Cielo, c'est léger mais réglé

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LAURENT DUYCK , modifié à
Comme depuis le début de l'affaire, les nageurs de l'équipe de France ont affiché leur distance avec la décision du Tribunal arbitral du sport (TAS) de ne pas aller plus loin que le simple avertissement infligé par la Fédération brésilienne de natation à Cesar Cielo pour avoir été contrôlé positif à un diurétique. Mais puisque le Brésilien est autorisé à nager à Shanghai, les Bleus feront avec.

Comme depuis le début de l'affaire, les nageurs de l'équipe de France ont affiché leur distance avec la décision du Tribunal arbitral du sport (TAS) de ne pas aller plus loin que le simple avertissement infligé par la Fédération brésilienne de natation à Cesar Cielo pour avoir été contrôlé positif à un diurétique. Mais puisque le Brésilien est autorisé à nager à Shanghai, les Bleus feront avec. "Apparemment, il a un très bon avocat." Toujours aussi détaché, Fabien Gilot préfère en rire. Mais le Nordiste du Cercle des Nageurs de Marseille ne croit pas si bien dire. Défendu par Maître Howard Jacob, spécialisé dans les causes perdues après avoir défendu les intérêts de Marion Jones ou encore Floyd Landis, Cesar Cielo a obtenu jeudi la clémence du Tribunal arbitral du sport (TAS) invité par la Fédération internationale de natation (Fina) à se pencher sur son cas à la veille des Mondiaux de Shanghai. Comme la Fédération brésilienne, la haute instance suisse a plaidé pour le simple avertissement à l'encontre de l'intéressé, contrôlé positif comme trois de ses compatriotes à un diurétique (un produit masquant) en mai lors d'une réunion à Rio de Janeiro. Ou comment le maître du sprint pourra défendre ses titres du 50 et du 100 mètres nage libre en Chine. Une sanction pour le moins légère qu'avait visiblement du mal à digérer vendredi Alain Bernard, déjà sceptique sur la défense du champion olympique du 50 mètres nage libre. "Je ne préfère pas m'exprimer là-dessus", a-t-il bougonné sans cacher son "impuissance" et son "désarroi" devant une telle décision. "Ça ne sert à rien d'en parler, la décision est prise. Je ne connais pas toutes les pièces du dossier. Ce n'est pas moi qui vais juger Cielo et ses compatriotes, il y a un tribunal qui est là pour ça. Ils ont pris leur décision", a conclu l'Antibois dont la surprise était partagée par son entraîneur, Denis Auguin. Bousquet, l'exception "Mettre un avertissement à un athlète contrôlé positif à un diurétique m'interroge sur la jurisprudence que cela peut entraîner et sur le côté peu pédagogique de la décision", a-t-il déclaré sans vouloir donner l'impression de condamner le Brésilien. "Ce qui m'interroge aussi, c'est pourquoi une Russe prend deux ans pour le même produit et pas d'autres nageurs. Est-ce que selon que l'on soit puissant ou misérable, les règles ne sont pas les mêmes ?", a-t-il interrogé, faisant référence à la nageuse russe Anastasia Ivanenko suspendue en 2007 après un contrôle positif au furosémide, le même produit retrouvé chez Cielo. "Un avertissement, c'est la même sanction que pour un athlète qui ne remplit pas sa feuille de localisation (pour les contrôles inopinés, ndlr)", a rappelé de son côté Christian Donzé, le DTN, comme pour mieux souligner la légèreté de cette sanction tout en minimisant l'importance d'une telle décision pour ses troupes. Pour faire simple, ça ne change rien pour Bernard et Bousquet qui le retrouveront sur 50m comme pour William Meynard et Gilot, ses adversaires sur 100m, comme veut s'en persuader ce dernier: "Comme je le dis depuis le début de la saison, je suis sûr que ce n'est pas l'homme le plus rapide sur 100 mètres. Il y en aura d'autres à battre avant qui seront à mon avis plus coriaces sur les derniers mètres. Il fait partie d'un groupe de quatre ou cinq adversaires à battre. Et même s'il a pris quelque chose, je reste persuadé qu'il est battable. La décision a été prise, c'est comme ça, je ferai avec." Comme Bousquet, persuadé d'avoir les armes pour enfin battre son ancien coéquipier à Auburn et visiblement heureux de pouvoir le retrouver dans l'eau : "C'est bien, la compétition va pouvoir démarrer, on va enfin pouvoir parler d'autre chose que de ce qui se passe autour des bassins. Je suis heureux que le TAS ait pu prendre une décision avant que la compétition ne démarre. Il est là, c'est cool !" Pour l'intéressé sûrement. Moins pour l'image de la natation à la veille d'un rendez-vous international.