore quatre kilomètres. A ce moment-là, le ménage avait été fait depuis longtemps. Derrière Cobo, parti seul dès les premières pentes de l'Angliru, seul le maillot rouge Bradley Wiggins, son lieutenant de luxe Christopher Froome, Denis Menchov et Wouter Poels composaient le groupe des favoris. Plus bas, nombreux étaient ceux qui dodelinaient de la tête, parfois scotchés au bitume quand les pourcentages devenaient inhumains. Et c'est dans les portions les plus difficiles que Wiggins, à la base bien plus rouleur que grimpeur, lâchait prise dans la dernière partie de l'ascension. Le Britannique, devenu la veille le grand favori de la Vuelta, faisait même un signe de la main à Froome, deuxième du général ce matin, pour lui signifier de jouer sa carte personnelle. Froome prend du galon Cobo, équipier de Menchov chez Geox, n'avait lui demandé à personne la permission d'agir. Clairement le plus à l'aise du peloton quand la route s'élève, le coureur de Torrelavega a semblé voltiger dans l'Angliru, creusant de gros écarts au point de reléguer le trio Poels-Menchov-Froome, arrivé dans cet ordre, à 48 secondes. Wiggins, rejoint par Igor Anton dans les derniers hectomètres, coupait lui la ligne en cinquième position à déjà 1 minute et 21 secondes. Du coup, avant la deuxième et dernière journée de repos lundi, et avant une dernière semaine moins montagneuse mais pas dénuée de difficultés, notamment dans le pays basque que la course traversera pour la première fois depuis 33 ans, Cobo est devenu l'homme à battre. L'Espagnol devance le (presque) inséparable duo du Team Sky Wiggins-Froome, mais c'est l'équipier qui pointe désormais devant son leader. Deuxième au général, Froome accuse un retard très mince de 20 secondes sur Cobo quand Wiggins en compte 26 de plus. La formation britannique dont la stratégie à présent n'est plus figée, tant l'étonnant Froome semble être le plus fort. Il semble dans tous les cas que la Vuelta se jouera entre ces trois hommes, Mollema, désormais quatrième, a perdu du terrain aujourd'hui et se trouve relégué à plus d'une minute trente (1'36"). Et si les Sky forment une menace à deux têtes pour Cobo, le nouveau leader va lui pouvoir compter sur l'aide et l'expérience de Denis Menchov, double lauréat de l'épreuve (2005, 2007), passé en deux jours de la 19e à la 6e place du général à la faveur de la sinueuse traversée des Asturies.