Bestaven: "Pas une balade..."

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Laurent Duyck , modifié à
Il est 10 heures en France ce jeudi matin, trois heures au milieu de la nuit au Costa Rica. Une heure plus tôt, Yannick Bestaven a remporté la Transat Jacques-Vabre en compagnie d'Eric Drouglazet dans la Class 40. Le skipper d'Aquarelle.com, vainqueur en 2001 de la Transat 650, répond à nos questions, heureux tout simplement d'avoir posé le pied à Puerto Limon en vainqueur.

Il est 10 heures en France ce jeudi matin, trois heures au milieu de la nuit au Costa Rica. Une heure plus tôt, Yannick Bestaven a remporté la Transat Jacques-Vabre en compagnie d'Eric Drouglazet dans la Class 40. Le skipper d'Aquarelle.com, vainqueur en 2001 de la Transat 650, répond à nos questions, heureux tout simplement d'avoir posé le pied à Puerto Limon en vainqueur. Yannick, quels sentiments vous animent une heure tout juste après avoir franchi la ligne d'arrivée ? Je suis content de mettre les pieds à terre ! J'ai du mal à réaliser. On est heureux (rires) ! C'est un sentiment de joie et de bonheur (rires)... Les derniers milles ont été compliqués pour vous. Comment avez-vous vécu cette fin de course ? C'était compliqué parce qu'il y avait beaucoup de grains pluvieux sur l'arrivée, avec peu de vent ou du vent qui tournait dans tous les sens. C'était d'autant plus dur qu'on était handicapé par un problème de génois, notre voile d'avant qu'on avait déchirée en début de course et qu'on avait été obligée de redécouper. Il a pourtant fallu la ressortir sur les dernières 24 heures, ça ne nous a pas aidés. A quoi pense-t-on dans ces moments-là ? Il y a beaucoup d'impatience, pas forcément d'inquiétude car nos adversaires étaient loin derrière. Mais quand on voit les milles qui tombent petit à petit, ça motive. Surtout quand on sait qu'on a encore un peu d'avance sur la concurrence. Vous finissez loin devant après avoir fait la course en tête presque de bout en bout. Pas de quoi parler cependant de balade tranquille, si ? Non, non, non, ce n'était pas une balade tranquille (sourires). On a donné le max de ce que l'on pouvait, nous marins, et ce que pouvait accepter le bateau. Jusqu'aux Açores, on était sous la pression de nos concurrents, notamment les jeunes Anglais de Concise (Ned Collier-Wakefield et Sam Goodchild, ndlr) qui ont très bien navigué avant de casser. Et puis après, sur la deuxième moitié de transat, même si on avait une centaine de milles d'avance, il ne fallait rien lâcher. On a vu qu'ERDF-Des Pieds et des Mains (Damien Seguin et Yoann Richomme attendus à la deuxième place, ndlr) a mis le turbo, notamment dans la mer des Caraïbes, pour grappiller des milles. "J'ai du mal à penser à plus de 24 heures..." Où s'est jouée la course ? Un peu partout mais certainement au passage des Açores où on a essuyé des gros coups de vent à 40 noeuds nous aussi. Sur 16 bateaux, je crois qu'il y a eu six abandons dans notre catégorie. Mais ce sont des casses minimes, il n'y a pas eu d'abandons de bateaux comme dans d'autres catégories, ça veut dire que les petits 40 pieds passent bien dans la tempête. Dans ces conditions, on y va quand même, on attaque, de toute façon on navigue avec la voile du temps en essayant de ne pas se laisser dépasser par les événements. Après trois semaines de course, dans quel état êtes-vous physiquement ? On n'est pas trop fatigués, on a plutôt bien géré notre course. On a pu se reposer alternativement. Avec Eric, on a l'habitude de faire du solitaire chacun, donc quand l'un se reposait, l'autre bossait sur le bateau. Ça nous a permis de laisser de grandes tranches de repos à celui qui était hors quart. Votre duo a bien fonctionné, comment avez-vous apprécié votre collaboration avec Eric Drouglazet ? Pour moi, ça été une super expérience de naviguer avec Eric parce qu'il a une énorme connaissance maritime, il a beaucoup de transats à son actif et il sait gérer toutes les conditions de navigation, que ce soit le mauvais temps ou le petit temps. Notre expérience a fait qu'on a aussi navigué avec sagesse, on a toujours anticipé les conditions météo, on a toujours adapté la toile au temps qu'il fallait. Où classez-vous cette victoire dans votre parcours maritime ? Une victoire est toujours belle. La Transat 650 était une victoire inoubliable (en 2001, ndlr). Cette victoire dans la Transat Jacques-Vabre le restera aussi. Quelle est la suite de votre programme ? J'ai du mal à penser à plus de 24 heures. Bien manger, ça c'est fait ! Marquer le coup avec les amis et arroser ça, c'est en train d'être fait ! (rires). La suite, on verra. Je vais reprendre mes activités avec WattandSea (il a développé avec son team des hydrogénérateurs aujourd'hui adoptés par beaucoup de bateaux, ndlr). Et puis on se penchera ensuite sur la saison prochaine avec pas mal de courses en Class 40.