Antonetti: "Qu'est-ce que je dois dire ?"

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Propos recueillis par SILVERE ROCHER , modifié à
Un derby breton entre deux équipes classées dans le Top 5 du classement de Ligue 1, ça n'a pas dû arriver souvent ! Et c'est pourtant ce qui attend les spectateurs du stade de la Route de Lorient samedi pour le compte de la 14e journée de L1 avec un alléchant Rennes-Brest. Un match à gagner pour Frédéric Antonetti qui sort d'une semaine assez mouvementée...

Un derby breton entre deux équipes classées dans le Top 5 du classement de Ligue 1, ça n'a pas dû arriver souvent ! Et c'est pourtant ce qui attend les spectateurs du stade de la Route de Lorient samedi pour le compte de la 14e journée de L1 avec un alléchant Rennes-Brest. Un match à gagner pour Frédéric Antonetti qui sort d'une semaine assez mouvementée... Vous accueillez Brest samedi soir, ce match a-t-il une saveur particulière ? C'est un derby, donc il y a forcément un peu plus de passion, c'est toujours particulier, il y a cette histoire de suprématie régionale avec Brest qui est revenu en haut de l'affiche. J'aurais voulu que Nantes soit là aussi, parce qu'on m'a dit que les derby Rennes-Nantes étaient bien. Pour moi, plus il y a ce genre de matches passionnés, plus je suis content. Pour le football, il y a deux mots qui reviennent chez moi, l'émotion et la passion. C'est aussi un choc de haut de tableau ? Le haut de tableau aujourd'hui n'a pas beaucoup d'importance, les écarts ne sont pas encore établis. D'un côté, il y a Brest qui travaille bien, il y a là-bas un entraîneur (Alex Dupont) que j'apprécie énormément depuis longtemps, ça ne me surprend pas qu'il ait des résultats, et puis Rennes qui fait maintenant partie des bons clubs français depuis dix ans. Après, au-delà de ce derby breton, il y a aussi le fait qu'il n'y ait que deux points d'écart entre les deux équipes, l'une classée première et l'autre cinquième... donc ça fait beaucoup de raisons effectivement pour s'intéresser à ce match. Le Stade Brestois est tout juste promu, aujourd'hui leader, quelles sont ses forces ? Leur entraîneur déjà. Au-delà de l'aspect technique et tactique, je pense qu'il fait bien vivre son groupe au quotidien, il met une ambiance sereine dans le travail. Dans le jeu, ils sont bien organisés, ils font preuve de beaucoup de générosité, d'engagement et d'implication, avec deux joueurs qui sortent du lot: leur gardien Steeve Elana, qui a atteint sa plénitude, je pense, et leur attaquant Nolan Roux. Des individualités, un collectif et un entraîneur qui sait bien travailler. "J'aimerais qu'on garde les joueurs pour qu'on en profite un peu" Le Stade Rennais n'a plus gagné depuis le 3 octobre dernier (Toulouse, 3-1), vous recevez Brest dans une période difficile... Difficile ou pas, c'est un match à domicile qu'on se doit de réussir. Cela fait longtemps que nous n'avons pas gagné, on doit renouer avec la victoire, j'aurais eu le même raisonnement quel que soit le match. Le paradoxe, c'est que le match le plus accompli, contre Lyon, on fait 1-1, et un bon match à l'extérieur, comme à Auxerre, on se fait piéger (1-2). Entre 0-0, 1-0 et 0-1, il y a peu d'écart, comme je le dis souvent, et c'est vrai que depuis quelque temps, la réussite nous fuit, alors qu'elle était là pendant les premières journées, quand nos contenus étaient moins bons. Cela fait partie des situations qu'on rencontre tout au long d'une saison. Dimanche dernier, après la défaite à Auxerre, vous avez déclaré: "J'adore mon groupe. J'aime entraîner ces jeunes. Mais cela ne m'intéresse plus. M'asseoir devant la télé pour voir en Ligue des champions des joueurs que j'ai lancés, cela ne m'intéresse plus non plus", vous êtes lassé ? Je n'ai pas compris pourquoi cela avait pris autant d'importance. J'ai simplement dit qu'on manquait d'expérience. À chaque fois on me félicite: "Vous avez une équipe qui joue bien, vous sortez des jeunes"... C'est la politique sportive du club, et elle me va à merveille. Simplement, j'aimerais qu'on les garde, ces joueurs là, le plus longtemps possible, pour qu'on en profite un peu. Mais il n'y a rien à remettre en cause et je suis très heureux de travailler avec ces jeunes. On vous a senti aussi très frustré, voire découragé... Quand on perd un match à la 87e et qu'on a eu l'impression de pouvoir le gagner, à un moment donné, on est toujours frustré. Si j'avais dit: "C'est pas grave, on verra après", on m'aurait dit que j'étais fou. Et si je dis que je suis frustré, on me dit découragé. Qu'est-ce que je dois dire ? J'étais encore plus frustré quand j'ai revu le match, et je sais qu'avec un an de plus, on le gagne, ce match. Voilà, ça s'arrête là, le lendemain, je me suis reconstruit. Si vous ne vous reconstruisez pas aussi vite, il faut changer de métier.