Brunel: "On grignote..."

  • Copié
Propos recueillis par Krystel ROCHE , modifié à
Au terme d'un match en deux temps, poussif en première période, abouti en seconde, un peu à l'image de sa saison, l'Usap a fini par décrocher un succès précieux, voire indispensable, sur la pelouse du Stade Français (9-21). Satisfait, Jacques Brunel, le manager de l'équipe catalane, rappelle toutefois que ce succès ne reste qu'une étape sur la route d'une éventuelle qualification pour la phase finale.

Au terme d'un match en deux temps, poussif en première période, abouti en seconde, un peu à l'image de sa saison, l'Usap a fini par décrocher un succès précieux, voire indispensable, sur la pelouse du Stade Français (9-21). Satisfait, Jacques Brunel, le manager de l'équipe catalane, rappelle toutefois que ce succès ne reste qu'une étape sur la route d'une éventuelle qualification pour la phase finale. Jacques, quel sentiment prédomine après ce match ? Nous avons encore franchi une marche. Elles sont de plus en plus difficiles, de plus en plus hautes, car il n'y en a plus beaucoup et que nous sommes toujours un peu en retard, il nous fait toujours chercher à rattraper ce handicap que l'on a depuis le début de la saison. Mais petit à petit, on grignote, on revient dans le peloton de tête, celui de ceux qui peuvent encore prétendre se qualifier. Ce match, je ne sais pas s'il était éliminatoire. Pour le Stade Français, il y a de fortes chances. Pour nous, on avait encore d'autres possibilités. Difficiles bien sûr, mais d'autres possibilités. On l'a réussi, après une première mi-temps tout de même un peu amorphe. On a subi le Stade Français, on les a regardé jouer, ils ont su conserver le ballon. On n'était pas énormément en danger mais nous n'étions pas très incisifs. Et sur nos propres ballons, on les perdait trop rapidement, notamment dans les rucks. On était là au score à la mi-temps, sans avoir réellement eu l'occasion de mettre les Parisiens en danger. L'Usap a montré deux visages. Un match à l'image de votre saison ? Non. Enfin... Le résumé de notre saison, si l'on veut. On a un parcours qui est assez paradoxal, car effectivement, on se retrouve en retard au classement, depuis le début quasiment. En même temps, c'est notre sixième résultat à l'extérieur. Peu d'équipes ont réalisé ça, ce qui démontre bien que depuis certains temps, on a montré de la constance dans nos résultats et que l'on a fait des prestations de qualité, que ce soit à Aimé-Giral ou à l'extérieur. A nous de continuer et chercher à faire le parcours parfait. Aviez-vous préparé cette rencontre d'une façon bien particulière ? On se prépare dans ces conditions depuis déjà un bout de temps. Et ça va continuer ! On me demande à chaque fois: « Est-ce que vous n'avez pas peur, car ce match risque d'être définitif ? » Oui... Le Stade Français va être définitif... Le week-end prochain : Bayonne, à la maison : on ne peut pas perdre, sinon on perd la possibilité de se qualifier... Depuis le mois de novembre, décembre, on est dans ces conditions-là. On n'a pas peur de ce contexte, mais il faut que l'on en ait peur, un petit peu. C'est paradoxal... En fait, c'est une question d'équilibre entre la crainte que l'on peut avoir de ne pas se qualifier, et la sérénité qu'il nous faut avoir par rapport au contexte, au match, au score, qui évolue ou pas en notre faveur. Il faut que l'on trouve ce bon équilibre. Globalement, on l'a pas mal... "Le Championnat est homogène, compliqué, difficile. Il n'y aura aucun répit jusqu'à la fin" Finalement, peut-on dire que vous êtes une équipe de coupe ? Là aussi, c'est paradoxal. Cela va faire quatre ans que je suis là. Les deux dernières années, on a fait la course en tête, tout allait bien. Mais la première année où je suis arrivé et celle-ci, on s'est mis le handicap d'entrée. Malgré tout, on arrive à gérer ça pas trop mal. Du moins sans se crisper, sans avoir peur de ne pas réussir, et en essayant de jouer avec nos atouts, en montrant beaucoup de caractère sur le terrain et pas mal de technicité. Aujourd'hui, vous auriez pu rafler le bonus offensif... Je pense que le dernier essai y est... Mais bon, cela faisait trois essais à la vidéo : ça faisait beaucoup. L'arbitre a peut-être préféré en mettre un qui n'y était pas. La défense a été le point positif de la première période. L'attaque, celui de la seconde période. Oui. Mais en première mi-temps, on ne prend pas assez d'initiative, on ne pose pas assez de problèmes au Stade Français. On est un peu amorphes. On n'a jamais été en grand danger, mais on laisse l'équipe adverse prendre confiance, imposer quelque chose : et ça, ce n'est pas bon. On n'a pas su renverser assez vite la tendance. Quand on a pris l'initiative, on a perdu trop rapidement le ballon. Cette première mi-temps n'est pas bonne dans ce contenu-là. Vos consignes à la mi-temps ont donc été écoutées ? Sans doute. Mais l'équipe elle-même avait conscience de ça. Après, l'intérêt d'une mi-temps et d'un vestiaire, c'est de pouvoir restituer certaines choses... Vous recollez au peloton de tête pour la première fois depuis sept ou huit journées. Soulagé ? On a toujours pensé que l'on était capables de le faire. Et c'est loin d'être fini ! Aujourd'hui, ce n'est qu'une étape. On sait très bien que jusqu'à la fin, ça va continuer comme ça. Pour nous, la saison ne pouvait pas s'arrêter là. On se sent capables d'aller plus loin. Mais on sait aussi que l'on aura tout un tas d'obstacles devant nous. Certains journalistes me disaient il n'y a pas longtemps: « n'est-ce pas un match couperet ? ». Je leur ai dit « vous allez le répéter jusqu'à la fin de la saison ! ». On est en retard. Les équipes adverses ne nous attendent pas, les autres aussi défendent leurs chances. Le Championnat est homogène, compliqué, difficile. Il n'y aura aucun répit jusqu'à la fin de la saison. Depuis quatre ans, vous obtenez de bons résultats à Paris. Là, vous les enfoncez complètement... Je n'ai pas à porter de jugement sur l'équipe de Paris. Nous avons eu la chance de réussir dans la capitale ces dernières années. Mais bon, chaque match est différent, chaque contexte est particulier. On a réussi, chaque fois - que ce soit au Stade de France, à Charléty ou à Jean Bouin - à revenir victorieux. Mais cela s'est fait chaque fois difficilement...