Ce que l'on sait des djihadistes français arrêtés en Syrie

Thomas Barnouin a été interpellé par des combattants kurdes. (Photo d'illustration)
Thomas Barnouin a été interpellé par des combattants kurdes. (Photo d'illustration) © DELIL SOULEIMAN / AFP
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Alain Acco et Salomé Legrand, avec AFP , modifié à
Thomas Barnouin, l'un des djihadistes français les plus activement recherchés, a été arrêté à la mi-décembre en Syrie avec deux autres djihadistes.

Il était l'un des djihadistes français les plus activement recherchés. Thomas Barnouin, figure des filières djihadistes du Sud-Ouest, a été arrêté en Syrie à la mi-décembre, selon une information de TF1 dont Europe 1 a eu la confirmation. L'Albigeois, condamné en 2009 en France à cinq ans de prison, dont un avec sursis, dans l'affaire de la filière dite d'Artigat, un village de l'Ariège, a été arrêté par des combattants kurdes, avec deux autres djihadistes français, selon la même source. 

Un proche des frères Merah et Clain. Thomas Barnouin était l'une des principales figures de la mouvance islamiste toulousaine. Membre de cette nébuleuse djihadiste du Sud-Ouest dans laquelle ont gravité Mohammed Merah ou Fabien Clain, Barnouin, 36 ans, avait déjà été intercepté en 2006 avec une autre figure du djihadisme français, Sabri Essid, par l'armée syrienne, alors qu'ils se rendaient en Irak pour y prendre part au djihad contre les forces de la coalition internationale. Remis aux autorités judiciaires françaises en 2007, ils avaient été jugés et condamnés en 2009, avant de repartir pour la Syrie au printemps 2014, avec des proches.

Un acteur de la propagande djihadiste. Il y a dix jours, il a donc été arrêté par les forces kurdes à 200 km à l'est de Raqqa. Arrêté en compagnie de plusieurs djihadistes français. Parmi eux, un certain Romain Garnier, originaire de Vesoul, et qui envoyait régulièrement des vidéos pour inciter à venir rejoindre l'Etat islamique. Il avait aussi une chronique en français sur la radio de Daech.

1.700 Français partis depuis 2014. Selon le gouvernement français, environ 1.700 Français sont partis rejoindre les zones djihadistes irako-syriennes à partir de 2014. Sur ce total, au moins 278 sont morts et 302 sont revenus en France (244 adultes et 58 mineurs). Les autres ont été soit capturés par les forces qui combattent l'EI en Syrie et en Irak, soit tués dans les combats, soit ont fui vers les derniers territoires tenus par l'EI ou d'autres foyers djihadistes, en Libye notamment.

Un problème pour la justice. Que va-t-il se passer pour les djihadistes capturés ? Difficile à dire. Au ministère de l'Intérieur et au parquet de Paris, on se refuse jusqu'à présent à tout commentaire. Pour l'ancien député PS, spécialiste des questions de terrorisme, Sébastien Pietrasanta, la France ne souhaite pas particulièrement avoir à gérer ces dossier. "Le président Macron avait dit que les choses seraient étudiées au cas par cas, selon les individus, mais l'idée c'est de dire qu'ils ont commis des exactions en Syrie et en Irak, et que c'est à ces pays-là de pouvoir les juger sur place", rappelle-t-il. "C'est vraiment une volonté de dire que la France ne souhaite pas alourdir la justice anti-terroriste française qui est déjà extrêmement surchargée. De la même manière, ça pose des problèmes en matière de détention, à cause du prosélytisme et du fait qu'il faut les placer à l'isolement. Ce sont des soucis de gestion courante de ces détenus particuliers."

À l'inverse, "il peut y avoir un intérêt pour l'Etat français de récupérer un certain nombre de ressortissants français qui avaient une place importante dans l'état-major de l'Etat islamique pour récupérer des informations", pointe Sébastien Pietrasanta. "Mais en réalité, ces informations on peut les récupérer face aux bonnes relations que peuvent avoir les services de renseignement français avec les services irakiens en particuliers, où un certain nombre de Kurdes avec lesquels nous sommes en lien".