Bordeaux se voit beau

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Thomas PISSELET , modifié à
Avec l'arrivée de Francis Gillot sur le banc, Bordeaux entame un nouveau cycle avec une ambition retrouvée, celle de jouer "le haut du tableau". Mais les départs de Diarra et Fernando n'ont pas vraiment été compensés par les renforts de N'Guémo et Maurice-Belay. Du temps, voilà ce que demande le nouvel entraîneur girondin. Ses dirigeants lui en laisseront-ils ?

Avec l'arrivée de Francis Gillot sur le banc, Bordeaux entame un nouveau cycle avec une ambition retrouvée, celle de jouer "le haut du tableau". Mais les départs de Diarra et Fernando n'ont pas vraiment été compensés par les renforts de N'Guémo et Maurice-Belay. Du temps, voilà ce que demande le nouvel entraîneur girondin. Ses dirigeants lui en laisseront-ils ? LA SAISON DERNIERE En 2010-11, la saison de Bordeaux a été plus rythmée en coulisses que sur le terrain. Laurent Blanc parti, le club a misé sur Jean Tigana pour enclencher une nouvelle dynamique. Mais l'ancien manager de Fulham n'a jamais vraiment réussi à remettre les Girondins, champions de France en 2009, sur les bons rails. Proche de de la démission en hiver, le technicien bordelais a finalement claqué la porte du vestiaire en mai, à quelques journées de la fin du championnat, au soir d'une humiliation à Chaban-Delmas contre Sochaux (0-4). L'intérim assuré par Eric Bédouet n'a pas changé grand-chose, le mal était déjà fait. Incapables de jouer le haut du tableau, mais pas non plus inquiétés par la relégation, les Aquitains ont terminé à la septième place, sans avoir franchi plus d'un tour en Coupe de France et en Coupe de la Ligue. Un mauvais cru. LE RECRUTEMENT Aucune folie pour l'instant sur le marché des transferts du côté du Haillan. "On en a parlé avec le président (Jean-Louis Triaud, ndlr) et l'actionnaire. On n'a pas forcément les moyens de recruter cher donc on a pris des joueurs libres", explique l'entraîneur Francis Gillot, l'une des recrues estivales. L'ancien technicien sochalien a amené dans ses bagages Nicolas Maurice-Belay, libre après quatre saisons passées au FCSM, et a réussi un joli coup en attirant Landry N'Guémo, arrivé en fin de contrat à Nancy. Un recrutement ciblé, astucieux mais très prudent qui, sauf début de championnat catastrophique, ne devrait pas être complété. Pourtant, les Girondins ont encore perdu du beau monde: Alou Diarra (Marseille), Fernando Menegazzo (Al-Shabab), André (Dynamo Kiev) et Pierre Ducasse (Lens). "Mais il faut toujours faire attention à ne pas trop empiler les joueurs." LE JOUEUR A SUIVRE Plus que les deux renforts estivaux, Francis Gillot fonde beaucoup d'espoirs sur Anthony Modeste. Arrivé l'an dernier à Bordeaux en provenance d'Angers, un choix qui avait été jugé frileux, l'attaquant français (23 ans) n'a pas démérité en 2010-11 avec 10 buts inscrits en 37 matches disputés. Très largement au-dessus de ses standards à Nice, entre 2007 et 2009, signe que ce natif de Cannes est en pleine progression. Ce qui ne l'a pas empêché d'être très critiqué. "J'ai certes raté des buts par maladresse mais je n'ai pas à rougir, se défendait-il dans Sud-Ouest. Un deuxième exercice de suite à plus de 10 réalisations lui permettrait de se faire un nom dans le championnat de France. Sa préparation d'avant-saison, avec 3 buts inscrit en 6 rencontres, l'a mis sur la bonne voie. A lui de ne pas s'écarter de cette trajectoire ascendante. L'ENTRAINEUR Arrivé à l'intersaison, Francis Gillot est à la base du surprenant parcours de Sochaux la saison dernière. Un club qui lui a permis de se construire en tant qu'entraîneur dès 1996, avec les jeunes. Après avoir poursuivi sa formation à Al-Ayn, en 2003-04, l'ancien défenseur revient en France et intègre le staff de Lens, dont il prend les rênes entre 2005 et 2007. Mais en 2008, le FCSM, alors au plus mal, refait appel à lui pour éviter une relégation qui semblait pourtant promise aux Doubiens. Un challenge qui ne l'a pas effrayé, pas plus que celui qui l'attend aux Girondins. "Construire à Sochaux, Bordeaux ou Chelsea, c'est pareil, affirme-t-il. Tant qu'on travaille et qu'on est respectueux les uns des autres, on y arrive." L'OBJECTIF Si les Girondins sont parvenus à se hisser à la septième de la Ligue 1 au cours d'une saison 2010-11 mouvementée en coulisses, ils peuvent espérer faire mieux dans un climat plus apaisé. L'Europe ? Pourquoi pas, dixit Francis Gillot. "L'objectif quand on est entraîneur et qu'on arrive à Bordeaux, c'est d'être dans les cinq ou six premiers. Pour moi, c'est une évidence même si ça n'a pas forcément bien marché pour Bordeaux ces deux dernières saisons, concède-t-il. Quand on signe aux Girondins, il faut être ambitieux et viser le haut du tableau. Aujourd'hui, il y a quatre clubs qui sont plus costauds sur le papier: Lille, Marseille, Lyon et Paris. Leur potentiel est a priori supérieur au nôtre mais si ces quatre-là réussissent leur championnat, il faut qu'on soit juste derrière. J'espère que mes joueurs ont les mêmes ambitions que moi." LE PRONOSTIC DE LA REDAC Que Francis Gillot sorte quatre équipes du lot est réaliste. Qu'il voit Bordeaux "juste derrière" dès cette saison est en revanche peut-être un peu trop optimiste. L'activité limitée des Girondins sur le marché des transferts ne leur a pas permis de combler les trous laissés par les départs d'Alou Diarra et Fernando Menegazzo. Si la défense n'a pas bougé et peut être une force, pour peu que Marc Planus et Michaël Ciani puissent être associés sur la durée, l'attaque semble pour l'instant insuffisante pour viser "le haut de tableau" et accrocher une place européenne pour lesquelles d'autres équipes comme Rennes, Montpellier ou même Saint-Etienne se battront également. Le top 5 risque d'être difficilement accessible. Mais une place dans la première moitié de tableau est largement à la portée des Bordelais.