Banide: "Beaucoup de joueurs veulent venir"

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Propos recueillis par FABIEN MULOT , modifié à
Après avoir assisté, depuis le banc, à la relégation en Ligue 2 de l'AS Monaco en fin de saison dernière, Laurent Banide, maintenu à son poste d'entraîneur, s'efforce de construire un groupe professionnel de qualité. Pour remonter immédiatement au sein de l'élite. Même s'il sait que le chantier reste immense sur le Rocher.

Après avoir assisté, depuis le banc, à la relégation en Ligue 2 de l'AS Monaco en fin de saison dernière, Laurent Banide, maintenu à son poste d'entraîneur, s'efforce de construire un groupe professionnel de qualité. Pour remonter immédiatement au sein de l'élite. Même s'il sait que le chantier reste immense sur le Rocher. Après la défaite contre Sedan vendredi en Coupe de la Ligue (1-4), quel est l'état d'esprit du groupe ? C'était un des premiers matches de la saison pour certains. On n'est pas abattu, on a pris une leçon certes mais on travaille pour essayer de rétablir tout ce qui nous a manqué pendant ce match. Est-ce que, pour vous, c'est une remise en cause de la préparation que vous menez depuis maintenant un mois ? Je me remets en cause tout le temps, donc il n'y a pas de problèmes à ce niveau-là. Il y a plusieurs facteurs explicatifs. Premièrement, on n'a pas préparé notre saison de D2 dès l'année dernière puisque l'on est descendu lors du dernier match. Deuxièmement, beaucoup de joueurs étaient en fin de contrat et sont partis. Des joueurs étaient abattus, d'autres étaient en sélection. On a fait deux reprises, une pour les plus jeunes et une pour les plus expérimentés. On a pas mal de joueurs qui sont sur le départ, on a peu de joueurs qui sont arrivés car Jean-Luc Buisine (le nouveau responsable du recrutement, Ndlr) est arrivé il y a seulement 3 semaines. On prend le temps de récupérer les joueurs que l'on veut. On n'est pas dans une précipitation qui nous ferait faire des bêtises. Du fait de notre reprise tardive, on a eu peu d'occasion de faire des matches amicaux (un seul, contre Fréjus (2-2), Ndlr). On sait qu'on manque de rythme, de matches. Il y a cependant beaucoup d'éléments qui font qu'on a quand même un petit peu de marge avant de tirer des leçons ou des conclusions trop hâtives. La gestion des joueurs qui attendent encore de partir est-elle délicate ? Des bannis pourraient-ils finir par intégrer le groupe professionnel ? Il y a des joueurs qui veulent partir, ou qu'on ne désire pas garder, ils s'entraînent à part. C'est normal, on a déjà beaucoup de joueurs, on ne peut pas travailler à 30-35. On essaye donc de faire pour le mieux, que tout le monde soit respecté et travaille de manière à ceux qui sont prêts pour le championnat travaillent beaucoup et ceux qui veulent partir en aient la possibilité. C'est vrai qu'on voudrait que ça aille plus vite. On ne peut pas pour l'instant être dans une situation comme Sedan, qui a un groupe depuis deux, trois ans, qui fait peu de recrutement mais de qualité et qui a un groupe qui est huilé. On repart sur d'autres fondations et, comme tout le monde le sait, les fondations sont plus longues à faire que la maison. "Former un groupe, un état d'esprit" Quelle est votre logique de composition du groupe professionnel ? Quels ont été vos critères de recrutement ? Ma logique, c'est de regarder les joueurs qui nous manquent. On a des jeunes joueurs de qualité mais qui ont besoin peut être d'avoir 5-6 mois d'entraînement et quelques prestations. On essaye de prendre des joueurs qui apportent un plus, et qui amènent avec eux les jeunes. On a pris Marester parce que Bonnart est parti, on a pris Helstad parce que Park est sur le départ. Ce sont des joueurs de L2 qui sont cohérents pour notre projet. N'est-ce pas dangereux d'avoir un effectif assez jeune à l'heure de débuter une saison en Ligue 2 ? Bien sûr, mais le problème c'est que si on ne les fait jamais débuter, ils n'auront jamais leur chance. L'important, c'est de voir ce qu'ils ont dans le coffre et essayer de leur donner ce qui leur manque. Pour le voir, il faut des matches comme à Sedan, où ils se font tordre et comprennent le chemin encore à parcourir pour devenir professionnel. On travaille sur tous les tableaux : on essaye de faire progresser les jeunes, on essaye de former un groupe, un état d'esprit, on essaye de travailler sur le jeu. C'est un gros chantier. On ne peut pas faire autrement, et on prend tout à bras le corps en essayant d'être logique. Quels sont les arguments pour convaincre un joueur de venir à Monaco, qui vient d'être relégué en Ligue 2 ? Contrairement à ce que beaucoup de gens peuvent penser, l'AS Monaco est un club qui attire beaucoup de joueurs. Il y a beaucoup de joueurs de L1 qui voudraient venir jouer à Monaco en Ligue 2. On a beaucoup de joueurs qui veulent venir, on a beaucoup de choix et à partir de là on prend notre temps pour recruter aux postes qui nous manquent. C'est ce qu'on a fait avec Dumont, qui correspond exactement à ce que je voulais au milieu de terrain. Il y aurait donc une liste d'attente de joueurs, dans laquelle vous piochez à votre guise ? Il y a beaucoup de joueurs qui nous ont fait des appels du pied, oui. De notre côté, notre cellule de recrutement travaille beaucoup. On regarde les DVD, on étudie tout, on fait un travail de fond. Et on prendra les deux-trois joueurs qui nous manquent et que je veux. Mais je ne vais pas prendre des joueurs pour prendre des joueurs. J'aimerais avoir un joueur par ligne encore. "Giuly ? On verra" Est-ce que ça n'est pas difficile pour un joueur de trouver la motivation dans un club qui ne suscite pas un grand engouement populaire, comme à l'AS Monaco ? Des stades entiers qui sont fait et cause pour leur équipe, comme on l'a vu la saison passée à Brest ou dans beaucoup de clubs, c'est vrai que ce sont des points supplémentaires car la motivation est présente dès le début, et la pression est forcément là. Cependant, Monaco a des supporters de qualité dans toute la France, beaucoup plus que ce qu'on ne croit. Cela n'a d'ailleurs pas empêché l'équipe de Monaco d'aller en finale de Ligue des Champions (2004, Ndlr) et de gagner beaucoup de titres. Ca n'est pas quelque chose de nouveau. Il y a 30 ans, j'ai vu Monaco être champion avec 6000 spectateurs. Quand vous êtes arrivés l'année passée, vous adoptiez une stratégie ultra-défensive. Quelle va être la philosophie de jeu de l'AS Monaco cette saison ? Je pars du principe que mon métier, c'est toujours de l'adaptation. Donc je m'adapte tout le temps et j'essaye, par rapport à l'effectif que j'ai, de tirer le maximum de son potentiel. J'ai fait ce que je devais faire avec tous les clubs dans lesquels je suis passé, avec plus ou moins de réussite. L'avantage que nous avons aujourd'hui, c'est que comme nous repartons sur d'autres bases, on peut choisir nos joueurs pour vraiment obtenir le jeu que l'on souhaite sur le terrain. A partir de là, je suis confiant dans le jeu que l'on va proposer dans les prochaines semaines, et j'espère que cela débouchera sur des résultats. Quand on joue mieux que les autres, on gagne. C'est d'ailleurs ce qui s'est passé entre Sedan et nous vendredi dernier. L'objectif clairement affiché, c'est la montée. N'est-ce pas dangereux de vouloir à tout prix remonter en un an, sans évacuer tous les problèmes ? On n'est pas les seuls à vouloir monter, il y a dix équipes qui ont le même objectif. Voulez-vous qu'on dise que l'on va rester en Ligue 2 ? Non, on va essayer de jouer la montée, en travaillant, en repartant sur d'autres bases et en essayant au fur et à mesure de monter une équipe forte. En espérant que cela soit le plus tôt possible. Pour l'heure, on essaye en dépensant moins, de faire plus. Trezeguet et Giuly s'entraînent à Monaco en ce moment. N'y-a-t-il pas dans un coin de votre tête l'envie de convaincre Ludo Giuly de jouer cette saison avec vous ? Ludo, il est dans son club. Il fait l'unanimité. Il est heureux, il travaille, il conseille les jeunes. On verra si on peut faire plus au niveau du rapprochement. David, c'est un grand attaquant, c'est de la race des grands buteurs. On sait que ça sera difficile de le récupérer, je pense qu'il peut encore faire beaucoup de bien dans les grands clubs français. Il a le sens du but, une adresse phénoménale. Cela me fait plaisir de le voir, on a travaillé ensemble lors de sa formation. Ca me touche énormément que ces joueurs-là reviennent ici et aident les plus jeunes. Ils sont exemplaires. Ludo Giuly à Monaco, ça n'est donc pas impossible ? Non, ça n'est pas totalement exclu. Maintenant, avant que les choses se fassent, il faut toujours du temps. On va voir ses prétentions, ce qu'on peut faire pour essayer de trouver un rapprochement qui puisse être bénéfique aux deux parties.