Au nom du fils

  • Copié
Par Thomas Siniecki , modifié à
Toulouse qui reçoit Bayonne, vendredi en ouverture de la 14e journée de Top 14, c'est aussi Jean-Baptiste Elissalde qui accueille son père Jean-Pierre, désormais à la barre de l'Aviron. Pour l'entraîneur des arrières des champions de France, les liens familiaux seront laissés de côté de façon naturelle. Car l'un comme l'autre ont bien l'intention de se focaliser sur leur rugby. En tout cas, c'est le fils qui le dit.

Toulouse qui reçoit Bayonne, vendredi en ouverture de la 14e journée de Top 14, c'est aussi Jean-Baptiste Elissalde qui accueille son père Jean-Pierre, désormais à la barre de l'Aviron. Pour l'entraîneur des arrières des champions de France, les liens familiaux seront laissés de côté de façon naturelle. Car l'un comme l'autre ont bien l'intention de se focaliser sur leur rugby. En tout cas, c'est le fils qui le dit. L'heure des retrouvailles, oui. Mais ce n'est que pure coïncidence. "On va dire que ce sera une bonne occasion de se voir", nous indiquait ainsi Jean-Baptiste Elissalde mardi, au moment d'évoquer l'affrontement à venir avec son père lors de Toulouse-Bayonne. Grand professionnel et loué régulièrement en ce sens par Guy Novès, l'ancien demi de mêlée ne veut laisser aucune place à l'affectif à l'occasion de cette rencontre. Il pense même que naturellement, il n'y a aucune raison pour qu'un quelconque sentiment prenne le pas. "C'est vrai qu'il y en aura un de nous deux plus triste que l'autre vendredi soir, mais on sera là quoi qu'il arrive pour se soutenir dans les mauvais moments. Mais il n'y a vraiment pas de sentiment particulier, bien au contraire." Alors que Jean-Pierre a débarqué dans la galère de l'Aviron bayonnais et ne voit probablement pas ce déplacement à Ernest-Wallon comme une occasion obligatoire de victoire, beaucoup de regards seront braqués sur l'attitude des deux hommes vendredi. "La situation est ce qu'elle est, ce n'est pas dérangeant dans notre préparation, poursuit Jean-Baptiste. Ça ne perturbera pas les joueurs, et c'est bien ça le plus important." L'entraîneur des arrières toulousains est persuadé que le contexte autour de l'Aviron obligera son père à se focaliser sur l'essentiel. "Je pense qu'il va se concentrer avant tout sur la performance de ses joueurs, il est en plein chantier, en plein réaménagement. Ce n'est jamais évident de changer d'entraîneur en cours de saison, ils ne vont pas trop regarder ce qu'on va leur proposer. Ils vont surtout se concentrer sur leurs points forts et sur la dynamique du moment.""Entraîner à ses côtés ? Si ça doit se faire, pourquoi pas" Sérieux au possible, Jean-Baptiste parle donc aussi au nom du père, en confirmant que "l'affectif n'entre pas du tout en ligne de compte". Un peu plus disert au moment d'évoquer l'ampleur de la tâche qui attend son paternel, le technicien haut-garonnais a une idée très précise du discours que Jean-Pierre Elissalde va devoir utiliser à Bayonne. "Je pense que son premier travail va être de faire entendre à ses hommes qu'ils jouent le maintien. Tout est souvent remis en question dans la défaite. Son premier boulot sera de ne pas avoir d'états d'âme par rapport à ça, de transmettre à ses joueurs une volonté forte d'aller de l'avant, et de grappiller le plus de points possibles sur n'importe quel terrain, de se battre au maximum. Je pense que ce sont les mots qu'il va employer." La symbolique sera forte dans la Ville rose, et si Jean-Baptiste assure qu'il fera abstraction de tout sentiment dans l'exercice de fonction, il y aura forcément une émotion intérieure. Au moins une petite... "Il a toujours été mon guide, il a toujours été là avec son oeil extérieur pour me diriger, montrer du doigt - sans me donner les solutions - quelques soucis que j'avais en tant que joueur, et maintenant en tant qu'entraîneur." Et lorsqu'on lui demande si l'idée d'entraîner un jour avec son père lui a déjà trotté dans la tête, le Toulousain d'adoption se refait un peu plus évasif: "Je pense qu'il a signé pour six mois, dans ce métier-là... Moi, je n'en suis qu'au début de ma carrière, mais bon... Si ça doit se faire, pourquoi pas. On pense souvent les mêmes choses." Des valeurs identiques, pour une famille qui compte dans le rugby français.