Tatoués sur le tard

© Victor Dhollande/Europe 1
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LE CHOIX DE LA RAISON - Ils sont de plus en plus nombreux à prendre leur temps avant se tatouer. 

Thierry, alias Manao Tiki Tattoo, lâche l’anecdote avec un petit sourire malicieux. "Il y a deux ans, une petite mamie de 80 ans est venue au magasin pour se faire une petite rose sur la fesse", raconte ce tatoueur, installé depuis 26 ans à Toulon. "Son mari n’aimait pas ça. Mais comme il était mort depuis deux ans, elle a décidé de s’offrir ce petit plaisir". Tatouée sur le tard elle aussi, Stéphanie n’a quand même pas attendu aussi longtemps. A 38 ans, pour la naissance de son premier enfant, elle se lance. Là où beaucoup d’adolescents veulent le dernier motif à la mode dès 16 ans – l’âge légal pour se faire tatouer en France – d'autres préfèrent prendre leur temps. Histoire, souvent, de ne pas le regretter. Nous les avons rencontrés au Mondial du tatouage (du 6 au 8 mars 2015), à la Grande halle de la Villette, à Paris.

"Je pense au tatouage depuis mes 18 ans"

Tatouages-Stéphanie

© VDM/Europe 1

Pendant que Thierry lui recouvre l’épaule droite d’une fleur maorie, Stéphanie, 39 ans, nous raconte l’attente : "je pense au tatouage depuis à peu près l’âge de 18 ans. J’ai attendu très longtemps. C’est le côté indélébile, définitif qui m’a fait réfléchir", confie cette contrôleuse de gestion dans les Yvelines. "A chaque fois, je me demandais est-ce le bon moment, est-ce le bon motif ? L’élément déclencheur, ça a été la naissance de mon premier enfant. Cette naissance, c’est aussi quelque chose qui est définitif et j’avais envie de lui rendre hommage de cette façon-là".

Son premier tatouage était tout simple : un "K", pour Kaitlyn, le nom de sa fille. "Au moment de franchir la porte du salon, j’avais les jambes en coton. A force d’avoir reculé et tant attendu, le jour J, on se demande si on a raison de le faire". Elle se rappelle de la douleur, moins forte que l’on peut l’imaginer. Aujourd’hui, Stéphanie ne cache pas sa boulimie. Elle en veut beaucoup. Partout.

"15.000 euros sur mon corps"

Tatouage-japonais

© VDM/Europe 1

Gérald, 34 ans, se balade fièrement dans les allées du Mondial du tatouage pour montrer son œuvre. Mais avant de parader, lui aussi a pris son temps. "Histoire de mieux réfléchir au motif et de ne pas le regretter par la suite". Une longue réflexion pour… finalement un tatouage intégral. Une fresque japonaise qui représente la création des îles par les deux divinités Izanami et Izanagi. 200 heures de travail plus tard, son petit bijou n’est pas encore terminé. Mais il a déjà "une voiture sur son corps, l’équivalent de 15.000 euros" !

Un peu plus loin, Gilles déambule dans le grand hall du parc de la Villette, à la recherche de son prochain tatouage. C’est sa femme qui l’a entraîné dans cette passion. Son premier dessin ? Un soleil pour ses 48 ans. "C’était pendant un voyage avec mon épouse", raconte-t-il. "Le deuxième, c’est un lion". Celui-là, c’était juste après une marche avec des fauves en liberté, à l’Île Maurice.   

"L’initiale de la première petite copine, il vaut mieux éviter"

A 56 ans, il n’a pas du tout envie d’arrêter. Mais, la maturité oblige, il se permet un tout petit conseil aux jeunes générations : "quand on se fait tatouer, il faut une raison vraiment profonde. Ça reste et il faut être bien sûr de ne pas le regretter". Et de conclure, dans un éclat de rire : "l’initiale de sa première petite copine, il vaut mieux éviter".