Sophie Peters : "La peur est la plus contagieuse et la plus toxique des émotions"

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A.H.
Etat d'urgence, attentats, crash aériens, casseurs... De plus en plus de Français ont le sentiment de vivre depuis trop longtemps dans un climat de peur. "Il faut relativiser", prône la psychanaliste d'Europe 1.

Sommes-nous prisonniers d'une société de la peur ? Depuis quelques mois, ce sentiment se généralise parmi les Français et s'accroît pour certains, à mesure que des événements - aussi variés que les attentats, les crash aériens ou les attaques de casseurs en marge des mouvements sociaux - se multiplient. Pour la psychanalyste d'Europe 1 Sophie Peters, "c'est normal d'avoir peur", d'autant plus lorsque l'on reste "branchés sur l'information".

La peur nous divise. Une fois que ce constat est établi, que faire de cette peur qui nous habite ? "Parmi les cinq émotions d'un être humain (désir, peur, colère, tristesse et joie, ndlr), la peur est la plus contagieuse et la plus toxique", selon la psychanalyste. "Elle pose la question : quelle sécurité se donne-t-on à soi-même ? Quels risques suis-je capable d'accepter ?", indique Sophie Peters. "Si la peur est insidieuse et dangereuse pour le collectif, c'est parce qu'elle divise", souligne la psychanalyste. "Plus on a peur, plus on est dans la méfiance et plus on se délite". 

Les autres, sources de réconfort. Comment réussir à échapper au revers de la peur et à cette forme de violence envers autrui ? "Il faut relativiser, exercer nos capacités de réflexion", juge la spécialiste. Pour cela, il est nécessaire de "se recentrer", de "faire des pauses de déconnexion". "Avec les médias et les réseaux sociaux omniprésents, on a tendance à avoir le nez dessus", explique Sophie Peters. Une forme de "désintoxication" de l'information s'impose alors pour les personnes se sentant le plus cernées par la peur. Mais le plus important pour la psychanalyste est avant tout de "créer du lien, d'être dans le partage, de profiter des bons moments avec les gens qu'on aime". Tout simplement, "avoir le plaisir d'être en vie".