"Viols par surprise" : le sexagénaire renvoyé devant les assises

© PHILIPPE HUGUEN / AFP
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Pierre de Cossette, édité par A.H.
Le sexagénaire bedonnant qui utilisait une fausse identité sur Internet pour séduire ses victimes et les inciter à consentir une relation sexuelle va être renvoyé devant les assises.

C'est une première victoire. Mardi, trois femmes ont appris avec soulagement que leur agresseur présumé serait bien renvoyé devant les assises. Cet homme de 68 ans utilisait une fausse identité sur Internet pour séduire ses victimes, le tout enrobé dans un scénario à la 50 Nuances de Grey, le best-seller érotique. Les faits remontent à 2009, 2014 et 2015.

Des mois de conversations enflammées. Sur Internet, il était Anthony Laroche, 37 ans, architecte d'intérieur à Monaco. Physique de baroudeur, très avantageux. Mais la photo était en réalité celle d'un mannequin d'une marque de prêt-à-porter. Et le séducteur, qui discutait avec plusieurs centaines de femmes sur Internet, n'a pas 37 ans, mais 68. Comme d'autres, Leila, 34 ans, se laisse prendre au piège, séduite à distance par deux mois de conversations enflammées.

"À sa silhouette… j'ai compris". "Il a mis un scénario en place à la 50 Nuances de Grey. Quand je suis arrivée chez lui, tout était dans le noir, et il m'a demandé de mettre un bandeau sur mes yeux. Il est venu me chercher, on est allés dans sa chambre, et il m'a attaché les mains. À partir de là, je ne pouvais ni le voir, ni le toucher. À la fin, quand j'ai enlevé le bandeau, il a éteint la lumière. À sa silhouette, dans le noir, j'ai compris que ce n'était pas lui car il n'avait pas du tout un corps athlétique", se souvient douloureusement Leila, au micro d'Europe 1.

"Plus qu'une tromperie". "Je me sens salie. J'insiste sur le terme de viol car ce n'est pas à cet homme-là que j'ai donné mon consentement", affirme Leila. "C'est plus qu'une tromperie, c'est un viol par surprise. Il y a eu un stratagème, une préparation, une mise en scène", dénonce Me Mohamed Maktouf, l'avocat d'une plaignante, interrogé par Europe 1. 

Un faux "Playboy" bedonnant. Pour sa défense, Jack, de son vrai prénom, a expliqué au juge n'avoir forcé personne, et ne pas voir où était le mal. Pour Me Maktouf, "c'est un homme qui n’assume pas les faits pour lesquels il est poursuivi. On porte l’opprobre sur les victimes en disant qu’elle savaient ce qu’elles voulaient. Leur reconstruction sera rude et longue, mais elles sont soulagées d’avoir été écoutées." Au total, 25 femmes se sont rendues chez le suspect. Certaines d'entre elles, prises de doutes, ont renoncé à la dernière seconde à cette rencontre assez particulière. D'autres ont joué le jeu, mais se sentant honteuses, elles n'ont pas souhaité porter plainte contre ce "Playboy" finalement décrit comme bedonnant, cheveux teints, avec un gros nez et des lunettes.