Réseau d'immigration clandestine Sénégal-France : quatre personnes déférées

Quatre des quinze personnes interpellées vont être présentée à un juge d'instruction de Bobigny.
Quatre des quinze personnes interpellées vont être présentée à un juge d'instruction de Bobigny. © Capture d'écran Google Street View
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avec AFP , modifié à
Grâce à des complices au service de l'état civil sénégalais, les "clients" obtenaient de véritables papiers français.

Quatre personnes ont été déférées vendredi au tribunal de Bobigny, en Seine-Saint-Denis, pour être présentées à un juge d'instruction. Elles sont soupçonnées d'avoir organisé et participé à un lucratif réseau d'immigration clandestine entre le Sénégal et la France, a appris l'AFP auprès du parquet.

Un réseau très actif. Quinze personnes au total avaient été arrêtées lundi en région parisienne et près de Bordeaux. Onze d'entre elles ont été relâchées, a précisé le parquet. Parmi les personnes déférées à Bobigny figure la tête de réseau présumée, un Sénégalais connu des services de police, selon une source judiciaire. "Ce réseau, actif depuis près de deux ans, a connu un pic d'activité récent grâce à un mode opératoire astucieux qui permettait à ses clients d'obtenir indûment la nationalité française en trompant le Service central de l'état-civil (SCEC) de Nantes", avait expliqué une source policière.

Un système de fraude très organisé. Le stratagème était très difficile à mettre au jour : le réseau déposait des dossiers de reconnaissance de la nationalité française, en disant que le demandeur était un enfant de Franco-Sénégalais ou de Français nés à l'étranger. Le bureau de Nantes envoyait un courrier au pays d'origine pour s'assurer de la véracité de ces informations.

Grâce à des complices dans les bureaux d'état civil, les courriers étaient interceptés puis remis à des faussaires qui fabriquaient à la demande les justificatifs réclamés. Les dossiers étaient alors renvoyés aux autorités françaises qui délivraient d'authentiques certificats de nationalité française.

Une centaine de "clients". "Une soixantaine de dossiers" ont été interceptés par les policiers de l'Office central pour la répression de l'immigration irrégulière et de l'emploi d'étrangers sans titres (Ocriest), qui estiment à une centaine le nombre de personnes susceptibles d'avoir fait appel au réseau.

Un business florissant. Le trafic était prospère, l'obtention de la nationalité française étant facturée de 10.000 à 12.000 euros et payable à l'avance, a précisé une source policière. Les enquêteurs estiment que le patrimoine du chef de réseau s'élève à plusieurs centaines de milliers d'euros. Des investigations ont été lancées pour suivre ses transactions depuis la France.