Vincent Nouzille : "Personne ne pilote aujourd’hui la lutte antiterroriste en France"

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A.H. , modifié à
Le journaliste d'investigation Vincent Nouzille dresse dans un livre les failles toujours persistantes des services chargés de l'antiterrorisme en France.
INTERVIEW

C'est un constat très inquiétant que dresse le journaliste d'investigation indépendant Vincent Nouzille sur Europe 1 jeudi matin. Dans son livre Erreurs fatales (éditions Fayard), il révèle que les leçons des différents attentats terroristes qui ont frappé la France depuis 2012 "n'ont pas été tirées".

Une mauvaise communication. Le journaliste égraine les dysfonctionnements, de l'affaire Merah aux frères Kouachi, repérés puis "débranchés" par les services de renseignement français. "Il y a un problème de coordination entre les services", estime Vincent Nouzille qui cite l'exemple d'Abdelhamid Abaaoud, l'un des coordinateurs des attentats de novembre 2015, tué lors de l'assaut de Saint-Denis. "Dès début 2015, il est repéré par la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure, ndlr), qui ne transfère pas son dossier à la DGSI (Direction générale de la sécurité intérieure, ndlr). La DGSI ne le découvre qu'à la fin de l’été avec l’attentat avorté du Thalys. Quant à la Police judiciaire, qui intervient après le 13 novembre, elle ne le découvre qu'à ce moment-là", constate le journaliste.

"On n'a rien changé au système". "Personne n'a tiré les leçons de ces échecs", s'alarme Vincent Nouzille. "On n'a rien changé au système : les services de renseignement se font toujours la gueule et entre les ministères, il n'y a pas vraiment de coordination", déplore le journaliste. "Personne ne pilote aujourd'hui la lutte antiterroriste en France. On sait qu’il y a des juges, des ministères, mais il y a encore trop de trous dans la raquette. On est toujours vulnérables", constate-t-il.