Saint-Étienne-du-Rouvray : l'enquête se penche sur les complicités

Les enquêteurs cherchent désormais à savoir si d’éventuels complices ont aidé les deux terroristes à entrer en contact.
Les enquêteurs cherchent désormais à savoir si d’éventuels complices ont aidé les deux terroristes à entrer en contact. © CHARLY TRIBALLEAU / AFP
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Pierre de Cossette et R.Da. avec AFP , modifié à
Les enquêteurs cherchent à savoir comment les deux terroristes, qui ne se connaissaient pas quelques jours avant d'attaquer une église, sont entrés en relation. Le cousin de l'un d'eux a été mis en examen dimanche.

Un homme a été mis en examen dimanche et écroué dans le cadre de l'enquête sur l'attaque d'une église à Saint-Étienne-du-Rouvray, près de Rouen. Il s'agit du cousin de l'un des deux terroristes, qui était au courant de ce projet d'attentat. En effet, Abdel Malik P. s’en serait ouvert à ce parent via l’application de messagerie cryptée Telegram, cette même plateforme par laquelle il avait publié sa vidéo d’allégeance au groupe Etat Islamique, et via laquelle il avait fait connaissance de son futur complice, Adel K., quelques jours seulement avant de passer à l’acte.

Une banale contravention routière. Les deux terroristes ayant été abattus par la police il n’y a, à ce jour, qu’un seul mis en cause par la justice. En l’occurrence, ce cousin du plus jeune des deux assassins. Âgé de 30 ans et originaire de Nancy, le suspect n’était jusqu'à présent connu de la justice que pour une banale histoire de contravention routière, remontant à sept ans. Pourtant, l'homme savait "parfaitement" que quelque chose se tramait, selon les mots du procureur de Paris.

Mise en examen. Savait-il précisément qui était visé par l’attaque ? Quand et où son cousin passerait à l’action ? À ce stade, les policiers de l’antiterrorisme l’ignorent, mais le fait que cette homme sache quelque chose justifie, aux yeux du juge d’instruction, sa mise en examen pour "participation à une association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste criminelle".

Telegram, cette application dans le collimateur de l'anti-terrorisme

Les deux terroristes vivaient à 700 kilomètres de distance, et ont fait connaissance seulement quelques jours avant leur passage à l'acte via la messagerie cryptée Telegram. Les enquêteurs, qui cherchent désormais à savoir si d’éventuels complices les ont aidé à entrer en contact, continuent à analyser les messages envoyés par les tueurs. "Décrypter le protocole de chiffrement prend du temps et ce travail est d'autant plus complexe qu'ils étaient en lien avec de nombreuses personnes sur ce réseau social", a expliqué à l’AFP une source proche du dossier.

Le principal réseau des terroristes. Telegram, qui revendique plus de 100 millions d'utilisateurs, a été lancée par deux russes en 2013. Plébiscitée pour sa confidentialité, l'application permet de crypter des messages de bout en bout, ou de programmer leur destruction.  Lors d'une audition rendue publique mi-juillet, le patron du renseignement intérieur Patrick Calvar avait indiqué que Telegram était "le principal réseau utilisé par les terroristes". "Le chiffrement (cryptage) était une question majeure que seules des conventions internationales pourront régler", avait-il alors estimé.