Berbizier: "C'est le must"

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Propos recueillis par Morgan BESA , modifié à
Ancien entraîneur de l'équipe de France, demi de mêlée des Bleus lors de la finale de la Coupe du monde 1987, Pierre Berbizier est particulièrement bien placé pour évoquer la finale à venir entre l'équipe de France et la Nouvelle-Zélande. L'actuel technicien du Racing considère que "la fraîcheur mentale et physique" sera primordiale pour exister face aux All Blacks.

Ancien entraîneur de l'équipe de France, demi de mêlée des Bleus lors de la finale de la Coupe du monde 1987, Pierre Berbizier est particulièrement bien placé pour évoquer la finale à venir entre l'équipe de France et la Nouvelle-Zélande. L'actuel technicien du Racing considère que "la fraîcheur mentale et physique" sera primordiale pour exister face aux All Blacks. Où allez-vous regarder la finale de la Coupe du monde ? Je suis consultant donc je la regarderai dans un salon de TF1. Regarder une finale de Coupe du monde c'est important, il y a un petit côté remember après 1987 (la première finale France-Nouvelle-Zélande). Jouer une finale de Coupe du monde à l'Eden Park, c'est le must pour les acteurs et le spectateur que je suis, un peu privilégié pour l'avoir vécu en 1987. Le regard sera donc différent. Quelles sont les erreurs à ne pas commettre ? Je vous le dirai après la finale... En termes de fraîcheur physique et mentale, la dernière semaine est très importante avec la capacité à concentrer cette énergie mentale et physique. Chacun a sa façon de faire mais ce qui nous avait manqué, c'était cette fraîcheur, ça s'était joué là-dessus. Vous avez gagné en Nouvelle-Zélande en tant qu'entraîneur, quelle avait été la clé ? C'était justement ça. On avait un groupe qui montait en puissance dans le temps avec le travail. A l'époque on n'avait pas toute cette préparation, on avait récupéré les joueurs juste pour la tournée. On montait en puissance, sur les deux derniers matches la solution avait été cette capacité à nous resserrer mentalement, à exploiter la capacité physique et tactiquement avoir trouvé les solutions pour jouer les Blacks, c'était ce qu'on avait réussi notamment sur le deuxième match à l'Eden Park. Cette équipe était habituée à ça, elle l'avait vécu en Afrique du Sud, en Argentine et en 1995 en Coupe du monde. Le travail de montée en puissance, on savait le mettre en place. Est-ce un avantage d'avoir conservé la même équipe depuis les quarts de finale ? Je ne sais pas, je n'ai pas tous les éléments. Le principe, c'est d'avoir des repères. C'est propre à l'équipe de France, toutes les nations majeures avaient leur équipe en place et pas seulement sur la fin mais sur un ou deux ans pour certaines, or blessures évidemment. 24 ans après, Yachvili sera à la mêlée, le poste que vous aviez tenu. Qu'en pensez-vous ? Je lui souhaite de marquer un essai comme j'avais pu le faire. Comme il est meilleur que moi au pied, qu'il y ajoute beaucoup de pénalités en plus. S'il bute car là on est dans l'irrationnel, tout est possible, l'équipe l'a prouvé jusqu'à présent. Il faut espérer qu'on restera dans l'irrationnel dans cette finale. Que gardez-vous de cette finale de 1987 ? C'était une belle aventure même si on ne s'en était pas rendu compte sur le moment, c'était une super tournée mais il restera la frustration de cette finale qui pouvait basculer. On n'avait pas su le faire par manque de fraicheur physique et mentale et il faut reconnaître que ce jour-là, les Blacks avaient été un peu meilleurs que nous. Cette victoire offrait aussi au rugby mondial la crédibilité d'une Coupe du monde, de par leur histoire, ce n'étaient pas des escrocs qui étaient champions du monde. Comment vit-on un haka face à soi en finale de Coupe du monde ? C'est leur moment de motivation, c'est toujours important, on entre dans la dimension supérieure on sait qu'à ce moment-là si on n'est pas à ce niveau de motivation on ne peut pas exister. Il faut s'en inspirer et aller y chercher une source de motivation supérieure. Les Bleus seront-ils champions du monde dimanche ? Pour le rugby français, il faut le souhaiter. On l'attend en termes de légitimité, ce serait légitime pour la France on attend aussi de la crédibilité, les Blacks l'ont acquise, c'est à nous de le faire, pourquoi pas sur ce match. On a besoin d'un grand match.