Becaert: "Rien n'a changé après les Jeux"

  • Copié
Guillaume Bardou , modifié à
Championne du monde du sprint en 2003, Sylvie Becaert a raccroché carabine et skis mais continue de s'investir pour le développement du biathlon français. Impliquée dans l'organisation de la première manche de Coupe du monde au Grand-Bornand en décembre, la médaillée olympique avec le relais à Turin en 2006 fait le point sur cet événement et dresse un constat amer, moins de deux ans après la razzia olympique à Vancouver.

Championne du monde du sprint en 2003, Sylvie Becaert a raccroché carabine et skis mais continue de s'investir pour le développement du biathlon français. Impliquée dans l'organisation de la première manche de Coupe du monde au Grand-Bornand en décembre, la médaillée olympique avec le relais à Turin en 2006 fait le point sur cet événement et dresse un constat amer, moins de deux ans après la razzia olympique à Vancouver. Sylvie, c'est l'heure des derniers ajustements au Grand-Bornand, où en est l'organisation de cette première manche de Coupe du monde sur le sol français ? Les visites de la commission de l'IBU se succèdent. On a eu quelques modifications à faire sur le tracé, particulièrement au niveau de l'entrée sur le pas de tir. Il faut donc tout valider. Les tribunes sont mises en place, les passerelles également comme les cabines pour le fartage. Sur quels points l'IBU a-t-elle formulé des remarques pour entraîner ces dernières modifications ? On a remarqué lors de la manche d'IBU Cup au mois de mars (la Coupe d'Europe qui servait de répétition, ndlr) que les biathlètes arrivaient un peu trop vite sur le pas de tir donc ils nous ont demandé de faire un autre virage pour essayer de les ralentir au maximum avant leur arrivée à cet endroit. Quelles sont les spécificités de cette manche française ? On parle d'un événement au coeur de la station, que pouvez-vous nous en dire ? Je pense que c'est ce qui a séduit l'IBU lors de leur première visite sur le site. De la piste, on a vraiment une vue sur le village, un point qui devrait plaire aux athlètes et aux spectateurs. De mon côté, j'apporte mon expérience d'athlète. J'ai vraiment à coeur qu'ils repartent avec une belle image du Grand-Bornand. Quelles sont les garanties posées pour l'enneigement du parcours ? Face à ce début d'hiver difficile, on a l'option d'aller chercher de la neige naturelle au col de la Colombière ou bien de profiter de la neige artificielle qu'on pourrait obtenir sur les pistes d'alpin. Tous les canons sont en place. On espère que le froid et la neige vont arriver car la décision de l'IBU va tomber bientôt. On fait le maximum. "Des mini championnats du monde" Avez-vous un retour de l'équipe de France sur le sujet ? Cela fait plusieurs années qu'ils attendent une manche en France, on suppose que leur motivation doit être extrême à l'idée de briller lors de cet évènement... Oui, je les ai vus lors des dernières sélections. Ils ne se le cachent pas, c'est vraiment leur objectif principal, quelque chose qu'ils attendent. Ce sera entre guillemets des petits championnats du monde pour eux parce qu'être à domicile implique de gérer la pression, ils savent que les spectateurs répondront présents sur cette étape et attendront qu'ils brillent. Quel est, en tant qu'ancienne championne du monde du sprint et médaillée olympique avec le relais, votre regard sur l'équipe de France actuelle ? C'est vrai qu'après Vancouver, les anciens comme Vincent Defrasne, Sandrine Bailly ou moi avons arrêté donc il y avait une petite inquiétude par rapport à la jeune génération, savoir à quel moment elle serait performante. Dès l'an passé, on a vu que les jeunes avaient pris leur place, fait de bons résultats. Chez les filles, on a vraiment une belle équipe avec quatre filles médaillables sur le relais lors des Mondiaux. Je sais que c'est quelque chose sur lequel elles travaillent beaucoup en vue de Sotchi. Chez les garçons, les Fourcade, Vincent Jay, Alexis Boeuf ou même Lois Habert qui est revenu à son meilleur niveau montrent qu'ils sont là. Ce qui est beau dans ce biathlon français, c'est que les résultats ne se sont jamais arrêtés, il y a toujours eu quelqu'un pour faire des résultats. C'est ce qui fait la force du biathlon français. Les jeunes prennent le relais, ont toujours cette image, cet exemple devant eux qui leur montre ce qu'il faut faire pour y arriver. Cela met une ambiance saine dans le groupe. Pour souder ce groupe, il y a cette tradition du relais. Comment expliquer le rôle de ce relais, une vraie tradition française ? Oui, j'espère qu'on le verra lors du relais mixte au Grand-Bornand. Quand on est dans le groupe comme j'ai pu l'être, on a toujours ce goût du relais, cela nous tient à coeur car c'est l'image du groupe qu'on représente. Les jeunes n'ont pas peur d'aller se frotter aux meilleurs des autres nations. C'est vraiment positif. Malgré cela, les installations restent provisoires puisqu'il n'y aura pas de stade permanent. Est-ce une déception ? Pour la station, il était important qu'il n'y ait pas de traces, tout est conçu dans une démarche écologique. Après, en tant qu'ancienne athlète, je trouve forcément regrettable qu'on ne puisse pas disposer d'installations permanentes. On aurait aussi pu accueillir d'autres nations à l'entraînement. Il doit toutefois être conçu à Annecy, la défaite pour l'organisation des JO 2018 a mis un coup à tous ces projets mis en place par les stations. Le projet a toutefois été traité à part. C'est toujours d'actualité. On espère qu'on aura ce beau stade, à l'image de ce que font les Allemands ou les Scandinaves. Mais il faut des moyens. Est-ce le paradoxe du biathlon français ? Briller malgré des moyens nettement en dessous de vos principaux rivaux ? Le fait de se battre pour s'entraîner dans des conditions difficiles renforce peut-être le groupe. Les Allemands ont tout sur place. En Suède, à Ostersund, ils font des tas de neige avant l'été afin d'avoir une piste prête dès l'automne. Ils ont à ce moment-là déjà une boucle de trois kilomètres pour s'entraîner. Il faut y songer. On avait essayé à un moment à Prémanon. Cette manche au Grand-Bornand, serait-elle donc aussi un coup de projecteur sur le biathlon français ? Je l'espère. Quand j'étais athlète, on nous disait toujours qu'on ne parlait du biathlon que tous les quatre ans, que les résultats des JO étaient importants pour que notre discipline se développe. Avec le recul, j'ai participé à trois JO et rien ne s'est développé. Pourtant, à Salt Lake, Raphael Poirée a ramené une médaille d'argent, à Turin on a eu deux champions olympiques, à Vancouver six médaille mais ce n'est pour autant que les investissements ont été réalisés. Concrètement, à l'intérieur, pour la condition des athlètes, rien n'a changé. Est-ce qu'une épreuve de Coupe du monde peut changer cela ? Je ne sais pas. Cela dépendra aussi des résultats réalisés en début de saison. A nous d'intéresser, de faire venir le public...