Autobus pour l'Europe

  • Copié
LAURENT DUYCK , modifié à
Si la situation est peut-être moins désespérée pour Toulon qu'elle ne semble l'être pour l'Usap en championnat, les deux clubs joueront tout ou partie de leur saison samedi en quart de finale de la H-Cup, moyen le plus court pour eux aujourd'hui de se qualifier pour cette compétition la saison prochaine. Un match magnifié par cette délocalisation historique à Barcelone où 54 000 personnes participeront à la fête.

Si la situation est peut-être moins désespérée pour Toulon qu'elle ne semble l'être pour l'Usap en championnat, les deux clubs joueront tout ou partie de leur saison samedi en quart de finale de la H-Cup, moyen le plus court pour eux aujourd'hui de se qualifier pour cette compétition la saison prochaine. Un match magnifié par cette délocalisation historique à Barcelone où 54 000 personnes participeront à la fête. Perpignan ou Toulon. L'Usap ou le RCT. En l'espace de deux rendez-vous, samedi à Barcelone en quart de finale de la H-Cup puis le 23 avril prochain lors de la 25e journée de Top 14, Perpignanais et Toulonnais vont lier leur destin. "On va dire que ça va être eux ou nous. Celui qui gagnera le quart fera un grand pas vers une saison pas trop mal, et celui qui gagnera en championnat se positionnera dans les six premiers, résumait en milieu de semaine Christophe Manas, l'entraîneur des lignes arrière du club catalan, dans les colonnes de L'Indépendant. Cette saison, Toulon est notre fil rouge." Un adversaire qui a peut-être plombé à lui seul la saison des Catalans en s'imposant début novembre à Aimé-Giral (20-29) et pourrait éteindre leurs derniers espoirs de se qualifier pour la phase finale du championnat fin avril à Mayol. Alors... "Comme ils ne sont pas au mieux en Top 14, ce match est encore plus important pour eux que pour nous", ne se trompe pas Joe Van Niekerk, le capitaine toulonnais. D'autant que ce quart de finale à Barcelone sera un "jour historique pour le club, pour la Catalogne et pour le rugby catalan en général" comme le souligne le président Paul Goze. "Compte-tenu de l'engouement qu'il suscite, la seule issue que l'on espère, c'est la victoire. Tout autre chose serait une déception importante. L'histoire a été écrite par les vainqueurs. La victoire viendrait clôturer cette attente qui dure depuis plus de 10 ans et parachèverait cette journée", ajoute-t-il. Un sentiment prolongé par Bernard Goutta, l'un des historiques de la maison catalane, rescapé de la finale de 2003, perdue face à Toulouse, à Lansdowne Road, aujourd'hui entraîneur des avants de l'Usap: "Il va y avoir une belle fête à Barcelone, mais elle ne sera belle que si on gagne. Il ne faut pas gâcher le rêve, qui n'est pas seulement le nôtre, c'est aussi celui de toute la Catalogne, Nord et Sud." Barcelone, terrain neutre ? Une Catalogne qui a répondu à l'invitation pour faire de Montjuich un vrai stade de rugby malgré sa piste d'athlétisme. Les 54 000 places ont trouvé preneurs, 32 000 billets s'étant arrachés dans les Pyrénées-Orientales d'où partiront 75 bus affrétés par les "penyes", près de 10 000 réservés aux Toulonnais et le reste vendu en Catalogne Sud, pour une fête qui s'annonce historique, du moins peu commune. Un contexte dont devront s'accommoder les joueurs. "Le contexte est excitant, mais il faut savoir en faire abstraction. On joue certes à Barcelone, ce qu'aucune équipe de l'Usap n'avait fait, mais ça ne doit pas nous mettre plus de pression que ça", estime David Mélé. "Il faut s'en servir positivement, corrige Manas. On vit un événement historique. Il ne faut pas que le poids de cette histoire nous éteigne, mais au contraire nous porte, nous transcende, nous permette d'élever notre niveau de concentration." Une ambiance que Philippe Saint-André a hâte de découvrir - "C'est un super match à jouer, Perpignan rêve depuis un siècle de jouer en Catalogne devant 55 000 personnes, ils vont le faire. Il va y avoir du combat, de la chaleur, du jeu et du bruit, c'est vraiment un bon match à jouer" -, mais que ne craint pas son président, Mourad Boudjellal, qui n'a pas son pareil pour faire exploser un ballon de baudruche. "J'étais persuadé qu'on allait jouer à Toulouse. J'avoue que j'étais assez content quand j'ai vu cet Anglais inscrire cet essai qui nous permettait d'aller jouer à Barcelone parce que je trouvais que c'était plus folklo pour le club que d'aller jouer à Toulouse. Accessoirement, Barcelone, ça faisait plus terrain neutre. Se taper Toulouse chez lui en quart de finale, ce n'est pas un cadeau", a-t-il expliqué en conférence de presse, cité par Var-Matin. Pas dit cependant qu'affronter les Perpignanais, revanchards après leur défaite concédée vendredi dernier face à... Toulouse, soit un cadeau. "On ne va pas tomber dans la sinistrose, mais s'appuyer sur les trois derniers mois, où on a fait de bonnes choses. On ne repart pas de zéro, la défaite contre Toulouse ne remet pas tout en cause", prévient Manas. Un deuxième échec consécutif pourrait en revanche avoir de lourdes conséquences, pas seulement économiques, pour l'Usap dans ses relations naissantes avec le Barça. "Aujourd'hui, il nous reste trois matches pour remporter le titre européen, conclut-il. Au moins, on serait sûr d'être en H-Cup l'an prochain. Tous les grands clubs visent ça. Cette compétition a un parfum particulier, elle permet de vivre autre chose." Comme l'ambiance unique d'un match à Barcelone.