Université : le bilan contrasté des examens à domicile

La tenue des examens a été fortement perturbée dans les universités les plus touchées par le mouvement de contestation de ces dernières semaines.
La tenue des examens a été fortement perturbée dans les universités les plus touchées par le mouvement de contestation de ces dernières semaines. © FREDERICK FLORIN / AFP
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Virginie Salmen, édité par Ugo Pascolo , modifié à
Environ 50.000 étudiants n'ont pas pu passer d'examens sur table pour valider leur semestre. Certains ont donc dû passer leurs épreuves chez eux, parfois aidés par leurs parents. 
L'ENQUÊTE DU 8H

Emmanuel Macron l'avait promis : "Pas d'examens en chocolat". Mais alors que la période des examens se termine, après des semaines de blocages dans les universités et des partiels annulés, environ 50.000 étudiants sur les 1,6 million d'inscrits à la fac n'ont pas pu passer leur examen sur table, comme cela se fait d'habitude. 

A Nanterre, 80% des étudiants n'ont pas pu composer sur table. Sans surprise, ce sont dans les universités les plus durement touchées par le mouvement de contestation contre la loi ORE que les examens ont été le plus annulés : Tolbiac, Montpellier 3, Nantes, Rennes 2, ou encore la faculté de Nanterre, sûrement la plus touchée, où les étudiants avaient même voté le blocage illimité de l'université. Son président reconnaît d'ailleurs que 80% des étudiants n'ont pas pu composer sur table.

La validation du semestre s'est donc faite soit par le contrôle continu grâce aux notes obtenues en travaux dirigés (TD), soit par les notes des partiels blancs, soit par des épreuves sur internet, voire un mélange de toutes ces solutions. Le problème pour les épreuves en ligne étant évidemment la possibilité de tricher facilement, les présidents d'universités assurent avoir pris en compte ce facteur : les épreuves sont donc des dissertations et non de simples tests de connaissance. 

Entendu sur europe1 :
C'était un peu un jeu et toute la famille y a participé

Un QCM avec ses parents. Mais ce n'est pas toujours le cas, comme cette étudiante de Nanterre qui a passé un QCM en ligne chez elle avec à sa gauche, sa mère, et à sa droite son père. Chacun avec un ordinateur sur les genoux. "On était, sa mère et moi, chacun sur un ordinateur pour le premier contrôle", raconte Georges, le père de l'étudiante. "C'était facile parce qu'on avait le temps de faire les recherches sur internet. Pour le deuxième, en revanche, il fallait répondre rapidement donc on a tous fouillé dans nos connaissances personnelles en philosophie ou en Histoire. C'était un peu jeu et toute la famille y a participé", confie-t-il. Une situation de tricherie que Luna, la fille de Georges, assume : "C'est beaucoup trop tentant. Dans les personnes que je connais à la fac, on est 90% à avoir fait la même chose", souffle-t-elle.

Un partiel sur Internet vaut autant qu'un autre. Même si ce QCM ne comptait pas pour beaucoup dans la note finale de Luna, de nombreux étudiants estiment que leur diplôme ne valent pas grand chose cette année, que ce soit à Nanterre ou à Tolbiac et qu'ils auront du mal à être acceptés l'an prochain dans d'autres universités s'ils postulent sur dossier. Mais pour les présidents d'universités, il n'y a pas de débats et les examens par internet ont la même valeur que ceux composés sur table : "Je me fonde sur des statistiques", explique Jean-François Balaudé, président de l'université de Nanterre.

Il n'y a pas un nombre massif d'étudiants qui se trouvent assistés par une distribution de notes avec une élévation vertigineuse du nombre de très bonnes notes". Autre argument invoqué par le ministère de l'Éducation supérieure et par les présidents d'universités : les partiels par internet son une pratique courante dans beaucoup de facultés depuis plusieurs années.