A moitié rassurant...

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SYLVAIN LABBE , modifié à
Tout comme l'an dernier, à Murrayfield, le XV de France, tenant du titre, a ouvert samedi, au Stade de France, par une victoire (34-21) aux dépens de l'Ecosse son Tournoi des Six Nations, qui préserve les espoirs de conserver sa couronne. Toujours aussi dominateurs devant, mais aussi friables et inquiétants en défense, les Bleus, à défaut de lever les doutes, ont retrouvé la voie de l'en-but, inscrivant 4 essais avant le déplacement à Dublin.

Tout comme l'an dernier, à Murrayfield, le XV de France, tenant du titre, a ouvert samedi, au Stade de France, par une victoire (34-21) aux dépens de l'Ecosse son Tournoi des Six Nations, qui préserve les espoirs de conserver sa couronne. Toujours aussi dominateurs devant, mais aussi friables et inquiétants en défense, les Bleus, à défaut de lever les doutes, ont retrouvé la voie de l'en-but, inscrivant 4 essais avant le déplacement à Dublin. Cap'tain Dusautoir l'avait promis. Le public du Stade de France ne s'ennuierait pas ce samedi, au Stade de France, pour l'ouverture de ce Tournoi 2011, point de départ de la grande aventure qui mènera les Bleus jusqu'à la Coupe du monde. L'équipe de France a tenu la promesse faite par son timonier. Les presque 80 000 spectateurs de cette première levée de la défense du Grand Chelem ont eu droit à sept essais, dont quatre à mettre à l'actif de Tricolores redevenus efficaces avec deux réalisations de leurs trois-quarts, si attendus pour ce match de rentrée. Avec la palme pour un Maxime Médard meilleur Français sur la pelouse, qui a confirmé ses belles dispositions de la saison. Un quatrième essai, de pénalité celui-là, à ajouter à la collection d'une mêlée française toujours aussi impressionnante et l'après-midi avait de quoi rassurer la France du rugby, qui avait pu se féliciter également de la conduite du jeu par un François Trinh-Duc sans doute pas exempt de tout reproche, mais qui tend à prouver qu'il a pris de la bouteille. Mais le compte ne serait pas bon sans les trois essais écossais du jour, qui entachent le tableau et empêchent de croire réellement que tous les enseignements de la déroute face à l'Australie ont été tirés. Une entame idéale... Un peu trop peut-être... Se rassurer, vite, ne pas gamberger pour ne pas laisser renaître des souvenirs encore trop cuisants: les Bleus, qui évoluent en blanc ce samedi, s'y emploient sans attendre. Le fameux rideau défensif tricolore, porté disparu depuis le dernier Tournoi, est de nouveau en place et le jeu de passes écossais vient s'y écraser. Un ballon de relance qui fait mouche, ramassé par Dusautoir et surtout transformé au pied d'un service rasant et dosé d'Aurélien Rougerie, qui sert idéalement "Monsieur 13 essais dans le Top 14", un Médard, dont la pointe de vitesse est fatale à son vis-à-vis. Transformé par Morgan Parra, ce premier essai est une bénédiction pour le moral de cette équipe de France (7-0, 4e). Une première grosse mêlée sous ses propres poteaux pour montrer que les Champions en titre n'ont rien oublié de leurs points forts de 2010, mais surtout de l'entrain, du dynamisme à l'impact et dans les lancements, qui permettent à François Trinh-Duc de prendre ses responsabilités et de claquer le drop pour concrétiser ce qui n'est jamais que la deuxième incursion des Bleus dans le camp adverse (10-0, 10e). C'est l'entame idéale, un peu trop peut-être... Loin de se désunir par ce 10-0 initial, les hommes du Chardon délaissent un temps leur jeu de mouvement pour d'un enchaînement de pick and go enfoncer la ligne française, soudain bien friable, grâce à leur capitaine, Alastair Kellock. Et les démons bleus sont déjà de retour (10-7, 19e)... Suffisamment présents en tout cas pour gâcher les belles initiatives d'un Médard (23e) ou d'un Yoann Huget (24e) par une fébrilité soudain de retour ! Alors ? Alors les "gros" bien sûr, impitoyables pour un pack écossais déjà aux abois et assommé de pénalités sur sa ligne jusqu'à la sanction suprême qu'accorde l'Anglais, M. Barnes. Un essai de pénalité sous les perches, transformé par Parra, qui redonne de la voix au Stade de France et au score plus d'ampleur (17-7, 29e). Ce paquet d'avants, s'il n'est pas une assurance-vie infaillible, a tout de même le don de remettre les Bleus dans le bon sens et d'encourager les arrières à ne pas renoncer à leurs évidentes bonnes intentions, où la vitesse est de retour, mais qui restent encore parsemées de scories. Un soupçon de variation ne serait d'ailleurs sans doute pas pour nuire au jeu des Bleus, qui perd Maxime Mermoz, touché à une épaule, sur blessure (46e). Nécessaire, la réorganisation tactique fait glisser Traille au centre, tandis que le nouvel entrant, Clément Poitrenaud lui succède à l'arrière. Une défense en bois Le flottement est palpable, que la pénalité ratée par Parra des 45 mètres ne fait qu'accentuer (50e). Un échec qui marque la sortie du Clermontois, blessé, ou pas, mais remplacé par Yachvili (52e), et le début d'un coaching légitime pour secouer ces Bleus revenus des vestiaires sans tonus. L'effet est immédiat, même si c'est Lionel Nallet, qui est à la récupération d'un ballon que Trinh-Duc bonifie d'une passe entre les jambes pour envoyer Imanol Harinordoquy dans l'espace inscrire le troisième essai tricolore (24-7, 56e). La Marseillaise, qui retentit dans les travées, résonne comme un encouragement à porter le coup de grâce. C'est raté ! Le Chardon pique encore quand la mêlée française semble piquer du nez depuis la sortie de William Servat ; et c'est encore en force que Kelly Brown vient déchirer la défense tricolore arc-boutée sur sa ligne (24-14, 61e). Il faut les jambes de feu et toute la vista de Médard pour redonner du lustre à ce succès et pour permettre à Damien Traille de redonner de l'air à ces Bleus entre deux eaux (31-14, 69e). Mais la défense n'est pas à la hauteur, à l'image de Traille et de Poitrenaud, et c'est un troisième essai écossais, oeuvre de Sean Lamont, qui s'il ne scelle pas les débats (31-21, 76e) - Yachvili passant une dernière pénalité - marque les esprits. Comme un doute qui continue de planer sur ces Bleus...