"Rien ne justifie que Vincent Lambert soit maintenu en vie", pour son neveu

François Lambert souhaite que le traitement médical de son oncle soit arrêté et qu'on le laisse mourir.
François Lambert souhaite que le traitement médical de son oncle soit arrêté et qu'on le laisse mourir. © FRANCOIS NASCIMBENI / AFP
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Chloé Triomphe et , modifié à
La cour d'appel du tribunal administratif de Nancy se penche jeudi sur la requête du neveu de Vincent Lambert qui défend l'arrêt des soins.

C'est une nouvelle étape importante dans le combat qui oppose, depuis sept ans, les proches de Vincent Lambert sur l'arrêt ou non des soins de ce patient tétraplégique "en état de conscience minimal" depuis un accident de voiture, survenu en 2008. Jeudi, la cour administrative d'appel de Nancy examine son sort, après avoir été saisie par son neveu, François Lambert. Ce dernier, débouté en octobre 2015 par le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne dans sa requête d'arrêt du traitement, a en effet fait appel. 

Pour François Lambert, cette audience - qui pourrait mener vers la reprise d'une "procédure collégiale" d'arrêt des soins - est "importante pour recadrer un peu les choses et pour rappeler au CHU qu'il a effectivement des obligations et qu'il ne peut pas faire n'importe quoi de son patient, comme bon lui semble". "C'est purement et simplement le lobby pro-vie qui a pris le dessus, qui a décrété ce qu'il fallait faire et, en face, qu'il n'y avait plus personne", s'indigne-t-il auprès d'Europe 1. 

"L'acharnement thérapeutique, l'équivalent de la torture". "Pour moi, il n'y a absolument rien, mais rien de rien, qui justifie que Vincent soit maintenu en vie depuis le 5 juin 2015." Ce jour-là, la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) avait entériné la décision du Conseil d'Etat, émise un an plus tôt, en estimant que l'arrêt des soins ne violait pas l'article 2 de la Convention européenne des droits de l'Homme, portant sur le droit à la vie. 

Après l'avis de la CEDH, le docteur Daniela Simon, en charge de Vincent Lambert au CHU de Reims, avait alors engagé une nouvelle procédure collégiale, en vue d'une décision d'arrêt des soins. Mais, peu de temps après la médecin avait finalement suspendu la procédure, avançant des pressions extérieures nuisant à la "sécurité" du patient comme à celle des équipes médicales, notamment après des menaces d'enlèvement.

"Marisol Touraine n'a pas pris ses responsabilités". Face à cette situation au point mort depuis un an, le neveu de Vincent Lambert ne mâche pas ses mots : "Pour certains médecins, l'acharnement thérapeutique, c'est l'équivalent de la torture. C'est quand même très très grave que, dans un hôpital français, pendant un an, il y ait des gens qui se rendent responsables de torture, et qu'il ne se passe rien. Mais, malheureusement, c'est ce qui se passe depuis un an." 

L'hôpital de Reims et la ministre de la Santé Marisol Touraine portent à ses yeux une lourde responsabilité. "Marisol Touraine, clairement, n'a pas pris ses responsabilités. Surtout que c'est assez récurrent pour les ministres de la Santé d'avoir affaire à des lobby pro-vie. Marisol Touraine, à ma connaissance, est la première à leur avoir donné un CHU entier où ils font la loi", fustige François Lambert, en colère.

Le rapporteur public préconise l'arrêt des soins. Selon la décision de la cour administrative d'appel de Nancy, le CHU de Reims pourrait être contraint de reprendre la procédure collégiale d'arrêt de l'alimentation et de l'hydratation artificielles qui maintiennent en vie Vincent Lambert.

Lors de l'audience, qui a débuté à la mi-journée, le rapporteur public a prôné la reprise de cette procédure et a invité la cour administrative d'appel de Nancy à enjoindre le Dr Simon de reprendre celle-ci "dans un délai d'un mois" après lecture du jugement. La décision de la cour administrative devrait être mise en délibéré.